Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
Archives
Newsletter
585 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 3 497 112
19 octobre 2010

Un exercice de Stephen Jourdain

J'ai rencontré Stephen Jourdain à plusieurs reprises, à Paris notamment, et j'ai toujours beaucoup apprécié sa parole, sa poésie et sa précision. Il savait transformer les mots en flèches filant droit vers l'éveil, droit vers la liberté et la splendeur du moi.

Voici un petit texte de lui qui nous invite à un exercice d'éveil  :

Stephen_Jourdain

"UN SOI-DISANT GRANIT

Je, personne intérieure, cesserai d'être dans la cons­cience de moi-même à l'instant précis où je commence­rai à ne plus me reconnaître dans ce qui émane de moi et dont je suis l'unique substance, à considérer, à vivre ces productions comme existant par elles-mêmes, indépen­damment et extérieurement à moi, comme une réalité étrangère.
Inversement, je recouvrerai la conscience de moi-même à l'instant où mon propre fait s'affirmera dans la texture de ces soi-disant réalités.


Ceci est une loi, absolue.


— Mais, me direz-vous, dans l'état normal de cons­cience, je me reconnais parfaitement dans l'émanation de mon esprit : je fais la part entre l'imaginaire et le réel, je sais fort bien que l'objet que j'imagine n'est pas un objet vrai, qu'en dernière analyse, il est « moi ».
Oui. — Mais la personne que vous venez de quitter ?
Mais la réalité : Stephen Jourdain, là-bas, chez lui, rue Vavin, en train de boire son café, ou devant sa machine à écrire ?
Mais ce granit : « un jour, je mourrai » ?
Mais le Fait ? L’immense cohorte des Faits ?
Mais ce fait : moi, la personne intérieure..............(1), en train de lire la présente phrase, et nourrissant cette pensée que je nourris, dans ce contexte mental-ci ?
Il faudrait absolument parvenir à percevoir tout cela comme n'ayant aucune consistance propre, comme étant dénué de réalité.
Manifestement, c'est se jeter la tête la première dans la folie. Peut-être, mais c'est, ou bien passer par ici et atteindre « l'éveil », et prendre position dans le « vrai », ou continuer de délirer, au sens clinique de ce verbe.
Également, on peut craindre que l'univers se dissolve. En effet, il y a bien quelque chose d'immense comme l'univers qui va se dissoudre, mais c'est juste cela qui nous prive de l'univers — et de nous-même.
Voici ce qu'à la personne intérieure ................. je suggère de faire :
Commander à l'autre de fermer les yeux, et, dans ce noir, s'intéresser à cela qui présentement lui semble exis­ter à l'extérieur de son terrain propre, hors des limites de cette intériorité. Considérer chacune de ces choses (2) qui lui semblent extérieures et douées d'existence indé­pendante, en se demandant : y a-t-il réellement là quel­que chose qui existe par soi ? ne s'agit-il pas en vérité d'une image que je forme et qui ainsi est « moi », seu­lement « moi », et que je revêts du caractère objectif ? puis-je discerner dans cette chose qui se présente comme étrangère à mon impulsion et à ma vie, un seul grain d'un constituant autre que moi-même ?
— « Exact », répondra la personne intérieure................. après un instant, « c'est une image. — Mais il n'empêche que le Chef de l'Etat existe ».

Soyez assez fin pour voir qu'il se déplace (au moment où vous obtiendriez cette vision» la partie serait virtuel­lement gagnée), et arrachez-lui son masque une deu­xième fois. Il va reculer encore sous l'impulsion d'au­tres « oui» mais... », continuez de le démasquer, en cher­chant à le discerner de plus en plus vite, dans cet ins­tant même où il se reforme plus loin.
A un moment, si Dieu est avec vous, l'évidence totale va jaillir qu'il n'y a jamais eu ici trace d'une chose autre que la solitude de l'esprit de.................., ici ni ailleurs, l'illusion, d'un seul coup, va se révéler et se dissoudre, et l'esprit de..............., selon la loi dont je parlais, s'éveiller à lui-même.

(1) Votre prénom et votre nom.
(2) Le Chef de l'Etat, demain, mon passé, le jour de ma nais­sance, ce pays pour lequel je pars, l'Atome,etc"

Ce que cherche Jourdain avec cet exercice, c'est à nous faire réaliser que tout surgit de la conscience. Rien n'est objectif, indépendant de nous, tout est moi; rien n'est étranger.
Cela est peut-être plus facile à vérifier en effet les yeux fermés, car alors il n'y a que la conscience et des pensées, des sons, des sensations qui apparaissent en moi, surgissent de moi et retournent en moi. Rien n'est extérieur , tout surgit à zéro centimètre de moi-même, en plein cœur de mon être.

