La fin du voyage
J'ai posté il y a quelque semaines un texte sur Nisargadatta Maharaj dans lequel je disais que pour lui, le JE SUIS n'était pas la fin du voyage, et que l'ABSOLU ne pouvait pas être la conscience. L'Absolu est au-delà de toute conscience.
Voici un autre enseignant qui dit la même chose (c'est ce que je pense en tout cas).
Il s'agit de la plus grande mystique chrétienne contemporaine : Bernadette Roberts.
Dans le livre WHAT IS SELF? , elle distingue très clairement deux états : la fin de l'ego, la fin de la conscience.
Le livre est fascinant et est pour moi un des plus grands livres de ces 25 dernières années sur l'éveil.
"L’état sans ego ou l’état unitif est la condition mature de l’homme dans le monde, mais ce n’est pas son état final ou sa destinée ultime. Le but de l’état sans ego est de nous emmener vers un autre but ou une autre fin, qui est le non-soi ou la non-union. Ainsi l’état d’union sans ego n’est pas la fin du voyage ; au contraire, il est le véhicule ou la condition pour nous y emmener.
Nous ne pouvons aller vers une existence mature sans passer d’abord dans l’état d’union sans ego. Seule le vrai Soi uni est capable de vivre pleinement et sans peur dans le monde – ou dans la vie quotidienne. C’est seulement après que le vrai Soi a été vécu dans tout son potentiel qu’il peut disparaitre. La Soi ou la conscience disparait parce que son but et son potentiel pour une vie humaine pleine a été atteint, c’est fini. Avec son accomplissement, l’homme avance vers sa destinée divine finale.
Encore une fois, l’erreur commune à dissiper c’est de croire que l’état sans ego est la fin du voyage et le but ultime à atteindre. Ce dont on a besoin pour comprendre le chemin total est une claire distinction entre ego et soi, et une claire distinction entre la disparition de l’ego et la disparition plus lointaine du Soi et de la condition unitive sans ego. Ce sont deux évènements tout à fait différents et deux expériences différentes séparées par des années de vie dans l’état unitif jusqu’à la fin ultime.. Là où la littérature contemplative parle seulement d’UNE grande expérience (la disparition, la transcendance, la cessation de l’ego), elle ne parle pas de l’évènement plus lointain : la disparition de tout soi et de toute conscience et celle de l’état unitif sans ego.
Sans ce second évènement, nous n’avons pas une carte complète du chemin humain. Tant que nous parlons uniquement d’un grand et unique évènement (l’état sans ego) nous n’avons que la moitié de l’image, qui nous amène à la moitié de notre passage. Pour avoir l’image complète, nous devons comprendre la vraie nature du Soi ou de la conscience et nous devons faire la distinction entre la disparition de l’ego et celle plus lointaine du vrai Soi et du centre divin."
Bernadettes Roberts