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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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28 février 2010

Dennis Waite : critiques contre le neo-vedanta

Dans son dernier livre « L'illumination, le chemin dans la jungle », Dennis Waite tape fort sur l'enseignement du néo-vedanta.

Dennis Waite est un auteur très intéressant ; il a notamment écrit un livre de référence sur l'advaita vedanta « Back to the truth : 5000 years of advaita » que nous allons publier chez Almora dans quelques mois (il est en cours de traduction). De plus, Waite anime un site très complet sur l'advaita vedanta : www.advaita.org.uk

Ici il s'en prend au courant satsang ; sont visés des gens comme Jeff Foster, Wayne Liquorman, Tony Parsons , Adhyashanti, etc. Le neo-vedanta ne désigne pas ce courant de la fin du XIXème siècle (Ramakrishna, Vivekananda) mais un mouvement apparu depuis les années 90 en Occident sous l'influence de Poonja essentiellement.

Que lui reproche Waite ?

Beaucoup de choses parfois justifiées, parfois moins.

D'après lui, ce mouvement d'enseignants  est plutôt négatif (p20). Assister à des satsangs n'est pas recommandable (p 137). Ce sont surtout des paroles creuses (p 129) qui peuvent même conduire le chercheur à « une totale désespérance » (p 129). Cette méthode d'enseignement est un échec (p. 123). Waite parle même au sujet de ces enseignements de « fast food » de l'enseignement non-duel (p 115). Certains de ces enseignants recherchent surtout l'argent facile (faire payer cher ou très cher pour dire qu'il n'y a rien à faire est un bon business pas fatiguant (p 125)). Les satsangs sont très répétitifs et finalement tout le monde peut en donner en répétant comme un perroquet : «  il n'y a rien à faire, il n'y a rien à faire ». Ces enseignants d'ailleurs n'ont aucune autorité n'étant reliés à aucune lignée traditionnelle (sampradaya). Des mots durs sont employés : charlatans, immoralité...

Les satsangs sont populaires parce qu'ils affirment qu'il n'y a rien à faire et  que nous sommes déjà illuminés. Cet enseignement correspond bien, d'après Waite, à la mentalité des occidentaux qui veulent tout tout de suite, qui sont  fainéants et rechignent devant l'effort, la discipline, l'ascèse.

Waite recommande donc de fuir ces enseignants à la mode pour trouver un maitre spirituel authentique issu d'un enseignement traditionnel (par exemple la lignée de Shankara)

Le constat est sévère, mais Waite présente des arguments interessants.

La cause du problème vient, d'après lui, d'une confusion entre le niveau de vérité ultime (paramartha) et le niveau de vérité relative (vyavahara). Pour Waite, dire que les gens sont déjà illuminés, qu'il n'y a pas de libre arbitre, qu'il n'y a rien à faire, qu'aucune pratique n'est nécessaire, qu'aucune voie n'est utile est une erreur. C'est vrai au niveau de l'absolu mais pas au niveau relatif, qui est celui où se situe le chercheur. Ainsi, cette absence de méthode n'est d'aucun secours pour le chercheur puisqu'on ne lui propose aucune voie spirituelle. Un véritable enseignement prend les gens où ils sont et leur offre un chemin vers la réalisation. Ce chemin nécessite des années de travail d'ailleurs et non quelques heures. « Ne rien faire ne produira rien » (p 137).

Waite montre de plus une contradiction manifeste chez ces enseignants qui parcourent le monde pour enseigner qu'il n'y a aucun enseignement...Si il n'y a rien à faire, restons chez nous et taisons nous !

Ce que j'en pense

1-Pour l'argent, Waite a raison. Je l'ai déjà aussi dit sur ce blog : que ces enseignants « non-duels »arrêtent de faire un métier de la spiritualité. Soyez chauffeur de bus, professeur d'université, jardinier ou éboueur mais ne demandez pas d'argent pour la spiritualité et la non-dualité.

2-Waite fait un bel effort d'éclaircissement et d'élucidation. Il est important de voir ce qui distingue un enseignement traditionnel d'un enseignement moderne satsang. Mais Ramana Maharshi et Nisargadatta Maharaj n'enseignaient pas de manière différente de Tony Parsons : ils répondaient aux questions, étudiaient peu les textes traditionnels, et surtout parlaient au niveau de l'absolu. Maharaj ne s'embarrassait pas de savoir à quel niveau se situaient les gens qu'il avait devant lui ; il enseignait directement la vérité pure et non-duelle.

