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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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5 mai 2010

Atelier à Paris

Je vous invite à un atelier à Paris autour de l'enseignement de Douglas Harding.
Le vendredi 7 mai à 20h30
c'est gratuit

renseignements : josleroy@aol.com

Voici un entretien entre Anargala et Douglas Harding en 2005.

Anargala: "Certains disent que le 'Je suis' est la réalité ultime, finale. D'autres disent que, même si c'est un moyen utile, il faut ensuite le délaisser ou le dépasser. Qu'est le 'Je suis' pour vous ?"

Douglas Harding : - Le 'Je suis' est ultime, car pour douter de mon existence, il faut encore que je doute. La certitude du 'Je suis' est le roc sur lequel je puis douter autant que bon me semble. Il est le roc immuable qui rend possible toutes les expériences changeantes. Le 'Je suis' est à la fois le moyen et le but.

"Ramana Maharshi recommandait, à la fin de sa vie, que l'on répète mentalement 'je-je' comme moyen pour s'établir dans l'Etat Naturel, le Soi. Penser-vous que ce soit un moyen valable ?"

- Je pense qu'il existe d'innombrables moyens qui sont autant d'accès vers Ici. En aucun cas je ne me laisserais aller à les limiter. Et surtout, voyez-vous, même si les gens ne voient pas, ils ont raison. Car leur aveuglement ne change rien à ce qu'ils sont vraiment. C'est même ce qu'ils sont vraiment qui rend possible cet aveuglement. C'est la liberté, c'est la beauté de l'Histoire. Quoi qu'il en soit, Ici, je suis immortel, non-né.

"Oui, mais cette immortalité est purement impersonnelle. Y-a t-il un avenir pour Douglas Harding aprés sa mort ? Y-a t-il une continuité de la personne à travers sa mémoire ?"

- Non, je ne crois pas. Et heureusement ! Ce serait épouvantable si Douglas ne cessait jamais. Une malédiction, une forme d'enfer ! D'un autre côté, chacun apporte une contribution unique, imprévisible, sans prix. En plus, ce que l'on fait demeure dans cet univers. Les conséquences de nos actes s'y perpétuent. C'est une sorte d'immortalité personnelle.

"Mais si le 'je suis' est si indubitable et évident, comment se fait-il que tous les gens qui sont réputés regarder Ici ne parlent pas de 'Je suis', comme les Bouddhistes par exemple ?"

- Eh bien, je crois que c'est parce que cela est requis. S'il y a des gens qui ne voient pas, ou bien qui interprètent différement, c'est parce qu'ils sont libres. Dieu est libre. Cela veut dire que je ne sais pas ce qui va arriver. C'est comme le vol d'un papillon : [il mime avec sa main] hop, hop ! Je ne sais pas ce que je vais dire, ni comment je vais le dire. Cela est requis car, voyez-vous, nous avons besoin d'une Histoire. Or, qui dit Histoire dit aussi complications, embrouilles, essais et erreurs, pertes et retrouvailles... Tout ce qui est apparement mauvais concourt à un plus grand bien.

"Il y a des spiritualités où l'on dit que 'tout est parfait' (comme dans le Dzogchen), mais ensuite on vous dit qu'il faut respecter des règles, sans quoi on ira en enfer, etc. Qu'en pensez-vous ?"

- J'en pense que ces organisations vont se défaire d'elles-mêmes. Ces règles sont inutiles. Quand je vois Ici, je ne peux me tromper ! Par contre, je peux stabiliser cette vision. Mais cela se fait par la force des choses, plus ou moins rapidement, selon le tempérament de chacun... C'est un processus cyclique d'aller-retour constant entre la Vision et la distraction, entre la simplicité et la paix de ce que je suis Ici d'une part, et la complexité et la souffrance que je vois et que je dois acueillir encore et encore. C'est un va-et-vient incessant entre la vacuité et la compassion, comme disent les Bouddhistes.

