Eveil, vide et pensée

Un lecteur du blog me demande :

"Eveil, vide et pensée

Je rend visite régulièrement à votre site, et trop d'informations me submergent sur l'éveil ...
La première question qui m'anime : L'éveil est il un acte intérieur radical (un geste de conscience) sans retour ?
Ou peut-on parler d'éveil 'progressif' dans le sens ou un dévoilement se fait petit à petit ?
Merci
Cordialement"

Je dirai que l'éveil proprement dit est le moment où une bascule défintive a eu lieu, où une certitude s'est installée au centre de la vie. C'est une nouvelle naissance.

Avant, il peut y avoir des éclairs de lucidité, des aperçus de la vacuité, mais l'éveil correspond à une cristallisation qui modifie de fond en comble la structure de l'être. Qui le bouleverse. 

Cependant, même après cette cristallisation, l'éveil peut être plus ou moins au premier plan. Il y a encore des forces (un stress, une intense douleur...) qui peuvent nous replonger en partie dans l'identification, mais en partie seulement car ces moments sont brefs, et le retour est toujours possible et simple.

Il faut affronter des paradoxes.

On ne peut pas vraiment dire : je vois ma vraie nature depuis 10 ans, 10 mois ou dix minutes.Il n'y a aucune durée dans l'éveil. Bien sûr, je peux me souvenir de cet événement qui m'est arrivé le 21 mars 1992,mais c'est un souvenir, une mémoire. L'éveil est maintenant. Seulement maintenant.

ET puis celui qui voit sa vraie nature la voit parfaitement, car c'est la vacuité qui s'éveille à elle-même, la conscience qui se reconnait. AInsi, il n'y a pas de progrès dans la vacuité. Le dévoilement est instantané, car il n'y a aucun voile!

Mais en même temps, il faut "pratiquer" la vision jusqu'à ce que cela devienne naturel de vivre à partir de la vacuité. Cependant c'est une pratique de la non-pratique parce que nous sommes déjà parfaitement éveillés; Il suffit de s'ouvrir à l'évidence, de se reposer dans l'être, de se laisser couler dans la vacuité, de disparaitre dans l'espace...

merci

josé

Comments

[Ozara]

on pourrait dire que le pratiquant devient la pratique et qu'elle n'a pas de fin...

[présence]

" la pratique prend alors fin en meme temps que son pratiquant " ..



et c'est l'aperception , le debut de la véritable méditation .. en quelque sorte ..

[présence]

dans cette citation ramana parle a ceux qui on encore le reflexe d'etre identifé a leurs esprit .. puisque c'est l'esprit qui pense , crois ou imagine , avoir besoin d'une sadana ... d'une pratique ..



et si nous suivons correctement le fil .. on en reviens alors .. a la question " qui je ? " ou " que suis je ? "



la pratique prend alors fin en meme temps que son pratiquant ..

[gerard]

" Les “allers-retours”, c’est seulement dans notre esprit qu’ils se produisent. "



C'est bien cela dont il est question.



C'est l'esprit (son discours « ratiocinant » dirait Ramesh Balsékar) qui surimpose son "interprétation" erronée sur la Vérité immuable et éternelle du Soi universel.

Concernant notre nature (notre identité), l'esprit rajoute et mêle ainsi à la part Réelle de celle-ci : « je suis », une part illusoire (ceci ou cela). Ce mélange est l’erreur à l’origine de la mésentente fondamentale sur notre identité qui nous fait dire avant l’éveil : "je suis ceci ou cela".



Quoique je puisse vivre pourtant, l’expérience directe me montre (du doigt ! par l’exercice de la VST :-) ) que je suis déjà et pour toujours la Réalité non-duelle dans laquelle, tout apparaît, dure et disparaît, y compris l’esprit et a fortiori le corps d’emprunt que j’ai.



La confusion, entre Ce que je suis vraiment (la Vérité du Soi) et ce que je crois être (la même Vérité du Soi immuable mais voilée par « des croyances surimposées par erreur ou par ignorance », vient de l’esprit, et, persiste jusqu’à ce qu’il reçoive l’illumination ou si l’on préfère la Connaissance.



Après l’éveil, ce qui persiste seulement, ce sont certaines croyances si ancrées profondément dans l’esprit et le corps (non encore résolues présentement) qu’elles sont encore capables, dans certaines circonstances, de se réactiver et de nous faire basculer de temps en temps du Soi impersonnel, immuable et éternel au soi personnel, illusoire et éphémère.



Ces "allers-retours" viennent de l’esprit mais se font dans la Conscience elle même, la Conscience sans objet, cet Espace de pure Conscience qui s’ouvre, pour autant que le montre l’expérience, par dessus nos propres épaules et qui dans le même mouvement accueille tout sans la moindre discrimination.



Ramana Maharshi l’explique ainsi : « Une lampe allumée peut s’éteindre si le vent est fort.Si vous voulez la voir briller à nouveau, il faut la rallumer. Cependant, le Soi n’est pas comme çà. Ce n’est pas une flamme qui peut être éteinte par le passage des vents, des pensées et des désirs. Il est toujours brillant, lumineux, toujours là. Si vous n’en n’avez pas conscience, cela signifie que vous avez placé devant lui un rideau ou un voile qui vous en cache la vue. Le Soi ne se cache pas de lui même derrière un rideau. c’est vous qui mettez là un rideau en adhérant à des idées qui sont fausses. Si le rideau s’écarte puis se referme cela veut dire que vous continuez à croire à des idées fausses. Si vous les avez complètement éradiquées, elles ne paraîtront plus. Tant que ces idées recouvrent le Soi, il vous faut encore constamment pratiquer une sadhana. » (sadhana en sanskrit: la voie, la recherche).

[Ozara]

et la pratique devrait plutot liberer la dualité et ses deux extrêmes EN TANT QU'Apparence plutot qu'on 'se' crée une neutralité ou un recul 'dans UN' espace... l'équanimité pourrait bien alors impregner toute chose ET non chose dans sa multiplicité spontanée...