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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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4 juin 2020

C'était incroyable !

J.C Amberchele est le pseudonyme d’un homme emprisonné à vie aux Etats-Unis et qui a trouvé la liberté de l’éveil en prison.

Voici un extrait de ce livre remarquable pour ceux qui ne le connaissent pas.

amberchele 2

 

"Toutes les idées que j'avais sur la manière dont les choses fonctionnent en ce monde ne m'ont pas mené bien loin, sachant que j'ai passé plus de vingt années en prison. J'ai reçu la plupart de mes convictions de mon père et de John Wayne, et tout ce qui n'était pas ultra-violent et ultra-cool était, à mes yeux, ultra-problématique. En fait, je vivais dans un état de malaise quasi perpétuel, n'atteignant jamais les idéaux ridicules auxquels j'adhérais sans me poser de questions, appliqués à un ensemble d'espoirs que ni moi ni personne d'autre ne pouvions réaliser : comment je devais agir, comment les autres devaient me traiter ou se comporter entre eux en ma présence, comment les mois et les années devaient tourner en ma faveur.

Inutile de dire que je devenais l'incarnation du garçon obsédé par l'idée de tout contrôler. Et, comme tous ceux qui sont obsédés par le contrôle, j'entretenais un sentiment de vacuité et de fatalité derrière une façade de dureté soigneusement entretenue, menant une guerre permanente entre celui que je pensais devoir être et celui que je pensais être. En plein brouillard, je m'autodétruisais encore et encore, emportant les autres avec moi.

Et puis il y a dix ans de cela, déjà bien avancé dans ma peine de prison, il se trouve que je vis une entrevue de Bill Moyes de PBS[1] avec Joseph Campbell, et je décidais d'essayer la méditation. C'était difficile au début, surtout avec les foules, le bruit et les habitudes d'une cellule de prison, mais je découvris bientôt que durant la méditation j'avais moins d'attentes, sur moi ou sur les autres, comme s'il n'y avait plus d'autres. C'était un espace sans idéaux à réaliser et sans problèmes, un refuge où je n'avais plus à défendre ma volonté égarée. Et à part de rares aperçus sous drogue ou dans les moments de stress quand ma vie était en jeu durant ma longue carrière criminelle, c'était la première fois que je prenais conscience de moi-même, de cette attention simple du "je suis" au centre de ma conscience qui, c'était à présent évident, avait toujours été là.

A partir de ce moment, le mystère devînt la question de savoir comment ce "je" étais né et d'où il continuait à surgir. La vieille façon de penser, selon laquelle je pouvais être une conscience séparée dans un corps et un esprit séparé, était beaucoup trop pénible à accepter. C'était la manière que l'on m'avait apprise, la manière de mon père et celle de tous les autres qui m'avaient servis de repères ; c'était la voie de la contraction, de la confrontation et d'une torture sans fin infligée à soi-même. Il devait y avoir une autre explication.

Ceci me conduisît à six années de lecture compulsive. Je voulais examiner le pressentiment silencieux que j'avais eu depuis ma période LSD dans les sixties, qui s'était manifesté auparavant sous forme de peur, et qui avait ressuscité durant l'entrevue de Campbell : en clair, que toutes les grandes religions véhiculaient à la base un message identique, si clair et si simple que les mots n'était pas nécessaire pour le réaliser. Je soupçonnais que ma perception du monde et ma soi-disant place en son sein étaient des illusions, que la réalité n'était pas ce que moi et la plupart des gens pensions. C'était comme si l'humanité était la victime d'un canular que l'univers avait conçu pour se jouer de lui-même. Et il était clair que ma vie jusqu'ici avait été un combat contre la révélation de ce savoir-là, m'accrochant, pour ainsi dire, aux mensonges que j'avais reçus, me débattant pour éviter la vérité.

Je lisais les textes bouddhistes. Je lisais Gurdjieff et Ouspensky. Je lisais tout ce que je pouvais trouver sur les mystiques chrétiens. Je dévorais Hafiz et Roumi, puis me lançais dans les œuvres des grands sages de l'Inde. Je découvris Wei Wu Wei, puis je revenais au bouddhisme et j'en amassais le maximum. J'étais résolu à tirer cela au clair, ce mystère au cœur du sujet.

Et puis un jour je lis un article de Douglas Harding sur ce qu'il nommait "l'absence de tête", et quelque chose changea brusquement. Harding soulignait que Voir Qui Nous Sommes était simple, si facile que nous passons à côté. Et, en manquant de le reconnaître, nous érigeons des structures philosophiques et religieuses de tailles monumentales, cachant cela d'autant plus. Tout du long, cela se trouve pourtant Ici-même, plus proche que proche.

A ce moment-là je réfléchissais à l'ancienne histoire soufie à propos d'un Mollah Nasrouddin très agité, galopant en ville et s'écriant qu'il avait perdu son âne, jusqu'à ce qu'on lui indique qu'il était assis dessus.

Le message était clair : "Nous ne pouvons Le voir, car nous Le sommes", et les implications étaient bouleversantes. Illusoire - le terme que j'employais pour décrire cette perception du monde dont je me méfiais - apparu soudain comme un bel euphémisme. Elle n'était pas seulement illusoire, elle était à cent pour cent dans la mauvaise direction ! Je n'étais plus dans l'univers; à tous le moins, l'univers était en moi, y-compris tous les concepts auxquels j'adhérais à propos d'un supposé "soi-même", corps et esprit. J'étais, comme disait Harding, "Espace" pour l'apparition du monde, Espace qui participait de manière originale à la création de ce même monde ! C'était incroyable !"

Amberchele

 


[1] Chaîne publique américaine (ndt).

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  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
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