"La méditation est-elle une aide pour stabiliser la Vision ?"

- Pas pour moi. En fait, je crois même que c'est plutôt un obstacle, dans la mesure ou cette activité de méditation est délibérée. Naturellement vient un moment ou cette Vision devient naturelle. Mais, aprés un demi-siècle de pratique, je crois pouvoir affirmer que cela implique maintes souffrances et épreuves.

"Mais n'avez-vous pas trouvé que, après la Vision, vous vous sentiez davantage incliné à 'méditer' ?"

- Non.

"A la lumière de votre expérience, croyez-vous que la Vision peut rendre un homme parfait tant dans ses actes que dans ses paroles ?"

- Ha !!! [il s'esclaffe] Impossible. Quant à mon cas, je dirais même que Douglas est un démon, un diable. Et je puis vous affirmer que je possède des informations de première main à ce sujet ! Mais cette débilité, cette stupidité dont j'ai eu de si nombreuses preuves, je la laisse là-bas, à u mètre.

"Mais, même si je constate l'absence de formes Ici, que faire des innombrables pensées obsessionnelles qui y surgissent sans-cesse ?"

- Cela fait partie de l'Histoire. C'est là-bas. Il faut voir aussi que toute cette complexité, cette obscurité de l'âme humaine, est requise. On ne peut pas à la fois vivre et vivre sans ce sac de noeuds. Mais voir Qui voit est d'une grande aide. Partir du centre est la voie la plus directe. Ensuite, le reste change automatiquement autant qu'il est possible.

"Pensez-vous qu'il y a un lien étroit entre la Vision et la croyance en Dieu ?"

- Absolument pas. Au contraire ! Les croyants ont souvent du mal a accepter ce qu'ils voient, cette Absence de tout, y compris de Dieu. Car Dieu n'est pas Dieu, comme dit Maître Eckhart.

"La vision est-elle compatible avec l'agnosticisme ?"

- Dieu lui-même est le Président du Club des agnostiques ! Dieu ne croit pas en Dieu.
Tout cela, voyez-vous, n'est finalement que paradoxes. Je ne fais rien et, pourtant, depuis un demi-siècle toutes sortes d'idées me sont venues pour partager la Vision avec mes amis.
Dans tous les cas, l'essentiel est de prendre note qu'il n'y a pas de visage Ici. Simplicité. Il y faut, si vous voulez, une attention légère, une attention sans intention. Cela suffit : inutile de se torturer."

