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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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15 septembre 2012

Pyrrhon ou le refus de l'être

Je reprends mes cours de philosophie pour adultes le

lundi 1er octobre à 19h30

Nous commencerons cette année par Pyrrhon (360, 275 av JC), le sceptique.

Pyrrhon est un penseur profondément original, assez proche de Nagarjuna. Pour lui, comme le montre Marcel Conche dans sa remarquable étude (Pyrrhon ou l'apparence) il y a juste l'apparence des choses, pas d'être, pas de néant non plus; pas de fondement au monde, mais juste la pure apparence absolue.

Pour la plupart des philosophes de l'antiquité, l'apparence des phénomènes est l'apparence d'un caché, d'un réel à connaitre au-delà du voile de l'erreur et de l'opinion. par exemple, le réel est pour Parménide l'Etre, pour Platon les Idées, pour Démocrite ce sont les atomes, pour les stoïciens le Logos etc...

"Pyrrhon soutenait qu’il n’y avait ni beau, ni laid, ni juste, ni injuste, que rien n’existe réellement et d’une façon vraie."

Ainsi pour Pyrrhon, il n'y a rien au-delà de l'apparence, aucune Réalité cachée qu'il faudrait chercher à connaître.

De plus, l'apparence n'est pas là pour un "sujet"; elle est au-delà même du" sujet" et de "l'objet."

Et de cette apparence , il n'y a rien à dire car les mots en réifiant, chosifiant le flux des apparences les transforme en autant d'étants réels.

kaleidoscope1

 

Voici un extrait du commentaire de Marcel Conche sur Pyrrhon

 

"L'opposition de l'apparent et du caché est une opposi­tion de sens commun, et les philosophies qui se bornent à la reprendre restent en cela dans la dépendance de proto­évidences du sens commun. Mais Pyrrhon met en question, de façon radicale, cette opposition même. Les apparences, qui, pour le sens commun, sont apparences sur fond d'être et de vérité, se résolvent en apparences pures. (...) L'opposition de l'apparence et de l'être ne peut se résoudre au profit de l'être, car l'apparence est inéliminable, mais elle peut se résoudre au profit de l'appa­rence, car l’ « être » n'est qu'un mot.

Il en résulte, évidemment, que la philosophie de Pyrrhon n'a rien à voir avec un relativisme ou un subjectivisme, car l'un et l'autre supposent maintenue, dans la sphère totale, la scission à laquelle Pyrrhon veut mettre fin. Les notions de « sujet », d'« état du sujet », d'« affection sub­jective », etc., ne servent qu'à nous séparer des choses mêmes, à nous maintenir dans la séparation d'avec la « vérité ». Mais il n'y a, chez Pyrrhon, aucune séparation telle que celle du « subjectif » et de « l’objectif ». Dès lors, en effet, que les apparences ne recèlent aucun fond caché, il n'y a rien en elles qui leur permettrait de se poser en « êtres », et il n'y a donc pas de « pôle » suscep­tible de correspondre, à titre d'« objet », à cet autre pôle que serait le « sujet ». Les apparences ne sont ni des apparences-de, ni des apparences-pour, mais des apparences en elles-mêmes. On dit bien : « telle chose m'apparaît », mais ce à quoi renvoie l'apparence se résolvant à son tour en apparences, l'apparence ne renvoie qu'à elle-même." Marcel Conche.

 