3-Waite reconnait que l'enseignement satsang (il n'y a rien à faire , vous êtes déjà l'absolu) peut être valable pour les étudiant avancés. C'est vrai qu'il n'est pas valable pour tous et peut induire certaines personnes en erreur (il n'y a rien à faire, donc je ne fais rien et je reste ainsi dans l'ignorance toute ma vie. Je suis déjà éveillé...et je vis complètement identifié avec l'ego sans le voir). Mais je pense qu'il est essentiel qu'un tel enseignement radical existe. Certaines personnes sont parfaitement qualifiées pour l'entendre ; les autres pourront se tourner vers des enseignements graduels : il n'en manque pas.

4-Waite regrette que les enseignants satsangs n'aient aucune méthodologie et refusent toute technique. Je pense comme Waite qu'ils ont tort. Il existe des moyens efficaces pour retourner la flèche de la conscience sur elle-même, pourquoi s'en priver ? Ramana utilisait atma-vichara ; la discrimination de soi.

Que se passe-t-il pour tous ses gens qui vont écouter Parsons ou Foster ? Sont-ils vraiment transformés après une conférence ? Est-ce que cela ne reste pas au niveau du concept, des mots ? Cela peut fonctionner parfois c'est vrai (voir la non-voie anupaya d'Abhinavagupta) mais il faut aussi être capable de proposer (comme le faisait Douglas Harding) des outils pour pointer vers l'absolu non-duel .  Waite ne dit pas un mot de Douglas Harding. Pourtant , on évite grâce à la Vision Sans Tête les défauts évoqués plus hauts.

5-Waite veut qu'on se tourne vers la tradition. C'était la position de Guénon aussi.

Mais je pense que les traditions ne sont pas les seules portes d'entrée vers l'absolu. L'absolu ne connait aucune limitation et se manifeste toujours de manière nouvelle. La vérité ne se laisse pas limiter dans les formes d'une tradition quelle qu'elle soit. Certes, il vaut sans doute mieux que l'enseignant connaisse les traditions (par exemple l'advaita vedanta) mais l'important est que la personne voie sa vraie nature. Dans bien des cas, cela suffit : le feu transmet le feu.

