Sur une vision d'Hildegarde de Bingen

Hildegarde de Bingen a été une grande mystique  chrétienne du haut moyen-âge. Née en 1098, elle est morte en 1179.

Elle commence à 43 ans à consigner les visions qu'elle a depuis l'enfance, dans un livre qu'elle nomme : Scivias

Un de ses dessins me semble  évoquer symboliquement la Vision Sans Tête. Elle accompagne ce dessin du commentaire suivant : "Je vis une sorte de grande montagne ayant la couleur du fer : et, sur cette montagne, trônait un être d’une si grande clarté que sa clarté éblouissait ma vue (...). Et, devant lui, au pied de cette montagne, se tenait une silhouette, toute recouverte par des yeux (...): et, devant elle, une autre silhouette, de la taille d’un enfant, revêtue d’une tunique jaune pâle et de chaussures blanches, sur la tête de laquelle, depuis celui qui trônait sur la montagne, descendit une si grande lumière que je ne pouvais voir son visage. "

Voici le dessin :

En effet, nous voyons d'abord une femme sans visage et le corps couverts d'yeux. C'est comme si cette femme était devenue pur regard.

Et à coté, nous voyons une silhouette de la taille d'un enfant qui n'a plus de tête et dont la tête est remplacée par le Christ en gloire lui-même. La présence de l'enfant nous rappelle que c'est dans une certaine fraîcheur et naïveté que nous pouvons retrouver la source.

Or dans l'expérience de l'éveil, c'est exactement ce qui se produit : l'identification au visage disparait ; notre être tout entier devient pur regard, et en place de notre tête, nous nous éveillons à une lumière incréée, que les chrétiens appellent Christ.

Plus loin, Hildegarde explique que pour elle, la silhouette sans tête qui est de la taille d'un enfant, symbolise la pauvreté en esprit qui est baignée des richesses célestes. Le corps couvert d'yeux symbolise le regard qui empêche d'oublier Dieu et sa loi.

Je ne peux m'empêcher de voir dans ce dessin une intuition consciente ou pas de la Vision de sa vraie nature.

jlr

 Musique d'Hildegarde

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[Barbier]

Parfois les rochers vont en file indienne

Vers un lieu inconnu

Un chant d'outre-ciel leur ouvre le chemin

Une main se donne à une autre main

Un sourire change d'orage

Tout devient nucléaire dans l'entre-deux

Entre ce qui fut et ce qui sera

La Présence prend son bain