comme projetée dans « le vide »

J'ai reçu par mail un témoignage de Dorothée sur une expérience qu'elle a faite quand elle était enfant (6 ans).

"Bonjour José,

Je connais votre travail sur l'éveil à travers votre livre et vos vidéos Youtube. Dans le cadre d'un travail d'écriture (confinement oblige!), je viens enfin de mettre par écrit une expérience que j'ai faite à l'âge de 6 ans (environ) et que je n'ai jamais racontée à personne (j'ai 52 ans !).

Est-ce que vous auriez la gentillesse de me donner votre avis ou une explication sur cette expérience?

Que s'est-il passé ?

Comment puis-je l'interpréter ?

Car je précise que je ne me souviens pas que cela ait changé quoique ce soit à ma vie d'alors, à part que j'avais ce secret que je ne pouvais raconter à personne. Sans doute aussi qu'à 6 ans, je n'avais pas de frontière bien établie entre l'ordinaire et l'extraordinaire. Voici le texte :

Pour ma part, je me souviens que lorsque j’avais environ 6 ans, je m’amusais à me cogner la tête contre ce mystère (mystère de la vie) le soir avant de m’endormir. C’était un jeu en forme de questionnement : «Et si la vie n’existait pas?». Cette simple évocation me donnait des sensations de vertige. Les débuts de ma réponse commençaient toujours ainsi : « Alors, je n’existerais pas, ni personne, il n’y aurait jamais rien eu sur la terre, la terre n’existerait peut-être même pas, ni les galaxies, ni l’univers…et il n’y aurait personne pour penser que tout cela n’existe pas. Et je me souviens que c’était à ce moment précis que le vertige devenait le plus intense : le néant serait incapable de se figurer l’absence de la vie…J’essayais alors de comprendre ce néant absolu avec ma petite tête d’enfant de six ans…J’essayais de le visualiser et de l’approcher avec ma raison. Et je me souviens de l’effort de concentration que cela me demandait : j'avais l'impression de progresser, puis je reculais…Je finissais par m’endormir, épuisée d’avoir essayé si fort d’imaginer la vie sans la vie. Et puis, une fois, une seule fois, ce vertige s’est transformé en une vraie chute abyssale dans un trou noir infini. A force de concentration j’étais finalement arrivée à ce qui ressemblait à une extrémité, une limite ou tout à coup, c'était comme si toutes mes prises avaient cédé je n’avais plus pu me raccrocher à rien. « Je » me suis donc retrouvée comme projetée dans « le vide » . J'écris « Je » avec des guillemets car ma raison n’a jamais su ce qui en moi avait réellement fait l’expérience de la chute. Et de même je dis « le vide » avec des guillemets, car comment décrire et expliquer ce vide ?

L’expérience ayant été très impressionnante mais également délicieuse, j’ai essayé de la renouveler les soirs qui ont suivi, en reprenant le même chemin de raisonnement, avec la même concentration, mais cela ne s’est jamais reproduit, ni les soirs suivants, ni jamais. J’ai sans doute fini par arrêter d’essayer et par ne plus y penser.

Pourtant, encore aujourd'hui, je me souviens de la sensation irréelle de cette chute comme si c’était hier mais je suis incapable d’en dire plus que ce que je viens d’écrire. C’était d’ailleurs tellement inracontable que jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai raconté à personne."

Dorothée

Bonjour Dorothée

merci pour votre témoignage; il est magnifique.

 Je suis très sensible à ces expériences enfantines, car d'une part j'en ai vécue aussi moi-même, et d'autre part les enseignements spirituels rapprochent très souvent l'éveil de l'esprit d'enfance.

  Je crois que beaucoup d'enfants ont l'intuition de cette Ouverture de la présence, comme vous.

(Voir ici un article de Steve Taylor là-dessus http://eveilphilosophie.canalblog.com/archives/2016/12/18/34702483.html)

 Ce que vous avez vécu enfant est une expérience de vacuité, c'est l'expérience de votre vraie nature.

Vous avez soudainement découvert l'espace sans limite et impersonnel (au-delà de l'ego) qui est au coeur de nous tous.

 L'enfant n'est pas encore totalement identifié à son ego, à son corps ; il a encore accès par moment à son trésor intérieur.

 Bien sûr, peu à peu l'enfant s'éloigne de cet OUvert à mesure qu'il se limite au personnage ( la petite fille, le petite garçon)

 
Mais cette Présence Ouverte est cependant toujours là, en arrière plan. Et ces expériences d'enfance sont comme des phares qui nous guident vers cette terre promise.

 Vous pouvez retrouver cet Espace maintenant, en fermant les yeux et en plongeant dans le vide éveillé.

  Ou les yeux ouverts en constatant le vide au-dessus de vos épaules à partir duquel vous regardez le monde.

 Ce vide est aussi une Présence bienveillante, l'Être, la Source.

Mille mercis.

José

Comments

[danielleg]

il y a trente environ...c'est la première fois que j'ai ressenti cela...

je suis toi, tu est moi...c'est au grand évidemment que je causait ! :)

[danielleg]

trop bien ! ;)

[franck terreaux]

Dorothée, merci pour ce beau partage. Je vous conseil le livre "voyage vers l'insaisissable" de Marigal édité chez Almora. On y retrouve la même fraicheur, celle d'une personne qui habité par un merveilleux pressentiment remonte à la racine de ce pressentiment.