Source

Commentaires
E
La juste place, Duc.<br /> Ni avant<br /> ni après<br /> Ni en haut<br /> ni en bas<br /> Juste là<br /> <br /> Pourquoi attendre "le jour du dernier soupir" pour y prendre place ?<br /> <br /> J'ai plaisir à dialoguer avec toi.
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D
@Patrice<br /> <br /> Pour les "miracles" je demande à voir (si c'est pas trop demander).<br /> <br /> Je suis d'accord avec ta conclusion : "est ce que ca peut m'aider".<br /> <br /> C'est la seule question à se poser. Il faut toutefois essayer de ne pas "croire" n'importe quoi selon moi.<br /> <br /> De + je ne suis pas pour véhiculer du merveilleux car ca laisse entendre qu'on puisse atteindre un super état humain. Alors que selon moi la plus belle chose qui puisse nous arriver est l'humilité.<br /> <br /> C'est à dire accepter notre condition.<br /> <br /> La plupart des êtres "exceptionnels" sont morts de cancer comme tout le monde.<br /> <br /> C'est vers l'humilité qu'il faut creuser car c'est la situation exacte que nous impose l'univers.<br /> <br /> A chaque fois que nous commençons à nous la raconter il nous remet en place.<br /> <br /> Il nous remettra tous à la juste place le jour du dernier soupir.<br /> <br /> Et je trouve que cette règle du jeu est finalement magnifique.<br /> <br /> Donc pour moi s'il peut exister un miracle humain c'est l'émergence enfin de l'humanité.<br /> <br /> C'est laborieux le chemin pour aligner la théorie à la pratique ! (quand seulement il y a théorie)<br /> <br /> Pour rappel les sociétés sont encore à se poser la question de savoir s'il faut accepter qu'un humain puisse manger si cela entrave l'économie (virtuelle)....<br /> <br /> Donc pour moi si l'éveil consiste à dire que tout est parfait nous ne parlons pas de la même chose.<br /> <br /> Pour moi l'éveil à commencé avec des vidéos sur l'économie. Qu'est ce que l'argent ? Qu'est ce que l'identité ? Comment on devient un nom et un prénom ? Pourquoi on ne se pose aucune question sur ces évidences ? etc...<br /> <br /> Je pense que ça a été un préalable nécessaire. Donc j'invite les gens à ne surtout pas trouver que tout est normal et parfait mais au contraire tout remettre en question (dans la mesure du possible car les programmations sont tellement fortes que c'est pas toujours évident : ce qui est peut être l'intérêt d'un maître ? )<br /> <br /> Ce qui est étonnant dans la technique de Douglas est de la même veine. On oublie de pointer le doigt vers soi et on oublie de prendre conscience de notre vision telle qu'elle est...<br /> <br /> Voilà
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E
Patrice.
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P
Duc, je vais prendre le temps de te répondre précisément:<br /> <br /> 1) ils n'y a pas de "bouddhisme pur". D'abord, le Bouddha n'a rien écrit, comme Jésus. Il est vrai que certains n'acceptent que les paroles du Bouddha contenues dans les sutras (hinayana) et rapportées par les proches du Maître. D'autres tiennent compte d'autres discours, donnés par le Bouddha et rapportés selon d'autres media, et cela constitue le corpus du mahayana. Il n'y a pas contradiction entre ces deux écoles, mais pour schématiser, la deuxième , en se basant sur la première, va plus loin philosophiquement et expérimentalement. C'est dans le mahayana que l'on trouve tout ce qui concerne la vacuité, avec différents niveaux selon les différentes écoles du mahayana (cittamatra, madyamika, madyamika sautantrika, madyamika prasangika...). Le dzogchen se base sur la philosophie du madyamika, la pratique de tekchod étant basée sur la vue du madyamika prasangika rangtong, alors que la pratique de teugal est basée sur la vue du madyamika prasangika shentong. Et on constate que plus on progresse en subtilité et en profondeur, plus on est inclusif, et non exclusif. Le dzogchen englobe tout ce qui se situe en amont, et n'exclut rien. C'est pour cela qu'avant de pratiquer ce qui est spécifique au dzogchen, on fait également des pratiques liées aux véhicules de base. Ce n'est pas pour respecter quelque dogme mais c'est nécessaire à la bonne marche future de la pratique principale (comme aller chercher du bois mort pour avoir de quoi faire un feu avant de faire la cuisine). <br /> Donc bien malin qui peut dire quel est le bouddhisme pur . Tu as repris des commentaires d'historiens, d'ethnogloques, de "spécialistes" en religions, qui voient les choses de manière extérieure, et qui vont forcément avoir un point de vue limitant, réducteur. De l'intérieur, on ne voit pas du tout les choses de la même manière, et quelque part, on se fiche éperdument de savoir qu'on pratique un bouddhisme pur, impur, une voie "dissidente". Ce qui compte est ce que l'on expérimente et réalise, ce qui se passe au niveau de la conscience. Les commentaires historico-ethnologiques ne sont que du bruit.