LA FIN DE LA SPIRITUALITÉ

Quelqu'un sur le blog a demandé des nouvelles de Jeff Foster.

Il va mieux après un traitement en Allemagne. Il souffrait d'une forme grave de maladie de Lyme.

Voici un texte de lui écrit il y a un mois que j'ai traduit pour vous.

JLR

"LA FIN DE LA SPIRITUALITÉ

Mon tapis de yoga a disparu dans le sol sous mes pieds.

Mon ashram est devenu le comptoir d'un café, une mauvaise blague échangée avec le serveur, un sourire amical sur un visage figé, et le monde entier qui nous accompagne.

Mon temple est le centre commercial, la salle d'attente du dentiste, la prairie vide le matin avec sa lumière jaune et son air virginal.

Mon gourou, c'est le rugissement du ventre qui couve, la mélancolie du soir et l'espoir et le désespoir de l'existence brute elle-même.

Rien ne doit être ajouté.

Mon illumination est le moment ordinaire, cette expérience banale trempée dans le doux nectar de ma propre attention.

Mon origine est le souffle et le souffle est ma destination.

Ma lignée est le chat affamé qui me salue lors de ma promenade du soir, se promenant à côté de moi pendant un moment, frottant sa fourrure contre mon tibia, sa fourrure douce comme la couverture en cachemire que grand-mère avait l'habitude d'enrouler autour de nous lorsque les nuits arrivaient tôt, la fourrure devenant peau, et le chat passant nonchalamment à la recherche d'un emballage de sandwich jeté, et moi continuant à marcher.

Ma spiritualité est profondément ancrée dans la terre ; elle est dans la boue, la chaleur, les entrailles, l'inconfort et les désagréments, le manque de la mère et le courage de pénétrer dans les régions inexplorées de la psyché. C'est l'aspiration à la maison et le retour heureux et épuisé.

Ma félicité n'est rien que l'esprit ne puisse jamais saisir, pas même en un milliard d'années de recherche.

Ma joie est simple, comme celle de ceux qui ont vécu une vie bien remplie et qui sont prêts à mourir.Je m'allonge dans la prairie, mon sac à dos comme oreiller, mes mains pénétrant dans l'herbe soyeuse et collante, ma vie entière réduite à une seule pensée, à un seul souvenir et à une seule vision momentanée, et puis tout cela disparaît aussi, et je disparais avec tout cela, remplacé par la prairie elle-même, sa douce lumière jaune et son air pur et vivifiant, son espoir et sa promesse, sa plénitude et sa miséricorde.

Ne me cherchez pas.

Vous ne me trouverez pas ici, ou ne me reconnaîtrez pas si vous le faites. Je suis invisible parce que je suis devenu tout ce qui est vu et tout ce qui est connu et inconnu encore. Je ne pratique pas la spiritualité. J'ai été détruit, déconstruit, désossé et je suis né à nouveau, reconstitué en tant qu'homme, sans forme comme forme. J'ai été recréé, inséparable de cette banalité, ressuscité avec les oiseaux qui rient à gorge déployée sur les fils électriques à l'aube."

Jeff Foster

Comments

[isa]

C'est un changement d'état. Les limites se sont ėvanouies, un quelconque chemin de retour aussi ! C'est.

[David]

Merci pour les nouvelles !