L’éveil n’existe pas ?

Peut-on vraiment dire que l’éveil n’existe pas ?

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de l’éveil spirituel. Ils n’en ont aucune idée. On peut dire en un sens que les mots "l’éveil spirituel" n’existent pas pour la quasi-totalité de l’humanité (ce qui ne veut pas dire que certains ne le vivent pas quand même sans en avoir entendu parlé).

Ensuite, il existe des gens qui s’intéressent à la spiritualité, qui ont entendu parler de l’éveil mais qui ne prennent pas cela au sérieux. Au mieux c’est une expérience extatique comme on peut en vivre de temps en temps, avec des drogues par exemple, mais en aucun cas un état réel, permanent, et un dépassement de l’individualité. Cette position est un peu compliquée car elle signifie que la plupart des mystiques de l’humanité qui ont parlé de l’éveil sont ou des imposteurs ou des personnes illusionnées ou des fous. Imposteurs Bouddha, Shankara, Abhinavagupta, Plotin, Maitre Eckhart, Saint Jean de la Croix, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, Douglas Harding, Jean Klein…pour ne parler que de quelques-uns. Très franchement, considérer ces gens comme des imposteurs ou des allumés est une tâche qui me parait compliquée ! Donc pour ces personnes doutant de l’éveil, la spiritualité se confond en fait avec du développement personnel.

Enfin, il y a des gens qui pensent que l’éveil n’existe pas parce que ces personnes ont lu que des maitres disaient qu’ultimement l’éveil n’existe pas , qu’il n’y a pas de différence entre nirvana et samsara, et qu’esclavage et libération sont identiques. Ils l’ont lu et croient l’avoir compris intellectuellement mais ils utilisent cet argument pour nier l’éveil et demeurent ainsi coincer au niveau de l’individualité, continuant de fonctionner à partir de l’ego. Il est exact qu’on peut dire qu’il n’existe pas d’éveil, mais uniquement quand on l’a réalisé, ce qui est un paradoxe. Car tant qu’on continue de se prendre pour un individu, répéter comme un perroquet qu’il n’y a pas d’éveil ne fait pas basculer notre existence au-delà de l’ego.

Je pense donc qu’il est pédagogiquement essentiel de rappeler que l'éveil est une réalité (ou moksha ou satori ou kensho ou libération ou métanoia…comme vous voulez), puisque c’est le cas pour la personne identifiée à son ego. Essentiel aussi de montrer aux gens comment le découvrir et l’incarner dans le quotidien.

Et qu'est-ce que l'éveil ? la découverte vécue que nous ne sommes pas un moi séparé et que notre être est au-delà de la dualité sujet/objet.

Comme le dit ici Jean Klein :

"Un changement complet survint un soir, sur Marine Drive à Bombay. Je regardais les oiseaux et soudain, je fus entièrement saisi par eux, comme si tout cela se passait en moi. J’eu réellement connaissance, conscience de moi-même. Le matin suivant, face à la variété de la vie quotidienne, je sus que ma compréhension de l’Etre était une réalité. La vie coulait sans interférence de l’ego. Je me trouvais dans une paix incomparable. Toute séparation entre vous et moi disparut dans l’Unité. Je me connus dans l’immédiat de l’instant présent, dans une liberté, plénitude, une joie pure. Je ressentais une totale gratitude et non un sentiment traversé d’affectivité. Mon maître m’avait donné la compréhension de la vérité, j’en vivais la lumineuse réalité".

Extraits de L'insondable silence - Éditions Les Deux Océans.

Mumbay

Comments

[Robert D]

Merci Chantal...

J'ai été très ému par votre témoignage, comme beaucoup d'autres lecteurs de ce blog sans doute.

J'ai déjà téléchargé des textes de Karl Renz sur mon Kindle, je suivrai aussi votre conseil. Promis.

R.

[chantal geffroy]

a Robert à qui j'ai exposé m'a manière d'être... parfois écouter quelqu'un comme Fabrice Midal "foutez vous l a paix" ou acheter comme moi ce matin au supermarché,yoga magazine je souris un peu mais bon 8 postures simples pour faire face à la perte article page 74 les filles y sont très jolies ce sera au moins un petit réconfort ! j'ai parlé des larmes mais dans le deuil il y a aussi le rire, les souvenirs joyeux... Et pour ma pomme, les rêves...le yoga impossible pour moi yoga= joie ! dans les moments de blues je jardine, vivant en HLM la ville me prête du terrain autour des batiments...la vie continue...Eric Baret et Jean Marc Mantel ont eu la gentillesse de me parler au téléphone, mais les approches proposées avec l'écoute m'insupportaient...voilà salut

[Robert D]

J'ai l'impression d'avoir écrit beaucoup d'âneries aujourd'hui et je n'irai pas plus loin.

Jeff Foster m'a permis de comprendre intuitivement que la dualité samsara/nirvana n'est qu'une dualité parmi d'autres, ce qui n'est pas négligeable, mais j'aurais tendance à lui reprocher de mélanger un peu trop facilement ces deux notions dans le monde phénoménal. (et ce n'est pas un cas isolé).

Je crois que pour lui "ce qui est" doit être compris au sens courant du terme.

Sinon il est incomparablement plus "compassionel" que moi, je dois le reconnaître.

Merci à Didier pour sa suggestion !

[Robert D]

J'ai oublié de répondre à la question de Sylvain "où avez-vous lu..."

Je citerai un seul exemple : Le titre d'un ouvrage de Jeff Foster, "Tomber amoureux de ce qui est".

Si cela ne signifie pas "de tout ce qui est" alors cela n'a aucun sens à mon avis...

[Robert D]

Je sens bien qu'il y a quelque chose de biaisé dans ce que j'ai écrit, mais je n'arrive pas très bien à voir où.

Cela dit je n'ai pas voulu dire qu'un être authentiquement éveillé pourrait être émerveillé par une scène d'horreur. C'est justement l'inverse que je voulais souligner.

Mais dans ce cas l'idée d'un "tri sélectif" entre les phénomènes aimables ou détestables me paraît

relever de la dualité.

Comment peut-on accepter de se fondre sans réserves dans l'Un s'il est capable de produire de telles horreurs ? Cela fait des années que cette question me taraude...