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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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4 juillet 2016

Touché de compassion

 

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Au XVIIIème siècle, Bernard Mandeville déclarait dans la Fable des Abeilles :

« J'ai souvent pensé que sans cette tyrannie que la coutume usurpe sur nous, les personnes d'un naturel bon et débonnaire ne se résoudraient jamais à tuer autant d'animaux pour leur nourriture journalière, tandis que la terre fertile prendra soin de fournir abondamment à ses enfants une variété de productions exquises, propre à les entretenir. Je sais que la raison n'excite la compassion que bien faiblement. Ainsi ne suis-je point surpris que les hommes aient peu de pitié de créatures aussi imparfaites que les écrevisses, les huîtres et les pétoncles. Les poissons sont muets ; leur formation intérieure, ainsi que leur figure extérieure, diffèrent de la nôtre ; ils n'expriment pas la douleur que nous leur faisons ressentir, d'une manière qui frappe nos organes : il n'est donc pas surprenant, si leur affliction ne nous touche pas.

Pour être ému par la pitié, il faut que les symptômes de la misère frappent immédiatement nos sens. (…) Mais il y a des animaux plus parfaits, tels que sont la brebis et le bœuf, dont le cœur, le cerveau et les nerfs diffèrent très peu des nôtres. (…) Il m’est impossible de concevoir comment un homme, qui n’est pas endurci dans le sang et dans le carnage, peut voir sans peine la mort violente et les longues angoisses de ces innocents animaux. (…)

Peut-on, sans être touché de compassion, se représenter un bœuf déjà grand, quoiqu’encore jeune, renversé et tout étourdi d’un dizaine de grands coups qu’il a reçu de son bourreau ? Sa tête armée est liée avec des cordes contre la terre. On lui fait au gosier une plaie large et profonde. Quel mortel peut entendre sans compassion ses douloureux mugissements, interrompus par le sang qui coule à grands flots ? Qui peut ouïr les soupirs amers qui marquent la violence de ses angoisses, et les gémissements profonds qu'il pousse ? Voyez son cœur encore vif palpiter. Jetez les yeux sur ces membres, qui par de violentes convulsions tremblent et s'agitent. Son sang fumant ruisselle, ses yeux deviennent obscurs et languissants. Contemplez ses abattements, ses abois, et les derniers efforts qu'il fait pour s'arracher à une mort qu'il ne peut éviter ; mouvements qui sont des marques assurées de la fatalité de sa destinée qui approche. Quand une créature donne des preuves aussi convaincantes, et aussi incontestables des terreurs qu'elle éprouve, des douleurs et des tourments qu'elle ressent, peut-il y avoir des sectateur de Descartes si endurci au sang, qui saisi de compassion n'abandonne la ridicule philosophie de ce vain raisonneur ».

Texte lu sur http://lerefletdelalune.blogspot.fr/

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