Vision et quiétude
Faut-il stabiliser son esprit, « détruire son mental », apaiser ses émotions avant d’être capable de voir sa vraie nature ? Faut-il laisser reposer son esprit un certain temps avant d’être capable de s’éveiller à la claire lumière ?
Dans le bouddhisme on distingue parfois shamatha et vipashyana, c’est-à-dire la quiétude et la vision profonde. La quiétude est parfois présentée comme une condition préalable à la vision profonde, c’est-à-dire à la vision de sa vraie nature.
Je crois qu’en règle générale il n’est pas nécessaire de d’abord stabiliser son esprit. Tout le monde (sauf exception) peut plonger immédiatement dans la nature de l’esprit.
Je ne suis pas contre un apaisement de l’esprit, simplement je crois que c’est la vision de notre vraie nature qui va apaiser réellement notre esprit. Eveillons-nous d’abord à la nature de notre esprit, et nous verrons ensuite si nous avons encore besoin de le calmer.
Dans le traité du Mahamoudra, Rayons de lune, on lit :
« Certains atteignent la vision supérieure sans avoir atteint la quiétude. Prenant appui sur la vision supérieure, ils s’appliquent ensuite à la quiétude. »
« De nombreux grands êtres accomplis déclarent que pour méditer sur la vision supérieure, il n’est pas nécessaire d’avoir dans un premier temps atteint la quiétude. »
C’est exactement ainsi que Douglas Harding procédait dans ses ateliers : il introduisait les personnes immédiatement et sans préalable à la vraie nature de leur esprit, à la claire lumière.
Ensuite, c’est cette claire lumière elle-même qui nous fait découvrir une paix transcendante et infinie.
En réalité, il n’y a pas d’esprit à apaiser : quand nous regardons dans le fondement de nos pensées ou de nos émotions, nous saisissons la vacuité absolue de l’esprit : telle est la quiétude.
jlr