Je suis la vague de l’océan

Mathieu Halford qui est l'auteur d'un livre sur le spiritualité druidique et qui est en train de lire mon dernier livre L'éveil spirituel m'a fait parvenir un texte de la tradition celtique irlandaise, en me demandant si selon moi ce texte pointait vers un expérience de non-dualité. 

Il s’agit du chant du barde irlandais Amorgen Glungel (dont le surnom  est « Genou brillant ») évoqué dans le Livre des Conquêtes (Lebor Gabála Érenn) : Voici le texte :

"Je suis le vent soufflant sur la mer

Je suis la vague de l’océan

Je suis le bruit des flots

Je suis le taureau des sept batailles

Je suis l’aigle sur la falaise

Je suis la goutte de rosée

Je suis la plus belle des fleurs

Je suis le sanglier de valeur (ou de la prophétie)

Je suis le saumon dans le lac

Je suis le lac dans la plaine

Je suis l’excellence de l’homme

Je suis l’éminence de l’art

Je suis la pointe des armes (qui livrent le combat)

Je suis le dieu qui engendre le feu (de vie) dans la tête.  " 

Voici que m'écrit Mathieu Halford :

"Il se trouve que je lis en parallèle la Bhagavad Gita et d’autres textes de l’advaita vedanta.

Ce texte irlandais prend pour moi une nouvelle signification au regard de la notion d’éveil spirituel et de l’expérience des états multiples de l’être qui en découle (ou le Moi s’efface et de dissout avec tous les êtres et toutes les choses).

La Bhagavad Gita ne dit-elle pas, à propos des êtres éveillés :

« Celui qui est en Yoga, l’âme pure, le maître de son moi, qui a triomphé des sens, de qui le moi est devenu le moi de toute existence (…) »  

Etant conscient qu’il peut y avoir plusieurs niveaux de lecture d’un tel document, pensez-vous que l’on peut interpréter ce texte comme une sorte d’hymne qui décrit l’éveil, selon la sensibilité des anciens Celtes ? 

En effet, on y retrouve plusieurs notions clés : la métaphore de la vague et de l’océan, le concept de « Je suis » maintes fois répétés et qui constitue la trame du poème, les états multiples de l’être propres à l’individu « libéré », la notion de connaissance supérieure (« je suis l’excellence de l’homme, je suis l’éminence de l’art ») et enfin la notion d’illumination intérieure (« le feu de vie dans la tête »).

Il y a par ailleurs d'autres textes de la tradition celtique qui semblent aller dans ce sens.

Je serais ravi d’avoir votre point de vue au regard de votre connaissance du sujet."

Cher Michel,

merci de cet extrait de la tradition celtique que je ne connaissais pas.

Il est vrai que je n'ai pas parlé de cette tradition druidique dans mon livre (ni du chamanisme d'ailleurs...) mais il fallait bien se limiter.

Pourtant, cette tradition est celle de mes ancêtres lointains puisque ma famille vient tout entière de Cornouailles en Bretagne! J'aurais du être familier de ce texte.

Je suis d'accord avec votre lecture non-duelle (mais n'étant du tout expert des sagesses druidiques).

Elle semble être pertinente pour les raisons excellentes que vous avez dites.

Ce passage m'évoque l'Evangile de Thomas " Jésus dit: " Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout, et le Tout est sorti de moi et Tout est revenu à moi. Fends le bois: je suis là; soulève la pierre et tu m'y trouveras ! "

Merci beaucoup de cet extrait, Michel, et je suis curieux d'autres textes que vous aurez à porter à notre connaissance de cette ancienne tradition occidentale que je vais mieux étudier désormais.

josé

"

Comments

[rv]

Il y a aussi cette superbe chanson de Nicole Rieu:



https://youtu.be/uZUeDFNNRP4

[mariec]

il y a aussi ce merveilleux texte écris par un amérindien inconnu , parut dans un livre de CHOPRA "je cite :ne reste pas à pleurer devant ma tombe je n'y suis pas je n'y dors pas je suis un millier de vents qui soufflent,je suis le scintillement du diamant sur la neige, je suis la lumière du soleil sur le grain mur, je suis la douce pluie d'automne, dans le silence feutré de la clarté du matin, je suis l'oiseau au vol rapide.ne reste pas à te lamenter devant ma tombe je n'y suis pas je ne suis pas mort