très ordinaire et très proche

 Interview de Jan Kersschot

Jan est l'auteur de plusieurs livres dont Coming Home.

Dans ce livre, il s'inspire des travaux de Douglas Harding.

"Q: Qu'est-ce qui vous a fait revenir «chez vous»?

JK: Revenir à votre vraie nature est complètement différent de ce que l'esprit du chercheur croit que c'est, ou espère que c'est. Ce n'est pas un état que je peux vous décrire avec des mots. Tous les mots que j'utilise pour pointer dessus échoueront. Et je me contredis plusieurs fois dans mes livres et dans mes causeries parce que c'est indescriptible. C'est plus facile pour moi de dire ce que ce n'est pas. Ce n'est pas un état spécial que j'ai atteint. Cela dépasse tout sens du passé ou du présent. Ce n'est pas une combinaison spéciale d'énergies qui traverse mon corps maintenant. Ce n'est pas un état d'esprit non plus. Et il est difficile de dire ce qui m'a fait rentrer chez moi, car le «moi» devait disparaître avant que la Source  ne devienne apparent. Je ne peux parler que de cela dans des métaphores, des analogies. Ce n’est pas quelque chose que j’ai fait pour que cela se produise, c’est plutôt que c’est arrivé spontanément.

Q: Quel était le point de départ?

JK: Quand j'étais un jeune garçon d'environ 7 ans, il y a eu beaucoup de moments où je me suis demandé, à quoi cela ressemblerait-il s'il n'y avait pas de «moi»? Et si Jan n'était pas là du tout? Et si le monde ne serait pas présent? Et s'il n'y avait pas d'étoiles, pas de planètes, pas de voies lactées? Je crois que beaucoup d'enfants ont ce genre de pensées, mais pour moi, elles étaient très cruciales. Quand j'avais environ 15 ans, j'ai eu une expérience transcendantale majeure en embrassant une fille. Nos parents pensaient que nous étions trop jeunes pour nous voir, mais j'avais besoin de la voir et un jour, on s'est embrassé  debout derrière la bibliothèque. Lors du baisé, mes lèvres ont commencé à se fondre dans les siennes et en une fraction de seconde, j'ai complètement disparu. 'Je' a disparu. Je n'existais plus en tant que personne. Je ne sais pas combien de temps cela a duré parce que c'est difficile à se souvenir. Maintenant, je dirais que cette expérience que j’ai eue à 15 ans n’était pas à la hauteur. Et je dirais même maintenant que je devais d'abord disparaître pour donner à l'être pur la possibilité de se montrer. C'est comme si vous lisiez un livre et que tout à coup vous avez une page blanche. C'est comme si vous regardiez un film et que tout à coup vous avez un écran blanc et il n'y a plus que de la lumière. Il n'y a qu'un être pur. Et il n'y a personne pour commenter cette page blanche. Il n'y a pas d'ego donnant des commentaires.

Q: Que s'est-il passé ensuite?

JK: À partir de ce moment, je suis devenu un chercheur spirituel. Si vous avez "vu" ceci, vous voulez le revoir. Vous pensez l'avoir pendant un certain temps et vous pensez pouvoir le reprendre. Et c'est là que vous devenez chercheur. Vous en avez goûté et vous voulez goûter à nouveau le nectar. Entre 18 et 25 ans, alors que j'étais étudiant en médecine, je lisais beaucoup de livres sur la médecine naturelle et aussi sur l'hindouisme, le bouddhisme zen et des philosophes de l'Est et de l'Ouest, tels que J. Krishnamurti. J'ai également commencé à pratiquer la méditation mantra, connue sous le nom de méditation transcendantale ou TM. Pendant le TM, ces moments d’être pur ont refait surface dans ma vie. Après quelques années, je n'utilisais plus le mantra, parce que cet état d'être pur est devenu automatiquement, simplement en étant assis sur une chaise et en le "permettant". J'ai également rejoint un groupe de Shiva Yoga en Belgique pendant environ un an, où j'ai beaucoup appris sur l'effet des méditations de groupe et sur la compétition entre plusieurs dévots pour atteindre l'illumination. Je suis aussi devenu critique à propos de certaines croyances dans le monde des chercheurs spirituels. Et j'ai toujours pensé que ce que je cherchais était quelque chose de très ordinaire et très proche, pas quelque chose à rechercher dans un pays lointain ou dans un futur lointain. Ou quelque chose que vous obtiendrez comme récompense parce que vous avez suivi les règles. Et quand j'ai approfondi cette question, j'ai commencé à comprendre combien de fausses croyances existaient encore. J'ai découvert des livres sur le non-dualisme qui ont permis de clarifier certaines questions. Beaucoup de vieilles croyances et de malentendus ont commencé à disparaître. J'ai aussi vu que cet «être pur» était disponible tout le temps, pas seulement pendant ces moments de méditation. Et quand j'ai rencontré Douglas Harding, il m'a montré l'accès direct avec ses expériences. Ces expériences sont également décrites dans mon livre «Nobody Home». Douglas Harding a déclaré: «Au lieu de penser à l'Eveil, ou de lire à ce sujet, je vais vous montrer comment vous pouvez réellement le voir. Je vais vous montrer votre visage d'origine ». Et ses expériences m'ont vraiment époustouflé, même si certains des autres participants de son atelier en Belgique se sont plaints de n'avoir rien vu de spécial. Plus tard, j'ai rencontré Tony Parsons, qui m'a enlevé certaines des attentes que j'avais encore à propos de mettre fin à la recherche spirituelle. Il a simplement dit ces trois mots, "C'est çà". Et puis tout était clair pour moi. Bien que l'esprit ait continué d'essayer de tout comprendre, il n'y avait pas d'échappatoire. La recherche spirituelle était terminée. 

