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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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28 janvier 2016

Thomas Traherne : Wonder

Douglas Harding m'a fait connaitre Thomas Traherne, le poète métaphysicien anglais (1636-1674).

Traherne parle merveilleusement bien de la Vision de notre vraie nature, de l'éblouissement du monde qui peut surgir quand il est vu à partir de notre Source.

Dans cette vision "d'ange" , Traherne voit le monde à partir de la conscience (sense), il en est frappé de stupeur; les objets brillent; les limites de son moi tombent et il se retrouve vaste, sans limite. Alors, il nait à une vie nouvelle, faite de félicité (Bliss), de beauté (beauty) et d'innocence. L'amour emplit son coeur et le monde, les êtres humains, et les objets deviennent une part de son être même.

Sans doute, l'éveil n'a pas toujours une telle intensité extatique, mais il l'a parfois, comme un feu qui grandit soudainement et qui embrase le monde.

Voici la première traduction en français ( à ma connaissance) d'un de ses textes les plus connus : Wonder
Là je me suis fait aidé d'une amie, agrégé d'anglais (I.D.), parce que certains passages sont difficiles.

Je remercie I.D. chaleureusement.

ciel-etoile-nuit

"Émerveillement

On aurait dit un ange quand je suis descendu
Comme tout ici est brillant
Quand parmi Ses œuvres je suis apparu la première fois
Comme leur gloire m'a couronné
Le monde ressemblait à son éternité
Dans laquelle mon âme se promenait
Et tout ce que je rencontrais
Engageait conversation avec moi.

Les cieux dans leur magnificence
Le bel air si vivant
Comme il était divin, doux, tendre, enchanté
les étoiles réjouissaient ma conscience
Et toutes les œuvres de Dieu si brillantes et si pures
Semblaient si riches et si grandes
Comme si pour toujours je dusse les trouver parfaites.

Une santé et une innocence toute neuves
Grandissaient au cœur même de mes os
Et pendant que Dieu me montrait toutes ses gloires
Je sentais une énergie dans ma conscience
Qui était tout esprit
Moi à l'intérieur d'elle
Je m'y coulais comme du vin au sein des océans de la vie.
Dans le monde, je ne connaissais rien qui ne fut divin.

Toutes les choses dures, écorchées étaient cachées : querelles, agressions, larmes et cris
Les péchés, les chagrins, les plaintes, les querelles, les yeux qui pleurent ;
Seul m'était révélé
Ce que les esprits du ciel et les anges chérissent :
L'état d'innocence et la félicité, pas le commerce et la pauvreté,
remplissaient ma conscience.

Les rues étaient pavées de pierres d'or
Les garçons et les filles m'appartenaient
Et comme leur beau visage brillait
Les fils des hommes étaient des saints,
Dans la joie et la beauté, ils m'apparaissaient
Et tout ce que je trouvais ici
avec ma vision d'ange
décorait la terre.

Partout je voyais riche diamant et perle d'or
Partout mes yeux appréhendaient
de rares splendeurs jaunes, bleues, rouges, blanches et vertes
La stupéfaction était ma félicité
Cela et ma richesse étaient partout
Pas de joie pour cela!

les objets faits par l'homme et maudits
avec l'envie, l'avarice
Et la fraude, ses ennemis qui empoisonnent le paradis
Fuyaient la splendeur de mes yeux
Et aussi s'enfuyaient les haies, les fossés, les limites, les bornes
De tout cela je ne rêvais en rien
Mais je me promenais au-dessus des terres humaines
Et y trouvais le repos.

Les objets eux mêmes m'appartenaient ;
Les haies devenaient ornement ;
Les murs, boites, coffrets et leur riche contenu
Ne diminuaient pas mes joies, mais les enrichissaient
Habits, rubans, bijoux, dentelles, j'estimais mes joies par d'autres portées
Car pour moi, il semblait que tous les portaient
Lorsque je suis né.

Wonder"

   

How like an angel came I down!
How bright are all things here!
When first among his works I did appear
O how their glory me did crown!
The world resembled his eternity,
In which my soul did walk;
And ev'ry thing that I did see
Did with me talk.

The skies in their magnificence,
The lively, lovely air;
Oh how divine, how soft, how sweet, how fair!
The stars did entertain my sense,
And all the works of God, so bright and pure,
So rich and great did seem,
As if they ever must endure
In my esteem.

A native health and innocence
Within my bones did grow,
And while my God did all his glories show,
I felt a vigour in my sense
That was all spirit. I within did flow
With seas of life, like wine;
I nothing in the world did know
But 'twas divine.

Harsh ragged objects were conceal'd,
Oppressions tears and cries,
Sins, griefs, complaints, dissensions, weeping eyes
Were hid, and only things reveal'd
Which heav'nly spirits, and the angels prize.
The state of innocence
And bliss, not trades and poverties,
Did fill my sense.

