La vérité dans le torrent

T'oueng-chan était un maître chinois du IX^e siècle.

Un jour qu'il traversait un torrent, il vit son reflet dans l'eau. Il composa aussitôt le poème suivant :

"Ne cherche pas la vérité chez les autres :

Elle s'éloignera de plus en plus de toi.

Je vais seul maintenant

Et je la rencontre partout où je regarde.

Elle n'est autre que moi-même,

Et pourtant, je ne suis pas elle.

Quand je comprends cela,

Je suis face à face avec Tathata (l'ainsité)."

(Ma Yuan, T'oueng-chan traversant le torrent, peinture, Chine, xiiième siè­cle, Musée national, Tokyo.)

Tous les jours en regardant mon miroir, je vois mon apparence. Pourquoi s'identifier à ce reflet?

Il me montre, non ce que je suis, mais ce que je ne suis pas.

AH AH!

jlr

Comments

[Eric Delmas-mars]

bas les masques en quelque sorte. :)

[Duc]

j'ai remarqué que quel que soit "la posture" que nous voulons adopter ==> immédiatement la vie se charge de nous faire redégringoler au niveau de la sincérité et la justesse.



Il y a une dixaine d'année (peut être + je ne sais plus) j'avais discuté avec un collègue dans une boite où je bossais. Un type très intéressé par le bouddhisme puisqu'il était de parents vietnamiens.



C'est dans la joie qu'on avait pu se rendre compte tout les deux nous vivions en secret une même sourde angoisse lorsque nous étions euphorique un jour car nous avions remarqué que immédiatement après un jour terrible allait s'ensuivre.



Ca nous avait rendu superstitieux du coup et on était angoissé dès que tout allait trop bien. Vraiment ca nous faisait plaisir de partager ça !... ;)



En réalité maintenant je sais que c'est simplement le fait de la fluctuation des choses de l'impermanence mais aussi de l'attachement aux bons moments (et c'est normal).



Toutes ces petites lois sont bien décrites dans le Bouddhisme mais peut être pas assez clairement.



Donc si doit y avoir une impassibilité devant toutes ces fluctuations elle ne doit pas être pour la galerie mais en soi même. Du style ne plus être dupe des hauts et des bas. C'est + à mon avis un truc de vieux routard qui a du vécu et qui s'en est prit tellement dans la tronche... c'est pas une posture quoi...

[Eric Delmas-mars]

=> "Eric je te préfère et de loin dans le rôle du kabbaliste que dans celui du non duel façon moderne

Car je sens que c'est vraiment toi. Et j'aime bien les particularités quand elles sonnent vrai."



==> Tu as raison, l'ami !

Et d'ailleurs tu contribues à cette clarification et clarté d'expression.

Je vais citer ici un passage de l'écrit de Janssen dont je t'ai parlé plus haut et dont tu sembles avoir écarté la possibilité de lecture, un peu rapidement à mon sens.

Cet extrait devrait te plaire, car il explicite ce vers quoi tu attires souvent notre attention, à savoir le faux semblant de non-dualité qui peut nous égarer dans la recherche de Qui suis-je.



Le voici:

P. 54 : « Le masque de la sérénité



Comme le Masque de l’Amour et le Masque du pouvoir, Le Masque de la sérénité est né de l’une de nos conclusions erronées à propos de la vie. Cette fois, il ne s’agit plus de la nécessité absolue d’être aimé pour survivre ou, au contraire, du besoin de tout dominer sans se préoccuper des autres, mais plutôt de la croyance selon laquelle les dangers et les problèmes disparaissent si l’on parvient à les ignorer. Notre sécurité e t l’estime que nous avons de nous-mêmes dépendent, dès lors, de notre capacité à nous élever au-dessus des difficultés de notre condition humaine.



Nous montrons de la sérénité et du détachement. Il ne s’agit en fait que d’une fuite. Nous sommes incapables de nous engager et tout nous est indifférent. Nous exprimons notre mépris à l’égard des autres – « les simples mortels » - qui combattent même si « cela ne set à rien ». Notre détachement est synonyme de cynisme, il n’ rien de spirituel.



Si nous choisissons d’afficher le Masque de la sérénité, c’est souvent parce que nous n’obtenons pas ce que nous recherchons à l’aide à l’aide du Masque de l’amour ou du masque du pouvoir. Notre incapacité à entrer en contact avec le monde extérieur nous incite à nous replier sur nous-mêmes afin de cacher notre désespoir et notre angoisse. Nous préférons fuir plutôt que de vivre démasqués. D’ailleurs, nous ne connaissons pas d’autre expérience de la vie. Nous n’entrevoyons pas d’autre choix, il faut nous défendre et le meilleur moyen d’y parvenir est de porter un masque. Nous n’avons pas encore osé nous engager sur le chemin de l’observation de soi, celui qui conduit, étape par étape, à la possibilité d’un contact avec soi-même et, de là, avec les autres. »



voilà, Duc. Cet extrait es un peu long, cependant je l'ai placé intégralement afin de respecter à fond le dire de l'auteur.

J'ajoute que cet extrait et le livre en général m'a renvoyé à des vérités décapantes sur moi et mes masques camouflés à ma conscience d'être.



avec joie : Eric

[Eric Delmas-mars]

dans ce message (la "Bonne Nouvelle") et les enseignements spirituels en général, c'est l'actualité que nous (les je réels, authentiques, non bloqué dans des infantilismes) en faisons notre dans la réalité de nos pensées, de nos sentiments et de nos faire.

[Duc]

Il semble quand même que ce soit au départ un judéo christianisme c'est à dire une affaire de Juif à une époque d'attente messianique.



De toute façon c'est une des plus belles histoires de l'humanité. Je suis convaincu que l'exégèse et la recherche historique est en elle même un parcours initiatique.



Il y a de nombreux curés qui se passionnent pour la recherche historique.