La brise qui tout emporte
Il fait chaud sur Paris ce soir ; je suis sur le balcon et une brise souffle sur ma peau.
Mais si je ferme les yeux, je réalise que personne ne ressent cette chaleur et ce souffle. Il n'y a pas ici un sujet percevant des objets ; il n'y a pas ici de distance entre un observateur solide et des phénomènes. Je ne suis pas enfermé dans un sac de peau à forme humaine, coincé à l'intérieur d'une boite que le vent extérieur viendrait toucher. Non, non...
En prêtant attention à ce qui est donné dans l'expérience de l'instant présent, je deviens vaste et sans limite, immense. Dans cet espace, des sensations volent, naissent et passent comme des caresses. Impossibles à localiser, ces sensations révèlent le vide à lui-même, et il devient impossible de séparer le vide et les phénomènes, il devient impossible de trouver ici quelqu'un...
Et dans ce vent, c'est toute ma personne avec ses limites, ses caractéristiques qui est emportée dans le grand souffle tiède. Reste l'essentiel : la révélation d'une incroyable joie de l'être, une joie spacieuse dans laquelle des sensations se lèvent venant d'on ne sait où, partant on ne sait où. Et je suis le vent, et la chaleur et en même temps, rien.
jlr