<br /> <br /> je suis d'accord avec ce que tu dis sur les agrégats.<br /> <br /> ensuite, tu dis aimer les choses exactes, mais ce qui peut paraître exact à un certain niveau ne le sera plus à un autre. On connaît bien cela en physique, ou les lois de la physique de newton ne s'appliquent plus au niveau des particules (là c'est les lois de la physique quantique qui semblent marcher). Donc une fois de plus tout est relatif au niveau où l'on se situe, et le niveau historique est probablement le moins intéressant pour tirer profit du message bouddhiste, car le plus réducteur et extérieur.<br /> <br /> Puis tu parles de délires magico merveilleux: c'est une profession de foi: "je ne crois pas dans tout ce qui va contre les lois de la physique ordinaire" pourrais tu dire. Et pourtant, tous ceux qui on cotoyé les maîtres tibétains, ou même hindous ou chrétiens, peuvent attester du contraire. Il est curieux de constater que dans toutes les traditions, à une certain niveau de réalisation, ces choses se produisent. Est ce du délire, les élèves sont ils tous subitement pris d'hallucinations collectives au contact des maîtres? Oui et non serais-je tenté de dire. Oui, ce sont des hallucinations, parce que tout est hallucination. Tout est une fabrication de l'esprit. C'est bien le sens de l'union des apparences et de la vacuité. Lorsqu'on a vraiment réalisé cela, les lois de la physique ordinaire disparaissent. Passer à travers un mur, apparaître à plusieurs endroits en même temps, guérir un malade de façon "miraculeuse" ne posent pas plus de problème que se gratter le nez. C'est notre vue limitée, notre manque de confiance dans la réalité absolue qui solidifie le relatif. Mais pour celui qui est vraiment ancré dans l'absolu, le relatif n'est qu'un songe, qu'il est facile de transformer à sa guise. A un certain niveau, dans la progression sur la voie tantrique tibétaine, il est dans les instructions de laisser l'empreinte des ses mains ou de ses pieds dans les rochers, de traverser une montagne, de voler dans le ciel, pas pour en imposer aux autres mais pour s'assurer de notre propre confiance dans l'irréalité des éléments. Parce qu'il est facile de dire: "tout est dans l'esprit, rien n'a de réalité substantielle", mais ce ne sont souvent que des mots, bien loin de la réalisation.<br /> <br /> Voilà ce que tes propos m'inspirent. Méfie-toi du "détricotage", car de toutes façons, on s'en fiche un peu, de savoir si ça tient debout historiquement ou pas, physiquement ou pas. La seule question valable pour le chercheur spirituel, c'est plutôt: est ce que ça peut m'aider ou pas sur le chemin? Là est le pragmatisme. Ceux qui sont en plein soleil n'ont besoin de rien, comme le dit José, mais pour ceux qui ont encore besoin de creuser et de faire tomber le mur qui les sépare de la lumière, peu importe d'où vient l'outil, ou par qui il a été fait, ce qui compte c'est qu'il puisse les aider à creuser.
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E
nous créons à chaque instant le monde où nous pensons vivre est un premier pas.<br /> <br /> Se rendre compte de ce que, chaque fois que nous reprochons à quelqu'un ceci ou cela, c'est en fait une information en provenance de nous même qui nous est renvoyée en miroir, <br /> entraîne ipso facto un retournement vers soi.<br /> C'est un second pas.<br /> <br /> alors, nous pouvons brûler ce faux en refusant ce que nous considérons comme pas nous. Nous ne nous laissons pas envahir par des modes de pensées d'autrui,<br /> nous ne nous laissons plus dicter par autrui ou par l'ambiance,<br /> ce que nous "devons" vivre et la manière dont nous entendons vivre.<br /> <br /> C'est déjà une libération et je crois avoir constaté dans ma propre vie,<br /> que c'est là un minimum requis dans ce monde de "la pensée unique" et des comportements addictifs notamment à l'illusion tenace que toujours consommer plus en quantité et au moindre coût est la solution pour combler notre manque de conscience ajustée au cycle que nous sommes à vivre dans ce genre de forme.<br /> <br /> C'est l'ouverture au Cœur du coeur de toute choses qui permet l'éveil et nous rend intelligents ; ce n'est pas, quoique peuvent en penser certains qui s'en font les portes paroles, par une compréhension liée à la réflexion mentale.
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