Son coup d’œil est toujours celui de l'éternité
Le philosophe allemand Fichte décrit ici ce qu'est la vraie religion à ses yeux : un éveil à l'éternel dès cette vie.
Le vraie religieux possède le bonheur maintenant, et n'a pas besoin de l'attendre. Il connait déjà la vie éternelle.
Il voit que tout est en Dieu, et que tout est une expression de l'Infini.
Rares sont donc les vrais religieux.
Si vous ne l'avez pas lu, étudiez la Méthode pour la vie bienheureuse, où Fichte décrit le chemin vers la réalisation de l'infini en nous.
jlr
Fichte 1762-1814
« La religion élève ses Initiés au-dessus du temps, au-dessus de toute fragilité, et les met immédiatement en possession d’une éternité.
Le regard de l'homme religieux repose sur la vie divine, son amour s'y enracine. Il sait que ce qui lui apparaît en dehors de cette vie divine n’est pas en dehors d'elle, mais seulement une forme temporelle de son développement en vertu d'une loi qui est aussi en lui-même.
Il contemple tout dans son ensemble, et dans chaque individu il voit aussi l’ensemble du tout infini.
Son coup d’œil est toujours celui de l'éternité, ce qu'il voit, il le voit comme éternel et dans l’éternité. Rien ne peut véritablement être qui en conséquence ne soit pas éternel. La crainte de la destruction par la mort et le besoin de rechercher une preuve artificielle de l'immortalité de l'âme sont au-dessous de lui.
A chaque moment il a, et possède en lui-même immédiatement la vie éternelle dans toute sa béatitude. Pour en avoir l'idée, il n’a pas besoin d'exalter ce qu'il sent déjà au dedans de lui-même.
Ce qui prouve combien jusqu'à présent la vraie religion a été rare parmi les hommes et combien elle a été méconnue par les systèmes dominants, c’est qu'ils placent le bonheur éternel par delà le tombeau , et ne s’aperçoivent pas qu'il suffit de le vouloir pour le posséder dès cette vie. »
Fichte, L'esprit du siècle.
"L'amour est le principe de son existence ; dès qu’il lui est apparu son œil a été constamment fixé sur sa lumière. Comment cette lumière pourrait-elle s’obsurcir ? Comment son œil pourrait-il se diriger ailleurs ?
Rien de ce qui se passe autour de lui ne l’étonne ; qu’il le comprenne ou qu’il ne le comprenne pas, il sait d'une manière certaine que tout est dans le monde de Dieu, et que tout ce qui est dans ce monde de Dieu a pour but le bien.
Il n’a aucun souci de l’avenir, car un bonheur absolu l’y conduit éternellement. Il n’a aucun regret du passé, car tant qu’il n’était pas en Dieu, il n’était rien ; mais aujourd’hui il est en Dieu, et depuis qu'il est entré dans le sein de Dieu, il est né à la vie, et tout ce qu’il fait étant en Dieu est bon et juste.
Il n'a rien à refuser ; il n'a rien à désirer, car il possède toujours et éternellement la plénitude de tout ce qu’il peut embrasser.
Pour lui plus de travail, plus d efforts, toute son existence apparente découle naturellement de son essence intérieure, et s'en détache sans peine."
Fichte, Méthode pour arriver à la vie bienheureuse