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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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7 mai 2012

L'ignorance dans le Dzogchen

Samedi, j'ai assisté à une conférence remarquable de Philippe Cornu sur la nature de l'esprit dans le dzogchen.

 

Nous confondons l'esprit ordinaire (sem) avec l'esprit éveillé (rigpa) qui est vacuité claire, ouverture totale, source de tous les phénomènes.

Mais d'où vient l'ignorance de notre vraie nature (marigpa) ?

Cornu a précisé qu'il y a deux type d'ignorance :

 

1)l'ignorance coémergente

2)l'ignorance fabricatrice.

 

L'ignorance coémergente est l'ignorance fondamentale qui nous fait oublier ce que nous sommes, à savoir des Bouddhas parfaits. D'où vient-elle ? Elle se produit en même temps que l'esprit à partir de la sphère de la réalité absolue, depuis des temps sans commencement. Clarté de l'esprit et ignorance de l'esprit sont simultanées. Elles ne sont ni unes ni distinctes. Pourquoi y a-t-il coémergence de la clarté et de l'ignorance ? C'est un mystère mais la source est potentialité absolue, donc l'ignorance de soi est une potentialité.

 L'ignorance fabricatrice va venir en sus de l'ignorance coémergente accentuer l'oubli ; elle va imaginer une dualité entre un moi intérieur et un monde extérieur. La dualité va se cristalliser, se durcir et le samsara va devenir de plus en plus souffrance et illusion.

 Pourquoi y a-t-il ignorance ? Tout est jeu en réalité, libre déploiement de la source dans toutes ses modalités.

 La libération c'est la reconnaissance de la nature de l'esprit. Cette reconnaissance est directe et immédiate pour le dzogchen, sans gradualisme.

 jlr

je redonne un extrait d'un texte sublime de Padmasambhava, le grand maitre dzogchen, traduit par Cornu et que nous avons étudié avec lui samedi :

Extrait:


"Dans cette claire vacuité où les pensées passées se sont évanouies

sans trace aucune,

Dans cette fraîcheur où les pensées à venir ne sont pas encore :

 A l'instant où s'établit le mode naturel sans fabrications, Voici cette conscience qui, à ce moment, est en elle-même tout ordinaire,

Et dès que vous tournez votre regard nu sur vous-même,

Ce regard qui n'a rien à voir débouche sur la clarté,

La Présence dans son évidence, nue et vive,

C'est une pure vacuité qui n'a été créée d'aucune manière.

Un état inaltéré où clarté et vide sont indivisibles,

Ni éternel puisque rien n'y existe vraiment

Ni néant puisqu'il est clair et vif.

Il ne se réduit pas à l'un, étant présent et limpide en toutes  choses.

Et n'est pas le multiple, car tout y est d'une saveur unique dans l'inséparabilité,

Telle est cette Présence intrinsèque et elle n'est rien d'autre.

(...)

19. Même si on examinait avec attention l'univers entier, il serait

impossible de l'y trouver. Il n'est pas possible de découvrir la bouddhéité en dehors l'esprit.

Quand bien même, ne reconnaissant pas cela, vous rechercheriez

l'esprit à l'extérieur,

Comment pourriez-vous vous trouver vous-même en vous cher­chant ailleurs ? Ainsi d'un idiot qui, immergé dans la foule

Et fasciné par son spectacle, se serait perdu lui-même,

Et, ne se reconnaissant plus, se chercherait lui-même partout,

Prenant à tort les autres pour lui-même.

De même, puisque vous ne voyez pas l'état naturel qui constitue la condition authentique des choses,

Vous vous diluez dans le samsara, ne sachant pas que les appa­rences sont l'esprit,

Et, sans voir que le bouddha est votre propre esprit, vous occultez l'au-delà de la souffrance.

Samsara et nirvana sont distincts, compte tenu de la connaissance et de l'ignorance,

Mais, en l'espace d'un instant, la différence entre eux s'abolit.

En les voyant ailleurs qu'en votre esprit, vous vous illusionnez.

Or la méprise et la non-méprise sont d'une unique essence.

Comme il n'est pas établi que la série psychique des êtres est double,

La nature de l'esprit sans artifices se libère quand on la laisse simplement en elle-même,

Mais  si vous n'êtes pas conscient que l'illusion même gît dans l'esprit,

Vous  ne comprendrez jamais ce sens ultime de la Réalité.

Par conséquent, observez en vous-même et par vous-même ce qui

émerge et surgit naturellement,

Ces apparences, observez d'où elles surgissent d'abord

Puis où elles résident entre-temps

Et la destination où elles se rendent pour finir.