The streets were pav'd with golden stones,
The boys and girls were mine,
Oh how did all their lovely faces shine!
The sons of men were holy ones,
In joy and beauty they appear'd to me,
And every thing which here I found,
While like an angel I did see,
Adorn'd the ground.

Rich diamond and pearl and gold
In ev'ry place was seen;
Rare splendours, yellow, blue, red, white and green,
Mine eyes did everywhere behold.
Great wonders cloth'd with glory did appear,
Amazement was my bliss,
That and my wealth was ev'ry where:
No joy to this!

Curs'd and devis'd proprieties,
With envy, avarice
And fraud, those fiends that spoil even Paradise,
Flew from the splendour of mine eyes,
And so did hedges, ditches, limits, bounds,
I dream'd not aught of those,
But wander'd over all men's grounds,
And found repose.

Proprieties themselves were mine,
And hedges ornaments;
Walls, boxes, coffers, and their rich contents
Did not divide my joys, but all combine.
Clothes, ribbons, jewels, laces, I esteem'd
My joys by others worn:
For me they all to wear them seem'd
When I was born.

Thomas Traherne

Commentaires
J
Sublime texte. Merci pour la traduction ! <br /> Il y a aussi cet autre poème magnifique que je vous livre ici :<br /> <br /> THOMAS TRAHERNE<br /> Mon esprit<br /> <br /> J’étais ma vie toute simple, toute nue.<br /> Cet acte si fortement brillait,<br /> Sur la terre, la mer, le ciel,<br /> Qu’il était la substance de l’esprit.<br /> J’étais le sens lui-même.<br /> Je ne sentais ni impureté ni matière dans mon âme,<br /> Ni bords, ni limites comme nous en voyons<br /> Dans un vase ; mon essence était : capacité.<br /> Cela sentait toutes choses.<br /> La pensée qui jaillit<br /> De là est son moi lui-même ; cela n’a pas d’autres ailes,<br /> Pour s’épandre dehors, ni d’yeux pour voir<br /> Ni de paires de mains pour toucher,<br /> Ni de genoux pour s’agenouiller.<br /> Mais étant simple comme la divinité,<br /> Dans son propre centre, est une sphère,<br /> Non limitée, mais présente partout.<br /> <br /> Il n’agit pas à partir d’un centre vers<br /> Son objet qui serait éloigné,<br /> Mais est présent partout où il va,<br /> Pour contempler l’être qu’il regarde ;<br /> Quoi qu’il fasse,<br /> Il ne se meut pas par une autre machine,<br /> Mais par lui-même et de lui-même manifeste son activité.<br /> <br /> Son essence se transforme en un acte<br /> Véritable et parfait.<br /> Et d’une façon si précise,<br /> Dieu est apparu dans ce fait mystérieux,<br /> Que cela est tout œil, tout acte, toute vue ;<br /> Oui, qu’il peut être ce qu’il veut,<br /> Non pas seulement le voir<br /> Ou le faire : car il est plus protéiforme que la lumière,<br /> Qui peut prendre dix mille aspects,<br /> Revêtue de ce qu’elle orne elle-même.<br /> <br /> Ceci m’a rendu co-présent toujours<br /> Avec tout ce que j’ai pu voir.<br /> Un objet, s’il était devant<br /> Mes yeux, était par la loi de la nature<br /> À l’intérieur de mon âme. Ses ressources<br /> Étaient tout aussitôt à l’intérieur de moi : tous ses trésors<br /> Étaient mes plaisirs immédiats et internes,<br /> Joies substantielles qui informaient mon esprit.<br /> De tout ce qu’elle fabriquait<br /> Mon âme était chargée,<br /> Et tout objet dans mon cœur engendrait<br /> Ou était une pensée. Je ne pouvais pas dire<br /> Si les choses<br /> Apparaissaient là elles-mêmes,<br /> Elles qui dans mon esprit semblaient résider :<br /> Ou si mon esprit, avec son pouvoir de se conformer les choses,<br /> N’était pas précisément tout ce qui brillait là.<br /> <br /> Mais pourtant de ceci j’étais très sûr,<br /> Qu’à la distance la plus grande<br /> (Si digne est-elle de s’étendre)<br /> Mon âme pouvait le mieux exprimer sa force :<br /> Elle était si vive et pure,<br /> Que mon esprit était entièrement partout ;<br /> Quoi qu’il vît, il était réellement là-bas ;<br /> Le soleil, à des millions de lieues, était près ;<br /> L’étoile la plus lointaine<br /> Bien que vue de loin,<br /> Était présente dans la prunelle de mon œil.<br /> C’était là-bas qu’était ma vue, ma vie, mon sens,<br /> Ma substance, mon âme elle-même.