Zéro distance par François Matton

Dessin F.Matton

"Il y aurait donc (je n'en crois rien) une ligne tracée on ne sait trop où dans l'eau, avec "moi" d'un côté, vivant avec la conviction d'être tout se qui se trouve à l'intérieur de cette ligne, et la croyance symétrique que tout ce qui se trouve à l'extérieur n'est "pas moi" — extérieur que nous appelons "le monde". Autrement dit le monde est tout ce que nous ne sommes pas. C'est gai. 

Je ne vois pas du tout les choses selon cette pespective clivée. Je ne vois aucune ligne, aucune limite au-delà de laquelle "je" m'arrête et le monde commence. Cette démarcation me paraît complètement arbitraire et passablement fausse. Si je m'en remets à mon expérience directe, les objets de perceptions ne se divisent pas plus en "intérieurs" et extérieurs" qu'en "ici" et "là-bas". Tout m'apparaît à zéro distance. Qu'il s'agisse des sensations de mes jambes ou du vrombissement d'une voiture.

Ce renversement de perspective fonde à mes yeux la dimension révolutionnaire et libératrice de l'expérience poétique."

François Matton

http://francois-matton.over-blog.com/2014/02/z%C3%A9ro-distance.html

Comments

[franck]

"Il y aurait une ligne tracée avec d'un côté un intérieur appeler "moi" et de l'autre un extérieur appeler "pas moi" extérieur que nous appelons "le monde".

Ecrit comme ça, cette fois je comprend mieux que de l'extérieur dont je ne croyais pas être est en tout point identique à l'intérieur dont je croyais être.

Merci François pour ce beau témoignage emprunt de poésie qui remet j'en suis sûr le compteur des distances à zéro.