La vision totale

Un ami J.M. avec qui j'ai parlé sur Skype de la vision de notre vraie nature me fait part de ses réflexions :

"José,

J'ai besoin de préciser un peu.

Lors de l'expérience il y avait devant moi une scène, la pièce dans laquelle je me trouvais, et mon corps faisait partie de cette scène. Mais en général ma perception ne va pas au-delà. C'est la raison pour laquelle je ne comprends pas pourquoi Douglas parle d'un espace immense. Je ne perçois qu'une scène en définitive limitée à mon champ visuel.

Cette fois-ci, j'ai pris conscience du support de cette scène, de l'arrière plan qui permet à cette scène d'exister et la considère avec étonnement. Et ce support m'a paru immense.

Cela correspond-t-il à ton expérience ?

Peut-on dire que, dans les exercices de Douglas, on utilise le regard pour prendre conscience de ce qui rend possible ce regard ? Et que ce qui rend possible ce regard est une présence immense, les fameux 180 autres degrés ?

C'est en tout cas ce que j'ai perçu lors de l'exercice les bras tendus que nous avons fait ce soir.

Si tel est le cas, je me demande comment nous pouvons perdre conscience de cette immensité devant laquelle on ne peut que s'incliner tant elle nous dépasse. Un vrai mystère...

Amicalement."

J. M. fait référence à l'expérience très simple, suivante :

Nous tenons deux bras tendus devant nous, assez resserrés.Remarquons d'abord qu'ils surgissent du vide.

Nous embrassons alors 5 degré du champ de vision; c'est une vision étroite, limitée qui correspond à la vision de l'égo qui ne voit pas grand chose du monde tant il est préoccupé par ses problèmes.

Puis nous écartons doucement les bras: nous embrassons alors 30° puis 45° puis 90°. Nous avons maintenant une grande partie du champ de vision qui apparait en nous. Continuons encore 100°, 130° ..;la scène entre les deux bras est de plus en plus grande, puis ouvrons au maximum : 180°; nous tenons tout le champ de vision (pour moi mon appartement) entre nos deux bras.

Si vous sortez dehors dans la campagne et ouvez grand les bras ainsi, vous pouvez tenir les montagnes, les forêts et les champs et le ciel en vous.

la vision du monde est de 180°.

Mais ce n'est pas encore l'élargissement total, car il nous faut aussi prendre conscience des 180 autres degrés de la source dans laquelle apparait le monde.

Voici un schéma qui le montre

La vision totale est une vision à 360°.

Et en effet la scène apparait "dans" un vaste espace non-manifesté. (En réalité, la source et la scène sont unies et le "Je ne suis pas " se rabat sur le "je suis tout".) Le spectacle coloré est une tache de couleur posée sur l'infini. La source n'est pas limitée par la scène.

Cette vision totale dans toutes les directions est évidente aussi les yeux fermés parce qu'alors on prend conscience que l'espace de la conscience est immense, sans limite et que les sons, les sensations,les pensées apparaissent et disparaissent en lui.

merci à JM

josé

Comments

[atipic]

:) J'aime particulièrement ce haiku de Issa



« Tous en ce monde

Sur la crête d'un enfer

À contempler les fleurs ! »



Il reflète exactement mon état actuel.

Terrorisé par la monstruosité de la vie

(monstruosité dans le sens de "contraire au plan de Dieu, aux lois de la nature").



Et pourtant, comment ne pas être touché par cette Présence émergente d'une harmonie infinie.



Mon "moi-je", comme l'appelle "affectueusement" retouralamaison, :)

est emprisonné dans cette contradiction qui apparaît tout autant ridiculement pathétique et magnifiquement belle et profonde.



Et toujours ce grandiose et "monstrueux Sentiment Océanique"

(Se sentir en unité avec l'univers ou avec ce qui est « plus grand que soi )





Un besoin vital de se débarasser du superflu (qui est immense), mais tout en préservant le nécessaire du quotidien. (Qui paraît immense également). :)





De tout cela découle un sentiment d'urgence de vérité.



