Naissance du Christ
Un enfant nous est né ! Réjouissons nous.
Mais cet enfant, le Christ, n'est pas seulement né il y a 2000 ans, il nait maintenant en nous. C'est maintenant que le Fils jaillit du Père au cœur de notre conscience.
"Le christ serait-il né mille fois à Bethléem, s'il ne naît pas en toi, c'est en vain qu'il est né"
Angelus Silésius
Le Sermon 1 de Jean Tauler sur Noël est tout entier consacré au thème de la naissance spirituelle. J'en donne ici des extraits
"Sermon pour la fête de Noël
1. On fête aujourd'hui, dans la sainte
chrétienté, une triple naissance où chaque chrétien devrait trouver une
jouissance et un bonheur si grands qu'il en soit mis hors de lui-même; il y a
de quoi le faire entrer en des transports d'amour, de gratitude et
d'allégresse; un homme qui ne sentirait rien de tout cela devrait trembler.
La première et la plus sublime naissance
est celle du Fils unique engendré par le Père céleste dans l'essence divine,
dans la distinction des personnes. La seconde naissance fêtée aujourd'hui est
celle qui s'accomplit par une mère qui dans sa fécondité garda l'absolue pureté
de sa virginale chasteté. La troisième est celle par laquelle Dieu, tous les
jours et à toute heure, naît en vérité, spirituellement, par la grâce et
l'amour, dans une bonne âme. Telles sont les trois naissances qu'on célèbre
aujourd'hui par trois messes. (...)
Mais, en vérité, il
nous faut de toute nécessité un retour sur nous-mêmes pour que cette naissance
s'accomplisse ; il faut nous recueillir fortement, ramener et rassembler
intérieurement toutes nos facultés, les inférieures aussi bien que les
supérieures, et les rappeler de toute dispersion à la concentration, qui rend
plus puissantes toutes les choses unifiées.(…)
C'est pourquoi saint Augustin nous dit :
« Vide-toi pour que tu puisses être rempli ; sors afin de pouvoir entrer » ; et
ailleurs : « O toi, âme noble, noble créature, pourquoi cherches-tu en dehors
de toi ce qui est en toi, tout entier de la façon la plus vraie et la plus
manifeste? » (…) Si l'homme préparait ainsi la place, le fond, Dieu, sans
aucun doute, serait obligé de le remplir et, certes, complètement ; sinon le
ciel se romprait plutôt pour remplir le vide. Mais Dieu peut encore beaucoup
moins laisser les choses vides, ce serait contraire à sa nature, à sa justice.(…)
Quand notre Seigneur Jésus entra en
Égypte, toutes les idoles du pays s'effondrèrent : Tes idoles à toi, c'est tout
ce qui empêche cette naissance éternelle de s'accomplir en toi, d'une façon
véritable et immédiate, aussi bon et aussi saint que cela paraisse. Notre
Seigneur a dit : " Je suis venu apporter un glaive pour trancher tout ce
qui tient à l'homme : mère, soeur, frère ". Car ce qui t'est le plus
proche, voilà ton ennemi : cette multiplicité d'images, qui cachent en toi le
Verbe, et s'étendent sur lui, empêche cette naissance en toi, sans que pourtant
cette paix te soit entièrement enlevée. Cette paix ne peut, il est vrai,
toujours régner en toi. Mais c'est par elle, pourtant, que tu deviendras mère
spirituelle de cette naissance. Une telle mère doit souvent établir en elle ce
plein silence, afin de s'habituer à le faire; l'habitude lui en donnera une
certaine maîtrise, car ce qui n'est rien pour un homme exercé, paraît tout à
fait impossible au novice inexercé. C'est en effet l'habitude qui donne la
maîtrise.
Puisse donc chacun de nous donner place en lui à cette noble naissance, afin de devenir une vraie mère spirituelle. Que Dieu nous y aide ! Amen."Jean Tauler
C'est par un retour sur moi-même que Christ nait en moi
Cette naissance s'accomplit en moi chaque fois que je me distingue des images, pensées, concepts, émotions qui me limitent. Je dois me vider de moi-même, voir le vide en mon propre centre. Alors je cède la place, et la Présence du Mystère entre, nait en moi et me remplit.
Dans ma propre absence, je trouve la Présence.
"Je vis et cependant je ne vis pas, Christ vit en moi" : dit Saint Paul
Chaque homme, chaque femme qui s'éveille à l'espace infini en soi peut le dire.
Je vis comme jamais, jamais je ne me suis senti aussi vivant, mais ce n'est pas moi, en tant qu'individu, qui vit. Ce n'est pas le moi empirique qui vit au centre, lui demeure à la périphérie.
C'est le Mystère, le Christ, l'homme-Dieu qui nait, vit ici au centre de moi.
Joyeux Noël à tous.
josé le roy
"For unto us a child is born", Haendel: Le messie