A l’instar d'un corbeau [qui regarde dans] un puits

Puis s'envole du puits sans y retourner,

Les apparences émergent de l'esprit,

Et, étant surgies naturellement de l'esprit, s'y libèrent.

Cet esprit essentiel vide et clair connaît toutes choses, étant conscient

de tout,

Sa clarté et sa vacuité étant indivisibles depuis l'origine, on le

compare au ciel ;

Etabli  définitivement en tant que claire évidence de la sagesse née : elle-même,

Il est de fait la Réalité même.

Comprendre ce qu'il est, c'est se rendre compte que toutes les apparences phénoménales de l'existence

Sont connues au sein de votre propre esprit, et que cette nature de l'esprit

Présente et radieuse est comme le ciel.

Toutefois, cet exemple du ciel qui illustre la Réalité

Ne peut être que partiel et provisoire, un simple signe indicateur.

Car la nature de l'esprit est un vide accompagné de présence vive.

clair en tous ses aspects,

Tandis que le ciel est un vide sans présence, une béance inanimée.

Par conséquent, le véritable sens de l'esprit ne saurait être montré

par le ciel.

Reposez donc dans cet état sans aucune distraction !"

p 118, traduction Philippe Cornu

livre en poche !

Commentaires
L
tout simplement...<br /> <br /> Merci Duc, <br /> <br /> non tu ne raconte pas des conneries...<br /> <br /> je le fais pas, je le vie tout simplement, sans chercher à le faire...<br /> <br /> et moins j'en fais, plus il y en a...<br /> <br /> c'est comme des vases communicant : plus je fais pour avoir, moins je suis et moins je fait, plus je suis... peut importe le lieux et le moment...<br /> <br /> Au début il "faut faire" pour ne pas faire et avec le temps cela s'installe en partant...<br /> <br /> Plus je me connais et plus je me "de-connais" et plus c'est facile car plus je me connais et moins je m'écoute et plus je suis dedans...<br /> <br /> Il faut être persévèrent pour que ça s'installe comme une habitude...<br /> <br /> alors, je ne sais pas ce que tu ressent et je ne le serais jamais, mais je sais que, si tu as intégré une pratique (quel quel soit), alors tu vis obligatoirement quelque chose... si cette chose te convient c'est très bien...<br /> <br /> et ce que tu vie n'est pas une connerie, c'est ta vie...
Répondre
D
que tu peux l'expérimenter ce que je dis.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est précis tout de même.<br /> <br /> <br /> <br /> Fais le tu verras... regarde les objets et ce qu'il y a autour et vas dans un endroit prénard et aéré et vis l'espace.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu verras si je te raconte des conneries. Fais le.
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L
comme tout le monde ?<br /> <br /> je regarde autour de moi et je vois bien que je vis l'espace ou je suis, j'en fais partie et j’interagis avec, je suis au minimum une portion de cet espace et certainement plus... j'ai même la certitude que "l'espace" me donne ce que j'attends ou souhaite, il me nourrie à tous les niveaux, depuis toujours... tout comme mon corps (qui est dans l'espace, est l'espace...) cicatrise sans que je lui demande lorsque je me blesse...<br /> <br /> mais bon, on est dans l’expérience, la tienne, alors je pourrais jamais la vivre pour comparer à la mienne;<br /> <br /> je note que tu différencie deux modes de vision, une qui serait plutôt de type image (visuel) et une autre qui serait plutôt matériel (kiné)...<br /> <br /> "Dans ce cas je sais que je contacte le réel.", bien sur, il est indispensable pour créer notre réalité...<br /> <br /> tu dis "C'est à la portée de chacun de nous il suffit de se relaxer." si tu peux nous en dire un peut plus... j'aime bien expérimenter...<br /> <br /> merci pour ton témoignage
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O
Le monde est energetique.<br /> <br /> et oui, c'est en quelque sorte une "arnaque" pour employer ton mot, je dirais plutot une illusion, accompagné de souffrance, SI on est leurré en le prenant pour une réalité propre, mais il devient aussi une fabuleuse et précieuse Apparence en effet, QUAND on en comprend et perçoit la vacuité (de toute chose).<br /> <br /> Il n'y a alors que présence qui ne peut se réifier d'aucune sorte...<br /> <br /> Allez, bonne nuit, à tous
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D
"inutile d'utiliser des mots doux"<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Je suis plié de rire. Bravo !
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  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
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