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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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19 octobre 2020

les deux voies

Extrait de mon livre publié chez Pocket en 2018 :

S'éveiller à soi-même avec les grands maitres d'orient et d'occident

 

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"Il est essentiel de savoir qu’il existe aussi des enseignements qui mettent d’avantage l’accent sur l’immédiateté de l’éveil et qui pointent directement vers notre vraie nature sans s’embarrasser des problèmes supposés de l’ego. Des traditions comme le Dzogchen, le Shivaïsme du Cachemire, le bouddhisme T’Chan ou le néo-advaita contemporain proposent un chemin abrupt pour arriver au même but. Il y a me semble-t-il, deux voies d’éveil principales à soi, ou si vous voulez deux tendances présentes dans ces enseignements non-duels : l’une progressive, l’autre subite. La première affirme qu’il existe des voiles qui nous masquent notre vraie nature. La pratique spirituelle consiste dans ce cas à lever ces voiles peu à peu, de manière temporelle et graduelle.

La seconde voie, la voie directe, soutien au contraire que nous pouvons nous éveiller immédiatement et instantanément à ce que nous sommes.

 

Le débat entre voie graduelle et voie subite est ancien et complexe.

Certains mystiques contemporains indiens comme Nisargadatta Maharaj ou Poonja ou des enseignants occidentaux comme Tony Parsons, Jeff Foster, Wayne Liquorman, Francis Lucille…etc. proposent également un enseignement direct, instantané vers la réalité ultime. Il s’agit de prendre conscience ici et maintenant de Celui que nous sommes réellement, sans chercher à faire taire les bruits mentaux ou émotionnels. Plutôt que de chercher à diminuer les émotions, on regarde directement celui ou cela qui ressent l’émotion ; plutôt que de chercher à calmer le mental, on pointe droit vers celui ou cela qui pense. Pour ces enseignants, il ne saurait y avoir un chemin progressif de moi à moi-même.

Ne suis-je pas déjà ce que je suis ? Ces enseignants insistent donc sur le non-faire l’absence d’efforts, l’immédiateté et mettent en garde contre toute idée de travail, ou de progrès lent et cumulatif. « C’est Cela », « Rien à faire », « Nulle part où aller » : voilà ce que les auteurs de la voie directe répètent dans leurs satsangs. L’essentiel de cet enseignement tient en deux points :

1-l’ego qui pense progresser sur la voie est une illusion.

2-nous sommes déjà parfaitement éveillés.

 

Jan Kersshot exprime parfaitement ce point de vue :

 « …croire à un cheminement progressif est très à la mode, mais selon moi c’est en totale contradiction avec ce qu’est la libération vraiment. La croyance en une voie spirituelle qui mène jusqu’au sommet de la montagne se fonde sur deux idées fausses de base :

-l’importance que vous accordez à la partie personnelle de l’histoire (comment puis-je moi atteindre « Cela » ?)

- la croyance que vous persistez à nourrir dans le phénomène du temps, votre espoir d’un futur meilleur (Quand vais-je atteindre  « Cela » ?)

Tant qua vous n’aurez pas compris que la libération n’est pas personnelle et qu’elle est atemporelle, vous êtes comme l’âne derrière une carotte. La véritable libération est impersonnelle et par conséquent on ne peut pas réclamer « cela » pour soi-même. Moi – en tant que Jan – ne pourrai jamais posséder « Cela ». De plus, « Cela » est atemporel (pas ici et maintenant » mais au-delà du temps et de l’espace), et donc « Cela » ne pourra jamais être projeté dans le futur. Si vous persistez malgré tout à le faire, vous vous leurrez vous-même – quoique, au final, il n’y a rien de mal non plus avec le fait de se leurrer soi-même… »

 Ainsi puisque tout est déjà là, vouloir l’atteindre dans le futur par une voie progressive conduit, pour la voie directe, à s’éloigner de ce que nous sommes ici et maintenant. Nous sommes parfait ainsi ; nul besoin de chercher à enlever des voiles imaginaires. Cette recherche renforce plutôt la croyance dans l’ego qu’elle ne la diminue.

Mais si l’illumination peut être subite, sans doute après cet événement, la sagesse va encore augmenter. Voilà comment Chen Houei exprime le paradoxe entre éveil subit et éveil graduel :

 « Les paroles de mon grand maître, le sixième patriarche, pénétraient les auditeurs une à une, directement, comme des couteaux ; elles leurs faisaient comprendre et voir leur nature propre directement, sans qu’il eût à parler du graduel. Vous qui étudiez le Chemin, vous devez être éveillés subitement, (puis) vous cultiver graduellement et, sans quitter (le monde), obtenir la délivrance. Il en est comme d’une mère qui met subitement son enfant au monde, lui donne le sein et le nourrit peu à peu : la sagesse de cet enfant s’accroit spontanément. De même, l’illumination subite, la vue subite de la nature de Bouddha (se produisent brusquement) et la sapience s’accroit ensuite spontanément peu à peu.

 …Ayant à faire l’ascension de la terrasse à neuf gradins, demande quelqu’un, comment serait-on capable d’y monter sans passer par les degrés successifs ?

Ce dont on fait l’ascension avec crainte (c’est-à-dire graduellement)…, répond Chen-Houei, ce ne peut être qu’un vilain tertre de terre accumulée…S’il faut avoir recours aux degrés successifs, on ne touchera pas le but et l’on établira le principe du graduel…Comprendre sans avoir recours au graduel, spontanément, voilà le sens de la nature subite. La vacuité et quiétude originelles de l’esprit propre, voilà l’illumination subite. L’absence de demeure de l’esprit propre, voilà l’illumination subite…Entendre parler de la vacuité sans s’attacher à la vacuité et sans saisir non plus la non-vacuité, voilà l’illumination subite. Entendre parler du moi sans rattacher au moi et sans saisir non plus le non moi, voilà l’illumination subite. Accéder au nirvâna sans rejeter la renaissance et la mort, voilà l’illumination subite…ceux qui partent du principe absolu parviennent rapidement au chemin. Ceux qui cultivent les pratiques externes y parviennent lentement. »

 Ainsi la vision de sa vraie nature est immédiate, comme la naissance, mais peu à peu la sagesse s’accroît comme l’enfant grandit.

Ce processus est spontané car la vision de sa vrai nature opère d’elle-même sur les structures psychologiques de l’individu en les assouplissant.

Est-il nécessaire de préciser que je me sens beaucoup plus proche de la voie directe que de la voie progressive ? Les livres de Nisargadatta Maharaj et les ateliers de Douglas Harding (également ici et là)m’ont montré que la voie directe est puissante et radicale. Mais ces deux voies existent et chacun se sent attiré vers celle qui lui correspond. Comme il y a plusieurs types de chercheurs sur le chemin, il faut plusieurs types de routes. Mais il est essentiel de bien comprendre cette différence et de savoir sur quel chemin on s’engage."

 

José Le Roy

 

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  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
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