José Le Roy

Commentaires
P
Bonjour les amis,<br /> <br /> <br /> <br /> Consternant mais riche d'enseignement !<br /> <br /> Mooji fait et fera couler encore beaucoup d'encre, une fois de plus , la spiritualité sur le devant de la scène. La religion, les sectes, à chacun son tour,vous y trouverez tous les partisans et tous les détracteurs, l'histoire sans fin .....<br /> <br /> Oui Mooji doit bien gagner sa vie;;;et alors, le raccourci consiste à dire qu'il exploite une sorte de faiblesse pour s'enrichir, Cela gêne qui ? Une moralité sans fondement ? Gagner beaucoup d'argent est il un péché ?<br /> <br /> Ceux qui prône l'ascese, le pranisme, l'austérité défendent des idées tout à fait respectable, ceux qui défende le contraire aussi, j'ai rencontré un Etre réalisé qui n'a jamais suivi aucun chemin et qui c'est réveillé un matin completement troublé, il a été malade pendant plusieurs jours, suivi psychologiquement pour finalement comprendre ce qui lui est arrivé et vivre pleinement sa condition aujourd'hui.<br /> <br /> D'autres maitres arrivent et arriveront, ils ne seront pas sortis des grottes d'Arunachala pourtant ils continueront à promovoir les traditions de nos chers anciens et respectables maitres.<br /> <br /> Les temps ont changé, aujourd'hui les Etres s"éveillent à la vitesse des coquelicots dans un champ au printemp, autres temps, autres méthodes.<br /> <br /> La vérité est partout.<br /> <br /> Om shanti om
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R
Il n'y a rien a faire pour être ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire, c'est simplement se rendre compte que peut importe ce que je pourrais faire ce n'est pas l'action même qui determine ce que je suis mais seulement ce que je pense que je suis ou crois devoir être.<br /> <br /> Il y a des incompréhension mais si effectivement tout est concepts, rien n'est ni duel ni non duel, donc il n'y a aucune vérité qui ne peut être énoncé tel quel, celle-ci sera vraie au niveau des mots ou des concepts et ni vraie, ni fausse sorti du concept, donc illusion. <br /> <br /> Par contre tout le monde est cette vérité donc réalité. <br /> <br /> Nous courons après des définition que nous sommes les seuls a définir et créons nous même un idéal de ce que nous sommes censé accomplir. <br /> <br /> La seule différence entre faire pour être et ne rien faire pour être est une fine pellicule subtile. <br /> <br /> Je vais faire la même action, seul le « but » change, pourtant vous verrez la même action.<br /> <br /> Dans le premier cas je pense devoir faire ceci ou cela pour « être » "réalisé", illuminé où encore "heureux" etc <br /> <br /> tout ce que je fais est entouré de"il faut" où "je dois" afin de coller à cette cette définition, ce que je pense devoir être, quand tous les critères sont cochés « je » me dis réalisé ou illuminé ou autre, le seul qui le croit est l'ego.<br /> <br /> Si je cite nisargadatta maharaj : tout ce que vous croyez être, vous ne l'êtes pas. <br /> <br /> Maintenant l'inverse, je sais que je suis, quand «je» dis cela "je" sais qu'il est simplement cette force qui anime son corps et active ses pensées. Tout ce qu'il pourrait faire est seulement parce que ce "je" le veux et plus parce qu'il le doit. Il n'a rien à accomplir qu'il n'est déjà. <br /> <br /> L'action est toujours la mais il n'y a plus l'attachement au résultat ni l'attente qui l'accompagne. <br /> <br /> C'est la seule et unique différence.<br /> <br /> Je fais pour être VS je suis et je fais même si ce n'est pas nécessaire. <br /> <br /> La ou il pourrait y avoir une incompréhension est dans l'interprétation. <br /> <br /> Ex si je vous dis je n'existe pas, il est fort probable que vous me regardiez bizarrement et pourtant ce que vous voyez de moi n'est que la somme de tous vos concepts. Ce que vous voyez est l'illusion de ce que vous pensez que je suis. Effacez tous les concepts, Nous ne sommes plus séparés et sans la palper, ni la voir “nous sommes“ pourtant impossible a exprimer <br /> <br /> L'être réalisé n'a pas d'ego dans le sens que ce n'est pas "je" qui est réalisé, c'est ce "je" qui réalise qu'il est le "Soi" et que ce "Soi" n'est pas une identité propre mais tout ce qui est. <br /> <br /> Les mots, les concepts etc reprennent ensuite leurs places comme moyen de communication où language, et ne font plus figure de vérité et l'équilibre se crée automatiquement. <br /> <br /> C'est de ce point de vue qu'une énième méthode pour comprendre notre essence.
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P
Concernant toute rencontre ou tout stage : le bon sens est aussi un bon maître : "Plus c'est cher, moins c'est essentiel !". Sanatan.
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T
he oui, du point de vue du "relatif", le petit mental ne finit pas de s'enferrer dans l'un ou l'autre des discours proposés <br /> <br /> je ne connaissais que tony parsons au départ et trouvait son message très libérateur d'un point de vue intellectuel - le danger étant que lorsque ce discours devient une croyance, hé bien, on est encore plus emmerdé - mais c'est ce qui est ! qui pourrait le dénier - le discours de tony parsons peut s'avérer aussi frustrant que les méthodes proposés par l'advaita traditionnel _ mais n'est ce pas telle que la vie désire se vivre elle même<br /> <br /> <br /> <br /> se faire croire à elle même qu'elle a besoin de quelque chose pour redécouvrir qui elle est alors qu'elle ne s'est jamais quittée, cette GARCE ! mais ça fait chie tout le monde sur le plan du relatif, alors la, je le dis c'est un message perso à la conscience, reste couchée, pénarde chez toi, par toi et pour toi dans ta lumière divine au lieu de t'envoyer toi même au boulot à la défense !!!
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E
Que YHéShOuHa a dit que "La Source dont il parlait était intarissable, toujours prête à étancher la soif (cf l'épisode du puits et de la samaritaine par exemple)<br /> <br /> En effet, comme le formule José, c'est là, ici, tout de suite, de manière non médiatisée, pas demain ou plus tard, que nous pouvons nous ouvrir au "non pas quelques chose à se mettre sous la dent", au "rien à avaler pour le ré-alimenter notre soif ou notre faim mentale plus ou moins boulimique".<br /> <br /> Cela nécessite bien entendu (c'est facile à comprendre), de faire le deuil d'un quelqu'un <br /> qui se prend pour quelqu'un, <br /> qui se croit être un tel ou autre tel.<br /> <br /> <br /> D'où un vide qui peut entraîner un certain désespoir ; si tel est le cas, le conseil judicieux est sans doute de ne pas se raccrocher à un quelqu'un qui serait désespéré parce qu'il perdrait tout ce qu'il avait thésaurisé, y compris de "trésors" spirituels.<br /> <br /> Alors "la Source" non pensée, <br /> non représentée car non représentable, <br /> de toute chose en ce monde et en d'autres,<br /> coule de source comme de l'eau de Rosch.<br /> <br /> Courage, comme dit Kinkin, saachez que "d'autres" sont passé par là, par cette "deuxième naissance" offerte à tous.
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