Q: Après votre arrivée à la Maison, y a-t-il eu des changements?

JK: Je ne dirais jamais que je suis personnellement arrivé à la maison Je ne réclamerai jamais rien pour moi-même. Je n'ai jamais atteint la maison en tant que personne. Ce n'est pas moi qui suis revenu à la maison. Ce dont je parle dans mes livres et mes conférences n’est pas quelque chose que j’ai atteint. Ce n'est pas un talent que je possède, c'est ce que je suis. C'est  seul l'Être qui n'exclut personne ou quoi que ce soit. Et démasquer le chercheur spirituel ne garantit aucun état spécifique dans lequel vous vous trouvez. C'est seulement la fin de la recherche spirituelle. C'est la mort du chercheur, tandis que l'organisme continue à fonctionner de la manière la plus naturelle. La recherche ne s'arrêtera pas parce que vous décidez de cesser de chercher ou parce que vous pensez avoir tout atteint. C'est comme la grâce: tout est clair et évident. Alors toutes les questions sur ce sujet cessent d'apparaître. En dehors de cela, la vie continue comme avant. De l'extérieur, il n'y a pas grand-chose qui a changé. Vous vous êtes débarrassé de quelques pierres dans vos chaussures, votre promenade dans le parc sera donc plus naturelle, mais personne ne le remarquera. Les changements se font principalement à l'intérieur, au niveau de la recherche spirituelle."

 

Jan Kersschot

Publié en japonais dans Starpeople (Vol. 55, 2015)

http://cequiest.over-blog.com/2019/01/jan-kersschot-c-est-comme-la-grace-tout-est-clair-et-evident.html

Comments

[franck terreaux]

Merci à vous deux.

[Emmanuel]

L'éveil étant, à mon sens, la réalisation et l'actualisation de la vacuité de son égo, il déclenche automatiquement, simultanément l'ouverture du coeur de toutes les cellules du corps et de l'univers. En éveil à cet réalité, le non-amour est impossible. (Ce pourquoi, pour en revenir au texte de Jan, je dirais qu'il serait bien plus juste que ce soit au contraire l'entourage proche qui reconnaisse son éveil, comme c'est d'ailleurs le cas pour les grands sages comme Ramana).

C'est alors l'amour inconditionnel, là je te rejoins Franck, de tout ce que l'esprit discriminant identifie et vit comme contraires, contrastes, alternances (cela rejoint l'équanimité). C'est la beauté vue dans le Soleil comme dans le clou rouillé.

Merci quidam pour cette clarté et tes voeux que je te retourne chaleureusement et auquel je souscris.

[danielleg]

en fin de compte tout dépend du degré d'identification au petit 'au plus je disparait et au plus tu grandit '

[franck terreaux]

Pour répondre à Emmanuel, je ne vois pas le rapport existant entre amour inconditionnel, compassion, altruisme etc, etc et éveil. Toutes ces qualités ont leur contraire : haine, radinerie, égoisme pur, etc etc. Il y a quelque chose de bancal dans tout ça comme si après l'éveil il ne restait que le jour et non la nuit comme si cette nuit était malfaisante. Il y a aussi le haut, le bas, le grand, le petit, encore une fois toute chose à son contraire. Sans radinerie la générosité n'existerait pas. Si nous sommes heureux c'est que nous pouvons aussi bien être malheureux c'est ce qui fait que la vie est si belle.

[franck terreaux]

Son livre en français est : "N'être plus personne - De la croyance à la clarté"