Question : Et alors ?
Un lecteur du blog m'écrit :
'Je regarde encore et encore à la source du regard. J’inverse la flèche de mon attention…je vois cette absence. J’ai une grande confiance dans la voie de D. Harding. Mais Mais…j’ai envie de dire « et alors » (comme dit dans l’article précédent). Je n’ai pas le déclic. Je ne l’ai pas non plus en voyant cette magnifique peinture et en lisant vos commentaires.
Il y a juste une petite voix qui me dit « c’est normal que tu ne vois pas de tête ici… ». c'est tout.'
Pour certaines personnes, la découverte de cette vacuité est soudaine et renverse l'existence de fond en comble (ce fut mon cas); la question "Et alors" ne se pose tout simplement plus parce que il est alors évident que la vie est désormais nouvelle. L'observateur a disparu. Le moi n'est plus dans le centre de la perception. La conscience s'est à la fois, élargie (plus de limites corporelles), vidée (plus de je au centre) et remplie (plus d'intérieur et d'extérieur).
Mais je comprends aussi que cette découverte puisse livrer ses secrets d'une autre manière, plus graduellement sans doute. Je ne suis pas sûr qu'il faille attendre un déclic; car cette attente nous remet dans le temps, dans le futur et nous fait manquer ce qui est ici et maintenant.
C'est tout simple : qui regarde? J'inverse la flèche de mon attention et je constate que rien ne regarde.
la vision c'est donc constater que personne ne regarde, personne n'entend, personne ne goute etc...
Vous dites "c'est normal: je ne vois pas de tête ici"; mais il me semble que dans ce que vous dites il y a un "je" qui se dit "je ne vois pas de tête". L'individu se maintient ainsi au centre de la perception.
Continuez de chercher le spectateur, ou plutôt constatez qu'il n'y a pas de spectateur. Telle est la vision ( et l'audition...).
On peut tout aussi bien dire : la conscience est tout ce qui est. Car le vide est éveillé et plein; il est.
merci
jlr