Franck Terreaux a reformulé l'expérience qu'il avait faite chez moi l'autre jour.
La voici.
José Le Roy
"Bien entendu, comme toute expérience, il ne suffit pas de se contenter de lire mais de réellement participer car dans le cas contraire cette expérience ne présente aucun intérêt.
L’exercice va consister à fabriquer un visage au-dessus de nos épaules et ceci sans l’aide d’un miroir.
Sans l’aide d’un miroir, nous avons cependant deux outils à notre disposition. Ces outils sont la mémoire et l’imagination.
Pour commencer, nous devons donc faire un effort de mémorisation. Celui-ci va consister à nous souvenir de notre visage. Vous savez ce visage qui est collé sur notre carte d’identité, ce visage que nous voyons chaque matin en nous brossant les dents, ce visage qui se reflète dans les vitrines des magasins, dans les ascenseurs jusque dans les petites cuillères.
Allons-y, essayons, essayons, prenons tout notre temps …
C’est fait ? Vous le tenez ? Très bien … Seulement ce n’est pas fini, les choses ne font que commencer car maintenant il va falloir le hisser là-haut et le visser avec soin au-dessus de nos épaules.
Seulement voilà, nous rencontrons un immense obstacle. En effet, le souvenir de ce visage nous apparait dans le mauvais sens, il nous apparait de face, or de notre point de vue, pour bien faire les choses, il doit logiquement être retourné dans l’autre sens.
Pour pouvoir le retourner, il nous faut donc rechercher dans notre immense bibliothèque de souvenir un souvenir où notre tête était vue non pas de face mais de dos, ce qui est loin d’être évident n’est-ce pas ? Pour ma part j’abandonne, c’est beaucoup trop épuisant… Fin de l’expérience.
Comme nous venons de le voir, le souvenir de notre visage réclame un effort. Visser ce visage sur nos épaules réclame encore plus d’effort.
Et si maintenant au lieu de faire des efforts nous ne faisons rien, si au lieu de faire appel à notre mémoire et à notre imagination nous nous arrêtons simplement de faire, qu’est-ce qui reste ? Qu’est ce qui reste que nous ne pouvons pas oublier ? Qu’est-ce qui reste dont nous n’avons pas besoin de nous souvenir car c’est sans souvenir ?
Il ne reste que Vision Qui Est. Il ne reste que présence intemporelle, une présence dont nous n’avons pas même besoin de nous souvenir parce qu’elle est sans souvenir. Étant sans souvenir, il nous suffit simplement d’oublier l’image mentale qui nous l’a fait oublier. La vision sait quand nous, nous ne savons rien.
En pointant le doigt, on demande : Que voyez-vous ? Qu’est-ce qui apparait ? Mais nous pourrions aussi bien demander : Qu’est-ce qui a disparu ? Car ce n’est pas la vision qui apparait, elle, a toujours été là, c’est seulement l’image de soi qui disparait. La vision EST avant toute apparition.
Cette image que nous avons de nous-même est très forte, très enracinée. Cependant, si nous voulons y échapper, il n’y a pas à chercher l’Ouverture puisse que nous le voulions ou non l’Ouverture est déjà là, constamment présente. Il suffit simplement de se libérer de cette image mentale qui n’est que momentanée mais qui à elle seule représente plus de 90% de notre identification. Il faut bien se rendre compte que cette image mentale n’a absolument jamais été là, au-dessus de nos épaules, mais qu’elle se trouve parfaitement à sa place dans les miroirs, les vitrines, les ascenseurs et les petites cuillères.
Ce qui demande de l'effort c'est de chosifier, de vouloir mettre un visage ici. En revanche, on ne fait rien, et c'est là ! Aucun effort n'est nécessaire, rien. Impossible de mal faire puisse que nous, nous ne faisons rien. Sans mémoire, sans souvenir l’Ouverture est là. C'est pour cela que je dis : « C'est sans souvenir que l’on peut s'en souvenir ».Les deux choses que nous devons garder constamment à l’esprit est que cette vision ne réclame aucun effort de notre part et qui plus est, c’est quelque chose de très très simple."
Franck Terreaux
Evident,simple,jamais perdu..