Le livre des secrets

Rajneesh est un auteur parfois décrié, mais je trouve certains de ces livres très bons, notamment Le livre des secrets qui est une interprétation (très libre) du Vijnana Bhairava, le célèbre traité du shivaïsme du Cachemire.

Dans ce texte, il y a un passage qui m'interesse tout particulièrement, puisqu'il est question de vivre sans tête:

"Essayez de vivre sans votre tête. Cela peut sembler absurde, mais c'est un exercice des plus importants. Marchez, mangez, existez, sans votre tête. Comme si vous n'aviez pas de tête. Au début, vous ferez "comme si" mais peu à peu, vous l'oublierez vraiment. Vous éprouverez alors un sentiment bizarre, étrange, puis votre conscience s'installera dans votre coeur.(...)Essayez de bloquer le centre de votre tête. Essayez de vivre sans elle. Asseyez-vous pour méditer, fermez les yeux et sentez que vous n'avez plus de tête. Sentez "ma tête a disparu". Au début, vous aurez l'impression de faire semblant. Mais vous verrez que, peu à peu, elle disparaitra vraiment. Et pour la première fois, vous serez au centre du coeur, vous regarderez le monde avec le cœur et non plus avec la tête." Rajneesh, p 294

Rajneesh a sans doute lu Douglas Harding. Et c'est tant mieux, l'essentiel se trouve là. Vivre sans tête et ensuite réaliser que le coeur s'ouvre.

Cependant la formulation manque de précisions.

Car, il ne s'agit pas de faire "comme si" ma tête n'existait pas; il ne s'agit pas de m'imaginer sans tête et de développer une nouvelle croyance ou sensation. En réalité, je ne vois jamais le monde à partir d'une tête, mais à partir de l'espace de la claire conscience. C'est vivre en se prenant pour un tête qui est le fruit de l'imagination et de la croyance mentale.

josé le roy

Comments

[Eric delmas-Mars]

Frank est intervenu pendant que je rédigeais ce billet aussi j'ajoute ceci :

Oui, bien sûr, la découverte est toujours dans la joie; ce que nous évacuons n'est qu'excréments. pourquoi en éprouverions-nous quelque amertume ?

Il y a toutefois peut-être lieu de faire preuve de prudence en écartant d'un revers de main, sans aigreur ni amertume aucune, le risque de se faire mener et enkyster (par contagion idiote) là où nous ne sommes pas en réalité.

[Eric delmas-Mars]

Parfois, pour ne pas dire souvent, il s'en trouve qui, égarés eux-même en restant embourbés dans quelque marécage ou s'étant enfermés dans quelque labyrinthe, prennent la responsabilité imbécile(* la définition de ce terme à déjà été fournie sur un autre échange initié par José) d'attirer des chercheurs sincères.

Ces pseudo maîtres font courir le risque insensé d'égarer ces chercheurs de vérité et c'est pire pour ces derniers que de ne pas chercher du tout.(pour se faire une opinion à ce sujet, aller faire un tour dans les hôpitaux et dispensaires psychiatriques ou dans l'enclos de certaines sectes)

Las, il n'y a pas de label d'aptitude à une bonne "gouroutude" !!

Il appartient donc à chacun d'entre-nous, de se responsabiliser et de s'adresser
à son self,
au réel "en elle-lui",
pour effectuer ses choix tant que nous-nous pensons avoir besoin de rencontrer des "réalisés" dans l'idée de prendre des conseils pour nous réaliser nous-même.

Avec gratitude pour cette ouverture de sujet fructueuse, par José.

[Franck]

Pourquoi toujours parler de désillusions teintées d'amertume ? il est possible aussi de vivre la découverte dans la joie,non ? Le Soi...le soi...le moi...?

[vincent]

Osho était un drôle de gars tout de même.....pour se perdre un peu plus c'est pas mal.
Mais comme tous les chemins mènent à Rome...chacun choisit son détour afin d'y prendre son pied... au final......les désillusions sont les mêmes, elles ramènent au Soi!

[Eric delmas-Mars]

Le recours à de quelconques artifices n'est en effet pas recommandable.

Donner des astuces pour atteindre ce que l'on est déjà avant même quoique ce soit, risque fort d'engager ceux qui se considèrent comme des disciples (et sont estimés comme tel par ceux qui se prennent pour des maîtres à penser ou des gourous), sur des voies égarées.
Lesquelles voies renforcent l'éloignement et l'illusion qu'il y a lieu d'acquérir le non conditionnel, au lieu de la dissoudre.

En écartant de "la voie directe", les déviés contribuent à empêcher d'être soi en écartant de la voie directe.
Laquelle voie ne fait appel à aucun artifice même sophistiqué.
Elle décape, elle dénude de tout artifice, elle simplifie sans localisation particulière et ne peut être qu'authentique.

Elle est réelle.
Elle n'a nul besoin de justification.
Elle est vivante.

Cette voie.