<br /> Mon esprit brillait,<br /> Précisément là-bas, non par une influence transitive<br /> L’acte était immanent, et pourtant là-bas,<br /> La chose était éloignée, et pourtant sentie précisément ici.<br /> Ô Joie, ô miracle et délices,<br /> Ô mystère sacré,<br /> Mon âme un esprit vaste et brillant,<br /> Une image de la divinité,<br /> Une lumière très substantielle !<br /> Cela était la plus grande chose, qui semble n’être rien.<br /> Eh oui, c’était mon tout. Je n’estimais rien<br /> Que cela seul. Une sphère étrange, une sphère vivante,<br /> Un profond abîme<br /> Qui voit et est<br /> Le seul lieu adapté à la béatitude céleste.<br /> Il est si proche de son Créateur<br /> En amour et en excellence,<br /> En vie et en sens,<br /> En valeur et en structure spirituelle, il lui est si cher <br /> Que sans hyperbole,<br /> Il est reconnu pour son fils et son ami.<br /> <br /> Un étrange orbe très étendu de joie céleste<br /> Procédant de l’intérieur,<br /> Qui de tous côtés déployait<br /> Sa force ; et étant proche parent<br /> De Dieu, de tous côtés<br /> Se dilatait instantanément,<br /> Et pourtant restait un centre indivisible,<br /> Embrassant en soi l’éternité.<br /> Cela n’était pas une sphère,<br /> Et pourtant se révélait<br /> Unité, infinité : C’était quelque chose qui était partout,<br /> Et sur tout ce qu’il avait le pouvoir de voir,<br /> Il brillait toujours.<br /> Car c’était un esprit<br /> En acte, s’étendant jusqu’à l’infinité.<br /> Ce n’était pas une sphère, mais un pouvoir<br /> Plus haut et plus durable qu’une tour.<br /> <br /> Ô moi étonnant, ô sphère de lumière,<br /> Emblème très beau du jour,<br /> Ô pouvoir et acte, tout près d’être l’infini,<br /> Tel l’air subtil et illimité,<br /> Ô orbe vivant de vue,<br /> Toi qui es au-dedans de moi-même, mon moi ! Un œil,<br /> Un temple d’une vaste infinité,<br /> Ô quel monde tu es ! Un monde à l’intérieur<br /> En toi se révèlent<br /> Toutes choses, et elles sont<br /> Vivantes en toi, supra-substantielles, rares,<br /> Au-dessus d’elles-mêmes, et proches parentes<br /> De ces choses pures que nous trouvons<br /> Dans le grand esprit de Celui<br /> Qui fit le monde ; maintenant, c’est éclipsé par le péché,<br /> Et pourtant ceci, à l’intérieur de mon esprit,<br /> Je le trouve, quand sur lui je réfléchis.<br /> <br /> CITATIONS de T Traherne :<br /> <br /> "Jamais vous n'aimerez le monde comme il faut, sauf si l'Océan lui-même coule dans vos veines, si vous êtes vêtu par les cieux, et couronné par les étoiles."<br /> ***<br /> "Les pensées, habitudes et opinions des hommes du monde devraient nous être aussi étrangères que si nous étions des petits enfants."<br /> ***<br /> "Pas de bord, ni en haut ni sur les côtés, à mon moi que je vois<br /> Mon essence est Capacité."<br /> ***<br /> "Le monde est plus en moi que Je ne suis en lui".<br /> ***<br /> "N’est-ce pas votre tendance naturelle de dire que le monde est à vous ?"<br /> "Les rues étaient miennes, le temple étaient mien, les gens étaient miens, leurs vêtements, leur or et leur argent étaient miens, tout autant que leurs yeux étincelants, leur peau claire et leur visage rubicond. Leurs cieux étaient miens, tout comme le soleil, la lune et les étoiles, le monde entier étaient à moi."<br /> ***<br /> "Ô richesse de ton infinie bonté qui fait de mon Ame un temple sans fin, hors duquel rien n’existe, où rien ne manque, dont rien n’est éloigné ; mais où toutes choses sont à proximité immédiate de manière réelle, véritable et vivante."<br /> ***<br /> « La croix est l'abîme des merveilles, le centre des désirs, l'écoles des vertus, le théâtre des joies et le lieu de toutes les douleurs. Elle est la racine du bonheur et la Porte du Ciel. De toutes les choses du Ciel et de la Terre, elle est la plus singulière...Si l'amour est le poids de l'âme, et son objet le Centre, tous les yeux et tous les coeurs peuvent se retourner vers cet objet, se fondre en ce centre et par lui entrer dans le repos. »<br /> <br /> cordialement
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