pyrrhon

Commentaires
O
pour revenir à Pyrrhon, il n'y a RIEN "au delà" de quoi que ce soit... "Cela" comme tu dis, n'est pas plus ceci que cela... et ceci ou cela existe en tant que pure Apparence, c'est-à-dire que tout a la réalité de son existence apparente, avec toutes ses particularités, mais n'a pas de "valeur" ou de "vérité" ontologique, (c'est ce qui différe avec de nombreuses voies spirituelles) et c'est ce qui dépouille spontanément toute la soif de désir ou d'aversion habituels à tout mode d'existence réifié (à laquelle on confère une réalité propre, autonome, un 'être' en soi)... et rejoint finalement, il me semble, les Paroles originelles de Bouddha dont les 'lois' d'impermanence et d'interdépendance sont le "coeur" de la Vie et de l'Univers Total... si l'on plonge sans restriction dans l'impermanence, elle pourrait bien être "vue" (comprise intuitivement et sensitiviement) comme la seule "stabilité" et "légèreté" possible et vivante, légèreté dans le sens de dépouillé de sa lourdeur (induisant le besoin d'un ailleurs, d'un autre plan, d'un Etre, d'un Dieu, d'une Conscience ayant réalité propre...)
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I
Bien sûr les mots vide,vacuité,sans forme,conscience sont des concepts.<br /> <br /> Disons que ce que nous sommes n'est pas conceptualisable.Nous ne sommes "rien" parce que c'est non imaginable.C'est pour cela que l'on utilise des concepts et métaphores.Ce n'est pas mauvais pour autant.Cela ne change pas ce que nous sommes.Ce-qui-n'est-pas-conceptualisable est.Ce n'est pas caché,c'est ce que nous sommes,"ici" et maintenant.Ainsi ce n'est pas vu.En effet "ce qui n'est pas conceptualisable" ne peut se "voir". <br /> <br /> Comment le pourrait-il? Il ne peut que se "déployer"<br /> <br /> à l'infini.Ainsi,il n'a pas de commencement ni de fin.On peut l'appeler Vide,Principe,Conscience,Etre,<br /> <br /> Coeur,Dieu, cela n'a pas d'importance.<br /> <br /> Ce déploiement est "pure perception" et mental.C'est <br /> <br /> ainsi,qui changerait Cela?<br /> <br /> Même "je suis" est un concept.Et,pourtant, au <br /> <br /> "coeur" de "moi-même",je suis,comme un Souffle, au-delà de la respiration,au-delà du corps,au-delà des sons, au-delà des formes, et simultanément, tout cela à la fois.Je pourrais dire aussi ,cette Présence est en "moi" et je suis en Elle.Qu'est ce que ça fait ? Cela ne change pas ce "je ne sais quoi" qui est, que je suis, que nous sommes.<br /> <br /> Une autre métaphore de Nisargadatta:"un point de Conscience qui dessine le monde".<br /> <br /> Vérifions-la, par "nous-mêmes".
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?
Ta Question est qui suis je ?<br /> <br /> <br /> <br /> Qui voit la vacuité ?<br /> <br /> Qui sent la pierre ?<br /> <br /> Qui se prend pour la représentation ?<br /> <br /> <br /> <br /> Toutes ces questions renvoient à la question qui suis-je ?<br /> <br /> <br /> <br /> L'amour inconditionnel ? L'in-formation ? La bonne nouvelle ? La simple félicité d'être ?<br /> <br /> <br /> <br /> De beaux concepts vous me direz. Je crois pour ma part que c'est tout simplement ce qui est (et ces "concepts" l'indiquent). Simplement, comme nous avons tendance à nous payer de ces mots, à trop les sacraliser en les sacralisant, à les réduire aux lettres, on tue l'esprit qui est sensé les animer.<br /> <br /> <br /> <br /> Stephen Jourdain : "Le sacré, quand il est vrai n'a qu'une envie : cracher sur la sacralité" (et, on pourrait ajouter : et l'autorité qui va avec)
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O
de langage, tout à fait conventionnel dans l'expression d'un ressenti intuitif, d'un vécu...<br /> <br /> L'apparence est spontanée, libre car "vidée" d'une métaphysique qui creer l'idée (ou l'impression) d'une Nature absolue (meilleure, ou à unifier, ou à atteindre etc...) <br /> <br /> Comme tu dis Isa, "le Divin n'est pas une chose"... ni une non-chose...
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I
"S'il avait une nature,il serait ce qu'il serait et pas autre chose.Il n'y a donc pas de nature de divin".<br /> <br /> <br /> <br /> oui, mais en fait le "divin" n'est pas une chose.Il est parcequ 'il ne peut pas aller au-delà de lui-même,n'étant rien.D'ailleurs,il est ce qu'il est justement,pas autre chose.<br /> <br /> <br /> <br /> "Le silence Vivant de toute apparence" n'est ce pas un concept remplaçant un autre concept?
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  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
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