Cette vision opère au-delà du temps

Un lecteur du blog me pose cette question :

"Bonjour

est-ce que la vision de sa vraie nature change avec le temps?

Est-ce qu'elle s'approfondit?

Merci."

Bonjour

J'appelle vision de sa vraie nature l'éveil à la vacuité nue dans laquelle le monde jaillit.

Cette vision opère au-delà du temps; elle ne change pas, ni d'ailleurs ne reste constante. Elle apparait pour la première fois maintenant, et n'est en rien concernée par la durée. 

D'où le sentiment de nouveauté de cette expérience même, d'étonnement.

Nul ne peut dire depuis combien de temps il voit sa vraie nature: un mois, dix ans, 30 ans car Cela se saisit lui-même en cet instant premier. Il n'y a pas d'expert ici, et celui qui voit pour la première fois la vacuité la voit toute entière car c'est alors la vacuité qui s'éveille à elle-même toute entière.

Les pensées changent, les désirs et les émotions changent, le monde aussi, mais la vacuité se tient à l'Origine et à la Fin de tout.

Ce qui s'approfondit peut-être c'est la capacité de vivre dans le quotidien en harmonisant le temps et l'éternité, le plein et le vide, le multiple et l'Un. Ce qui s'approfondit sans cesse, c'est l'unité vécue de cette union qui s'appelle l'amour.

Merci.

jlr

Comments

[georges]

Personne ne doit disparaître . Qui pourrait disparaître ? Simplement voir que la pensée crée une structure . Un pseudo réel . Soit ce pseudo réel est pris pour être la réalité. Soit la réalité est ce qu'elle est et personne ne peut savoir ce qu'elle est . Mais elle est et ce que tu es est la réalité! ! Il n'y a pas de mental . Celui ci est une création . A tout moment la conscience peut éclairer l obscurité qu'elle se crée elle même au moyen de la pensée. La conscience est ce qui est . La pensée est une structuration issue de l'intelligence . Elle est tissée de rêves et de symboles . Le monde entier est tissée de rêve et de symboles . Il n'y a pas de monde , pas de tout le monde non plus . Il n'y a que ce qui n'a jamais commencé. Ce que tu es .

[Dominique]

Il est impossible (mais aussi parfaitement possible) de répondre à ces deux questions car changer, s'approfondir sont deux verbes qui supposent un processus, donc une chose qui se modifie avec le temps. Pour savoir si la vision sans tête change, il faudrait que j'en aie le souvenir d'il y a cinq minutes ou trente six ans et cela suppose aussi que la vision sans tête est une chose, chose qui pourrait changer comme le font toutes les choses sans exception. Or les « expériences » de Douglas montrent que la vision, c'est le non-temps, que c'est une non-chose. Donc la vision en elle-même ne peut pas changer, ni s'approfondir. Je (le mental) ne peux en avoir aucun souvenir. La vision est éternelle et immuable, bien que les perceptions des choses changent tout le temps. Seul le mental, qui compare, peut se demander si la vision change. Il voudrait s'assurer, être certain, que la vision ne change pas, car il imagine qu'il est le possesseur de cette chose (et en tant possesseur il est inquiet, et voudrait que ses possessions soient éternelles). Or, étant non-chose, non-temps, la vision n'est possédée par personne. Elle n'est pas ma propriété, ni celle de personne. Elle est insaisissable, imprenable. Elle est, c'est « mon » propre et le propre de tout le monde, mais ce n'est pas « ma » possession, ni la possession de personne. C'est plutôt l'Être qui me possède, mais qui possède aussi tout et en particulier toutes les perceptions qui fabriquent le monde changeant. Etant éternel et immuable, l'Être n'a pas peut de perdre son monde, car il le perd naturellement constamment. Mais, en réalité, il ne le perd pas du tout, puisque le monde n'est pas, n'existe pas. Comme disait magnifiquement Douglas : «  Voir ce que l'on est, ça coûte le monde entier. » Je dois disparaître pour révéler l'Être.