Vacuité et moustiques

Vu ce jour sur la Vache de David

Le monde vu par un moustique (posé sur la paupière d'un physicien autrichien endormi)

Duc se demande où situer les tiques et autres moustiques si tout est dans la conscience, fait de conscience. On peut difficilement faire plus débile qu'une tique... Il se trouve que je suis en train de traduire La Lumière que je suis, de J.C. Amberchele, et j'en arrive au passage suivant :

Tous voient avec l'Œil unique de Celui Qui Voit

D. E. Harding

Quand je suis tombé sur la Voie Sans Tête pour la première fois, je n'avais aucune difficulté à voir la vacuité en mon centre. Mais rétrospectivement je crois que je tenais pour acquis le postulat selon lequel cette vacuité avait en réalité la taille de ma tête, suffisamment petite pour loger dans les limites de cette caboche que je continuais de transporter partout où j'allais.

Ce n'est pas ainsi que sont les choses, bien entendu. Quoi qu'elle puisse être, cette vacuité n'est pas petite. En fait, il n'y a rien dans l'univers, pas même l'univers, qui ne trouvera pas assez de place ici, dans cette capacité vide. Comment pourrait-il en être autrement ? Quoi d'autre qu'un Rien sans limites pourrait accueillir les limites de toutes les choses ?

Ce qui m'amène au moustique que j'ai attrapé dans un bol en plastique l'autre jour. Il avait parcouru le plafond de ma cellule, sans doute qu'il m'examinait comme source potentielle de nourriture facile, mais il s'est finalement posé sur le mur et j'ai réussi à le piéger. C'est alors que je commençais à l'examiner que j'ai réalisé que le moustique percevait son monde comme je percevais le mien. Pas, bien sur, avec le même équipement ni avec les même résultats, ni même du même point de vue, mais bien depuis cette Vacuité grande ouverte que nous sommes tous deux. Ici, ma vision était sans limites ; celle du moustique aussi. Ma vision était vacante, éveillée, impersonnelle, et remplie par la scène ; de même celle du moustique. Et pourquoi ces deux visions étaient une même vision ? Parce qu'il n'y avait rien Ici pour les distinguer ! "Absence de chose"[1], est à prendre au pied de la lettre - pas une chose. "Éveillé" est à prendre au pied de la lettre - éveillé. Il n'y a pas de degrés, pas de quantités ni de qualités Ici. Ma Vacuité n'était pas de la taille d'une tête et le moustique n'était pas de la taille d'un moustique. Il n'y avait qu'une Vacuité indicible à partir de laquelle toute chose surgit et en laquelle toute chose retourne.

Inutile de vous dire que j'ai transporté le moustique hors de ma cellule et je l'ai relâché. Mais juste comme ça, je lui ai demandé de ne plus revenir se nourri sur mon dos.

J.C. Amberchele, The Light that I Am, Notes from the Ground of Being, Non-Duality Press, p. 11

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[1] Jeu de mot : no-thing.

Comments

[Boulam]

"mais je m'emporte... je devient mystique merde !"
Bienvenue au Club !
Salam !

[Duc]

et tous les autres sens aussi.
On pourrait dire que les atomes ou électrons eux aussi "prennent connaissance" de l'UN.

Rupert Spira a très judiscieusement mis l'accent sur tous les autres sens.

L'électrons qui fuit un autre électron est déjà l'UN.

L'un qui se fuit lui même.... c'est ça qui est incroyable.

Selon les scientifiques le monde est né d'une énorme explosion engendrant une énorme expansion et un énorme refroidissement qui a donné naissance au temps, aux galaxies, aux planètes, aux tiques et à nous...

Et tous ce temps, selon moi le but était juste de se regarder, de se sentir exister etc...

De se sentir vivre.

Et certains scientifiques disent même comme les Indiens que l'univers pas par des phases de dilatation et d'expansions.

Il explose et s'effondre sur lui même pour retourner en un point infime. Et il explose à nouveau etc...

Et à chaque fois on peut imaginer qu'il crée de + en + de moyen de se regarder lui m^me.... mais je m'emporte... je devient mystique merde !

[josé le roy]

Oui
notre oeil est l'oeil de l'unique; il y a un unique voyant dans tous les êtres, et nous le sommes.

jlr

[Duc]

Ce point aveugle que nous sommes est le même que celui de notre oeil.
Nous somme l'oeil de L'Unique.
Il ne peut pas se voir puisque c'est lui qui regarde ;).

[Duc]

que la tique elle ne voit rien...
elle sent la chaleur et elle sent l'odeur du mammifère .
Ca se résume à peu près à ca sa conscience.
Elle peut attendre des jours et des jours (des semaines il me semble sans bouger).

Et puis la bactérie ? Et la particule élémentaire ?

Ce que je trouve intéressant entre autre dans la vision sans tête c'est justement qu'elle nous questionne sur ce sens si important qu'est l'oeil dans l'histoire de l'évolution.

En effet, si nous nous plaçons du point de vue de l'évolution il me semble que rien n'avait VU l'univers.

Ca permet aussi de relativiser la vue vis à vis des autres sens.

Donc c'est bien un éveil aux sens et surtout un éveil sur la signification des sens.

Cette démarche, selon moi, doit nous amener à se rendre compte que c'est l'univers qui se regarde lui même.

Et ce n'est pas un délire de mystique ou d'ivrogne... c'est la réalité.

Nous sommes l'univers qui se regarde. Ou pire qui essaye de s'interpréter avec ses outils.

En ce sens on peut dire que l'expérience immédiate quelle quelle soit avec n'importe quel sens est celle de l'unique qui prend connaissance de lui même.

Il n'y a donc aucun besoin d'invoquer dieu car c'est déjà assez incroyable ce que nous vivons.

Je dis que ça doit se passer dans la douleur car nous sommes, comme la tique exilé de l'unique. Artificiellement projeté dans une dualité à laquelle nous somme obligé de croire à cause de notre instinct qui est l'Unique lui même.

Je sais que ces notions ne sont pas forcément très assimilables au début si on n'a jamais médité dessus. Et pourtant c'est très probablement la vérité.

Donc : pas besoin d"invoquer ni l'extase ni dieu jusqu'à maintenant. Le constat est : lorsque nous voyons, sentons goûtons, entendons ect c'est toujours l'Un que nous INTERPRETONS avec la justesse que nous impose notre rôle de mammifère.

Ensuite l'enquête peut se poursuivre dans le domaine du plus subtile mais il faut des preuves.

L'Unique est l'Unique de toute éternité. C'est l'univers. Et c'est aussi nous. Et nous avons ce petit truc incroyable qui nous permet de le regarder. De nous regarder en fin de compte...