Ni naissance, ni mort.

Dans le Vivekacudamani, texte de l'advaita vedanta tardif (16ème siècle), on lit

"Na jâyate no mriyate na vardhate
na kshîyate no vikaroti nityah/
vilîyamâne 'pi vapushyamusmin
na lîyate kumba ivâmbaram svayam"

"Il (l'atman) ne nait pas, il ne meurt pas, il ne croît pas
il ne décline pas, il ne change pas, il est éternel
Même si ce corps disparait,
il ne disparait pas de lui même comme dans le pot l'espace (ne disparait pas si le pot disparait)."

Pas de temps :
En nous, il n'y a pas de temporalité en effet.
Ceci n'est pas une croyance, mais une expérience.
Au centre, "je suis" est hors du temps.

Pas de naissance :
Je n'ai pas la moindre expérience d'être né.
Ce n'est pas moi qui suis né, mais le monde nait en moi maintenant.

Pas de changement :
Je suis toujours le même hier comme aujourd'hui, il y a dix ans comme maintenant. Le changement concerne mes gouts, mes idées, mon corps mais pas la présence que je suis.

Pas de mort :
Ce qui n'est pas né, n'est pas davantage concerné par la mort.
Si on brise un vase, l'espace qu'il contient n'est pas brisé. Ne suis-je pas l'espace dans lequel le monde apparait ?
Seules les choses disparaissent, pas l'espace qui les contient.

jlr

photo : Maggs Vibo

Comments

[Eric delmas-Mars]

La controverse est une saine pratique quand elle permet de bousculer nos certitudes fossilisées et d'enrichir par des points de vue sous angles différents et à des niveaux variés.

Cependant, un bémol :
- si la controverse est effectuée seulement pour le plaisir (parfois camouflé) de la controverse, alors elle est stérile.
- Si la controverse prend l'allure de lutte dans le but de démontrer que son point de vue est supérieur à celui de l'autre, elle peut devenir difficilement tolérable.

Aucun point de vue n'est "supérieur" à celui d'un autre, dans le registre de l'égotisme.

Pour reprendre un des derniers titre de sujet placé par José, tâchons de traverser vers l'autre rive, celle où se situe notre prochain, quelque soit la couleur que peut prendre son cheminement propre.

Dans l'Arbre Séphirothique,
la Rigueur ou Justice, Force, va de pair avec
la Compassion ou Grâce, Miséricorde qui peut prendre le tonalité de la tolérance.

Du point de vue que "je" défends, l'une ne va pas sans l'autre (dans les deux sens) sinon des déséquilibres se créent et nous en connaissons les fâcheux résultats...

L'Union de ces deux-là engendre la Beauté, l'Harmonie ("Tipheret").

Il en va du reste de même - "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" -, en ce qui concerne L'Intelligence et la Sagesse.

Question de polarité d'un "même".

[Emalhuob.]

Franchement, je trouve aussi que Kinkin abuse, et je n'ai pas voulu entrer en conflit avec lui, et j'ai préféré rester à distance.
Mais je regarde ce qui se passe sur ce blog.
Merci.

[Eric delmas-Mars]

Bon voici que "le Eric" place son grain de sel.
Il a laissé se dérouler le fil de la pelote d'interventions; non pas qu'il se désintéressait de ce qui c'est dit, ou qu'il se planquait dans sa tour d'ivoire ("tour d'ivoire" = "y voit rien"! LOL!); non, simplement il a laissé brûler la mèche.

Si hindouisme et se "réalisés en nirvana" apparemment passif dérange, il est possible d'aller voir du côté occidental ce qui se dit.

Se fête cette semaine ce que nous pourrions désigner par : L'invitation à une deuxième naissance, une sollicitation "ancestrale" bien rodée par des siècles et millénaires de pratique; en deux mots, une proposition de :

Quitter notre Égypte.
De sortir de notre esclavage.

Cette tradition pascale devrait convenir à certains qui trouvent que "la" non-dualité conduit fatalement à une passivité qui coupe de l'esprit de rébellion.
.........................
Quelques affirmations-questions empêchant de rester enfermé dans une routine mentale plus ou moins confortable :

- Si la non dualité devient un slogan tel que : "Hors du non-dualisme, pas de salut" autant le mettre au toilettes afin de l'évacuer.

- Il est à remarquer que "le Dieu" d'Israël évoqué lors de la Pâque juive est celui qui à fait en sorte que son peuple quitte l'Égypte et l'esclavage dans lequel il se trouvait; pas "le Dieu créateur de l'univers".

- Sous le mot "Dieu" (dérivé de traductions), en simplifiant, il est loisible de trouver :
1) "La forces concrétisant", celles qui font advenir. (ALHoIM)
2) Deux aspects de vie unies produisant du manifeste.(Y He W He)*

Matérialisme et spiritualisme sont-ils bio-compatibles ?

Sans une forme, les paroles ne pourraient pas être pensées, formulées, dites et écrites.
Rester sans conclusions, surtout hâtives, les rend vivantes du fait que la forme est vivante.
La forme est vivant tant que et parce que




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* (à titre anecdotique, d'autres désignations écrites différemment, sont aussi traduite par l'unique vocable "Dieu")

[Franck]

matérialité...Il existe une vidéo dans laquelle on voit Poonja commenter avec ferveur une upanishad..et "jeter" le livre ensuite. Le rapport à l'écriture est organique parfois.

[Franck]

Reelles si le "sens" reste vivant?
Irreelles si le sens s'effondre dans la matérilité du signe (citation), et là cela devient lettres mortes ?