La paix du voir
"La conscience elle-même est l'unique voyant.
La totalité du perçu est vue à partir de son regard impersonnel, qui contient l'ensemble, sans pouvoir être contenu. Tout intermédiaire, qui prétend "c'est moi qui voit", n'est qu'un imposteur, un reflet qui se prend pour la source. Il n'est qu'un mouvement du mental, vu et reconnu à partir de la vision une, sans second. Réaliser l'identité à cela qui voit est illumination. Ne plus quitter cette identité originelle est réalisation.
La paix se révèle ainsi dans l'élimination de tout ce que nous ne sommes pas. Elle est le résidu qui ne peut être enlevé, soubassement de l'architecture du monde. Elle est la conscience, libre et autonome, sans limite et sans naissance. Elle ne peut être le fruit d'un vouloir, car elle est, avant tout vouloir. Elle ne peut être le fruit d'une pensée, car elle est, avant toute pensée. La pensée de la paix n'est ainsi pas la paix. Elle n'est pas un état, avec un début et une fin. Elle précède tous les états, et les éclaire de sa lumière pleine et silencieuse. Elle ne peut être trouvée, car elle est, avant toute quête. Elle ne peut que se trouver elle-même, dans la parfaite absence de celui qui cherche".
Jean-Marc Mantel
Revue 3eme Millénaire