Comment survivre ? Comment vivre ?

Jamais sans doute l'homme n’a été aussi près de sa vie et de sa mort.

[atipic]

« Vivre de mort, mourir de vie » (Héraclite)



Ah ! le printemps. Mais cette boucle récursive ne peut se constituer et perdurer qu’avec la manne énergétique extérieure du soleil.



Elle récupère et recycle tous ses constituants chimiques, subit des pertes énergétiques (Entropie)

Et bien qu’il y ait reconstruction et régénération, quelque chose d’irrémédiable s’opère dans la destruction et la dégénérescence.



La mort est plus forte que la vie dans l’irréversibilité. (fonctionner, respirer, se mouvoir) produit de la dispersion irréversible.



Et la vie est plus forte que la mort dans la récursivité. (Reconstruction et régénération)





« Tous en ce monde

Sur la crête d'un enfer

À contempler les fleurs ! »



(Kobayashi Issa) :)

[:)]

Le monde ne tient qu' à de l' énergie inclassable... il est ''atipic'' ;)





''Une organisation récursive est une organisation qui produit les éléments et effets nécessaires à sa propre (ré)génération et existence." (E. Morin)



C'est une pure machine thermodynamique dans toute sa splendeur. ''



(re)génération d'un merveilleux printemps !

[atipic]

Oui c'est vrai que nos 5 sens sont naturellement et biologiquement limités.

Mais ils sont surtout adaptés à leur environnement



Un être vivant extrait des informations de son environnement afin d’y adapter ses actions selon ses besoins.



L'environnement n'apporte pas les informations, mais les conditions d'extraction des informations.



L'existence d'un être vivant dépend, non seulement de l’environnement, mais de la connaissance de l’environnement.

La connaissance répond à l’incertitude en extrayant des informations d’un environnement aléatoire. Information = résolution d’une incertitude.



Tout est imbriqué.

C'est une boucle auto-organisatrice récursive.



"Est récursif tout processus dont les états ou effets finaux produisent les états initiaux ou les causes initiales.

Une organisation récursive est une organisation qui produit les éléments et effets nécessaires à sa propre (ré)génération et existence." (E. Morin)



"Les conditions de la vie ne sont ni dans l’organisme, ni dans le milieu extérieur, mais dans les deux à la fois." (Claude Bernard)



L'être vivant, même le plus passif, doit se nourrir a partir de mécanismes de captation et transformation de l’énergie extérieure.



Il a besoin d'énergie pour agir, se mouvoir, s'alimenter, se protéger, se reproduire.

Et plus il a besoin d'énergie, plus il doit se nourrir.

Et plus il a besoin de nourriture plus il a besoin d'énergie.

C'est une pure machine thermodynamique dans toute sa splendeur.



Il n’y a aucune possibilité d’existence détachée et autonome.( A. N. Whitehead.)





Au cours de son évolution, ces limites sensorielles ont été largement compensées par le développement d'un système neuro-physiologique et cérébral de plus en plus sophistiqué.



Ces informations issues des sensations/perceptions couplé à un système cérébral complexe, lui permettent de se « présenter » réflexivement un morceau du monde extérieur pour le déchiffrer, schématiser, l’examiner, l’étudier, l'appréhender.



A la base, dans le monde du vivant, le développement de l'intelligence n'est ni plus ni

moins qu'une énorme économie d'énergie.

[:)]

Si je ne peux pas voir mes yeux regardant un objet, est-ce-que le fait de voir mon doigt qui pointe le vide, fait automatiquement de ce vide, pareil à mes yeux, un '' inconnu '' que l' on nomme ici , en vision sans tête , '' vacuité '' ?



Tout cela me paraît pure illusion , tout de même, je ne peux renier ce moteur de démarrage qu' est l' illusion, non ?

expérience de la règle des contraires peut-être ?