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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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12 septembre 2021

le sommeil comme état primitif

Dans ce texte très interessant, Schopenhauer montre que notre véritable identité n'est pas la conscience ou la connaissance, mais la volonté.

La connaissance (et donc la conscience) pour lui cesse pendant le sommeil, non la volonté.

C'est elle qui est éternelle, non la conscience.

Intéressant, non?

Sa thèse est très différente de l'advaita vedanta qui fait de la conscience un absolu éternel.

 

jlr

 

An Unknown American Contribution to the German Pessimism Controversy:  Amalie J. Hathaway's 'Schopenhauer' – Blog of the APA

 

"Dans le sommeil profond, la connaissance et la représentation sont complètement suspendues. Mais le noyau même de notre être, l’élément métaphysique du moi, le primum mobile que supposent nécessairement les fonctions organiques, ne peut jamais suspendre son activité, à moins d’enrayer la vie elle-même ; cet élément d’ailleurs, en tant que métaphysique et conséquemment incorporel, n’a pas besoin de repos. Aussi les philosophes qui ont considéré l’âme, c’est-à-dire un pouvoir primitivement et essentiellement connaissant, comme ce noyau, se sont-ils vus contraints d’affirmer que l’âme est infatigable dans son pouvoir de connaître et de représenter et que ces facultés s’exercent même dans le sommeil le plus profond ; seulement, au réveil, il ne nous en reste aucun souvenir. Mais, quand la doctrine de Kant nous eut débarrassés de l’âme, on put facilement se convaincre de la fausseté de cette assertion.

Car l’alternance du sommeil et du réveil montre clairement à l’observateur non prévenu que la connaissance est une fonction secondaire déterminée par l’organisme, au même titre que toute autre. Le cœur seul est infatigable ; car ses pulsations et la circulation du sang ne sont pas immédiatement déterminées par les nerfs, mais se trouvent être précisément la manifestation primitive de la volonté. De même toutes les autres fonctions physiologiques qui dépendent des nerfs ganglionnaires, lesquels n’ont avec le cerveau qu’une relation très médiate et éloignée, se continuent pendant le sommeil, bien que les sécrétions s’opèrent plus lentement les pulsations du cœur même, comme elles dépendent de la respiration qui est conditionnée par le système cérébral (moelle allongée), subissent comme celle-ci un certain ralentissement. C’est l’estomac peut-être qui est le plus actif pendant le sommeil, cela tient à la nature particulière de ses rapports avec le cerveau qui chôme à ce moment, rapports qui occasionnent des troubles réciproques. Le cerveau seul, et avec lui la connaissance, s’arrête tout à fait pendant le sommeil. Car cet organe n’est en nous que le ministère des relations extérieures, de même que le système ganglionnaire est le ministère de l’intérieur. Le cerveau, avec sa fonction du connaître, n’est au fond qu’une vedette établie par la volonté, pour servir celles de ses fins qui sont situées au dehors ; postée au sommet de la tête, comme dans un observatoire, elle regarde par la fenêtre des sens, attentive à voir si quelque danger menace ou si quelque profit est à portée, puis elle fait son rapport, d’après lequel la volonté se décide. Et pendant cette occupation la vedette, comme tous ceux qui sont employés à un service actif, est dans un état continuel de tension et d’effort ; aussi la garde une fois montée, se voit-elle relevée avec plaisir, telle la sentinelle, quand elle quitte le poste. Or elle est relevée par le sommeil, et voilà pourquoi ce dernier est si doux et si agréable, voilà pourquoi nous nous y prêtons si volontiers ; au contraire, rien ne nous contrarie comme lorsqu’on nous secoue pour nous réveiller, car alors la vedette est subitement rappelée à son poste. Après la systole bienfaisante, c’est la diastole pénible qui se reproduit, c’est l’intellect qui se sépare à nouveau de la volonté. Une âme proprement dite, qui serait primitivement et par essence un sujet connaissant, devrait au contraire se réjouir du réveil, comme le poisson quand on le remet dans l’eau. Dans le sommeil, où se continue uniquement la vie végétative, c’est la volonté seule qui agit suivant sa nature primitive et essentielle, sans perturbation venant du dehors, sans rien perdre de sa force par l’activité du cerveau et la tension pénible de la connaissance ; cette dernière fonction organique est sans doute la plus difficile de toutes, mais elle n’est pour l’organisme qu’un moyen, non une fin : aussi dans le sommeil tout l’effort de la volonté tend-il à la conservation, et le cas échéant, à l’amélioration de l’organisme. C’est pourquoi toutes les guérisons, toutes les crises bienfaisantes se produisent pendant le sommeil, car alors seulement la vis naturæ medicatrix a libre jeu, étant débarrassée du poids de la fonction du connaître. L’embryon, auquel il reste à former tout le corps, dort perpétuellement pour cette raison, et le nouveau-né dort pendant la majeure partie du temps. Aussi Burdach (Physiologie, t. III, p. 484) a-t-il raison de considérer le sommeil comme notre état primitif."

Commentaires
S
L'âme n'est pas simplement un principe de connaissance : c'est aussi un principe de vie... Bref, sa critique est un peu courte.<br /> <br /> Enfin la Conscience inconsciente de N Maharaj n'est-elle pas l'autre nom de la Volonté de Schopenhauer (qui dans sa jeunesse parlait d'une "Conscience meilleure")
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S
La connaissance (conscience de ceci ou de cela) est suspendue pendant le sommeil profond donc la conscience comme processus mental réflectif qui donne au duo corps-mental une indication sur son état propre ou sur l’environnement autour de lui est suspendue pendant le sommeil profond. Mais la Conscience, entendue comme le contenant sans limites de toute manifestation, ne peut pas s’éteindre. Me trompé-je ?
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F
C'est du grand n'importe quoi. Le sommeil profond c'est "reset" tout est effacé, absolument tout. Malheureusement, dès leur réveil, peu de gens ne savent pas en profiter, alors qu'il s'agis là d'une source d'inspiration inestimable.
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F
Est-ce que cette "volonté" n'est pas à rapprocher du terme "Amour" dans le sens grec "Agapè" qui est celui de l'énergie qui fait tourner les planètes ?<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon Ramana Maharshi et autres précisent bien que la Conscience ne disparaît pas pendant le sommeil profond (qui n'est pas la "petite" conscience des objets ni du monde). Le même mot a deux sens il me semble... un relatif, un absolu... ?
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  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
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