Là où cependant je me distinguerai de Jourdain, c'est au sujet de ce qu'il appelle ici la personne intérieure. Dans mon expérience, au centre de moi-même, je ne trouve pas d'individu. La personne avec son nom et son prénom apparaissent aussi dans la conscience sous forme de mémoire, de pensées, de désirs. Au centre, il n'y a ni nom, ni prénom mais une conscience au-delà de toutes caractéristiques individuelles.Mais sans doute n'est-ce là qu'une différence d'accent. Chapeau l'artiste!

jlr

Commentaires
D
douglas, arnaud, stephen..a chacun son guide n'est ce pas :)<br /> <br /> ce qui est rigolo..c'est de se relire après plusieurs années..voir le changement.<br /> <br /> <br /> <br /> du coup, un exellent noel a tous, et merci de vos partages ;)
Répondre
P
tout existe par ce que j'exite
Répondre
T
---) Au centre de moi, j'ai découvert comme Jourdain un "individu" qui veille au sein de lui-même d'une veille infinie. Il n'y a donc pas à perdre la tête mais à lui rendre sa vraie fonction. RIEN n'est à jeter. Voir clair serait déjà bien à ce sujet.
Répondre
T
"Là où cependant je me distinguerai de Jourdain, c'est au sujet de ce qu'il appelle ici la personne intérieure. Dans mon expérience, au centre de moi-même, je ne trouve pas d'individu."<br /> <br /> <br /> <br /> ---) Alors il faudrait peut-être se poser la question si votre méthode permet d'atteindre l'illumination dont parle Jourdain. C'est bien le problème avec les personnes qui pratiquent la vision sans tête... Vous ne vous êtes jamais posé la question pourquoi on parle de "bien suprême", de félicité, d'extase au-delà de toutes choses existantes en ce monde ? Il y a bien un individu et c'est "moi". Et je ne mets pas de "M" ni parle de Soi ou d'absolu. La simplicité même de ce que nous sommes est loin, très très loin des élucubrations de tous les nouveaux "éveillés" de pacotille qui pullulent en ce moment. Et il ne s'agit pas de s'éteindre dans un IMPERSONNEL SUSPECT, très très suspect je dirais. Je commence à exister au moment où je m'’éprouve moi-même comme SUJET disait Jourdain. Qui suis-je ? la réponse c'est "moi" disait Jourdain. C'est bibi. Combien de temps ai-je perdu à lire toutes ses bêtises non-duelles actuelles ??? Certes, c'est fort bien initiatique, mais dès que j'ai lu Jourdain, le choc a eu lieu. La plupart des gens qui pratiquent la vision sans tête, désolé de jeter un pavé dans la marre, mais quand je les observe, je les vois exercer un "contrôle" sur leurs émotions, sur leur posture, sur leur pensée... La personne que je suis est la même qui vit l'extase, la même qui fait caca, la même qui vous écrit en ce moment. Il n'y aucune division. Quand on fait la vision sans tête, le risque c'est que le troisième noeud de la kundalini ne s'ouvre pas.
Répondre
S
Dans le sommeil profond, il y a un germe de Serge en Cela qui le déploie au réveil.Mon réveil individuel ne serait-il pas une réminiscence de Cela ? Lorsque le sentiment individuel de Serge retrouve au réveil sa consistance, il retrouve aussi le monde toujours déjà là. Il y a le constat d'une réminiscence de l'Esprit Monde avant que Serge ne soit en germination. Des pulsions organiques, des sensations, des sentiments et même des idées paraissent avant même que quelque chose ne se déploie pleinement comme sentiment de moi-même. Il y a en Cela la réminiscence de cet Esprit-Monde avant même que <br /> se déploie une mémoire personnelle de Serge qui souvent occulte cette réminiscence. Cette réminiscence de l'Esprit-Monde a lieu en Cela et elle est la matrice de la réminiscence qui me ressuscite au réveil...Ma réminiscence est comme la mémoire de mes rêves qui souvent m'échappent. Ce n'est pas parce que je me réveille sans souvenir qu'il n'y a pas eu de rêve. Ma réminiscence échappe à ma mémoire car elle a lieu maintenant et que sourdissant d'elle je suis toujours en aval dans les flots de la personnalité. Le germe parfum de ma personnalité au sein du sommeil profond est peut-être une expérience qui s'efface comme certains rêves qu'on sait avoir eu mais dont le contenu nous échappe définitivement. Dans le contraste entre Cela du sommeil profond et moi avec toutes mes préoccupations, mes histoires, mon évolution en cours, etc.en et par Cela, le sens de la réminiscence s'efface. Serge ne dure pas mais ce qui en Cela individualise Serge est éternel...Qui sait si un autre individu dans le futur n'aura pas une mémoire directe de Serge comme s'il avait été Serge alors qu'il sait bien ne pas être Serge... Ne serait-ce pas alors un effet de cette réminiscence d'un Esprit-Monde où Cela s'individualise qui se joue au réveil voire à chaque instant ? Le fait que Serge ne dure pas, que son individualisation soit intermittente n'empêche pas le mystère éternel de la réminiscence d'une individualisation en Cela, par Cela et voire avec Cela... <br /> Cordialement,<br /> Serge.
Répondre
Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
  • Ce blog présente la philosophie comme un chemin d'éveil à notre vraie nature. La philosophie n'est pas un simple discours mais une voie de transformation et de connaissance de soi. Ce blog s'inscrit dans l'enseignement de Douglas Harding.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Pages