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Eveil et philosophie, blog de José Le Roy
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10 juillet 2009

Un prisonnier libre grâce à l'éveil

voici un livre singulier qui vient de paraitre en anglais.

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J.C. Amberchele est prisonnier à vie dans une prison du Colorado et un jour, en découvrant un live de Douglas Harding il s'est éveillé.
C'est l'histoire de cet éveil qui est raconté ici.

Voici un extrait déjà publié sur le site www.visionsanstete.com

"Quelles que soient   les idées que j'ai pu avoir sur la manière dont le monde fonctionne,   aucune ne m'a amené bien loin, si l'on considère que j'ai passé   plus de vingt ans en prison. Je tiens la plupart de mes croyances de mon père   et de John Wayne, et tout ce qui pour moi n'était pas ultra-dur et ultra-cool   était ultra-gênant. En fait, je vivais dans un état de gêne   quasi perpétuelle, ne parvenant jamais à vivre à la hauteur   de ces standards ridicules que j'avais adoptés sans réfléchir,   et que personne, y compris moi-même, ne pouvait atteindre : comment je   devais agir, de quelle manière les autres devaient me traiter, ou se   comporter en ma présence, de quelle faÇon les jours, les mois,   les années devaient se dérouler en ma faveur.

Inutile de dire   que je suis devenu l'idole des accros du contrôle à travers le   monde. Et comme tous les accros au contrôle, je trimballais sous une faÇade   d'une grande force un sentiment de vide et d'échec entretenant constamment   la guerre entre celui que je pensais devoir être et celui que je pensais   être. Pris dans une tourmente, je ne cessais de m'auto-détruire   entraînant d'autres personnes avec moi.

Et puis, il y a   des années de cela, alors que je purgeais ma peine de prison depuis déjà   longtemps, j'ai vu par hasard à la télé une interview de   Joseph Campbell par Bill Moyers de la PBS et je décidai d'essayer la   méditation. C'était assez difficile au début avec les foules,   le bruit et la routine dans le quartier cellulaire, mais j'ai rapidement découvert   que durant la méditation j'avais peu d'attente à mon propre égard   ou même à l'égard d'autrui, comme s'il n'y avait personne   d'autre. C'était un lieu dénué d'exigence ou de gêne,   un refuge où je n'avais plus besoin d'affirmer ma volonté égarée.   Et à part de rares aperÇus sous l'emprise de la drogue ou dans   des situations de stress lorsque ma vie était en danger, c'était   la première fois que je prenais véritablement conscience de moi-même,   de cette attention nue au "Je suis" au centre de ma conscience, et   qui, je le découvrais maintenant, avait été là de   tout temps.

A partir de ce   moment-là, le mystère s'est transformé en interrogation   sur la manière dont ce "Je" se manifestait et sur le lieu à   partir duquel il ne cessait de surgir. L'ancienne manière de penser,   consistant à me considérer comme une conscience séparée   dans un esprit et un corps individuels, était bien trop douloureuse pour   être acceptée. J'avais été éduqué ainsi,   par mon père et par chaque personne à laquelle je m'étais   comparé; c'était là la voie de la contraction, de la confrontation   et de l'auto-mutilation sans fin. Il devait y avoir une autre explication.

S'ensuivirent six   années de lecture obsessionnelle. Je voulais approfondir l'intuition   que j'avais eue lors de ma période L.S.D. dans les années soixante,   qui s'était manifestée sous forme de peur et qui était   ressurgie lors de l'interview de Campbell : à savoir que toutes les grandes   religions portent en leur racine un message identique, si clair et si évident   qu'il n'est pas besoin de mots pour le réaliser. Je soupÇonnais   que ma perception du monde et ma soi-disant place en son sein était illusoire   et que la réalité ne correspondait pas à ce que moi et   la plupart du monde pensions. C'était comme si l'humanité était   le sujet d'un canular que l'univers avait manigancé pour se jouer un   tour à lui-même. Et il était clair que ma vie jusqu'à   présent avait été un combat contre la révélation   de cette connaissance, je m'accrochais autant que faire se pouvait aux mensonges   que l'on m'avait transmis, m'efforÇant envers et contre tout d'éviter   la vérité.

J'ai lu des textes   bouddhistes. J'ai lu Gurdjieff et Ouspensky. J'ai lu tout ce que j'ai pu trouver   sur les mystiques chrétiens. J'ai dévoré Hafiz et Rumi   puis ai plongé dans les travaux des grands Sages indiens. J'ai découvert   Wei Wu Wei, puis m'en suis retourné au bouddhisme pour y plonger profondément.   J'étais déterminé à découvrir ce qu'il en   était, à découvrir quel était ce mystère   au cœur de cette affaire.

Et puis, un jour,   j'ai lu un article de Douglas Harding au sujet de cette soi-disant "absence   de tête" et quelque chose à fait "tilt". Voir qui   l'on est, Harding remarquait, était élémentaire, si aisé   que nous ne le remarquions pas, et ne le reconnaissant pas, nous érigions   des systèmes philosophiques et religieux de proportions monumentales,   en ne le dissimulant que plus. Et pendant tout ce temps, il est Ici-même,   plus proche que le plus proche.

A ce moment-là   je pensais à l'ancienne histoire soufi du Mollah Nasruddin, très   agité, entrant en ville criant qu'il avait perdu son âne, jusqu'à   ce qu'on lui fasse remarquer qu'il était assis dessus.

Le message était   clair : "Nous ne pouvons Le voir parce que nous Le sommes" et les   implications faisaient voler l'esprit en éclats. Le terme d'illusoire   que j'avais utilisé pour décrire ma perception suspecte du monde   m'apparaissait soudain comme l'euphémisme suprême. Elle n'était   pas seulement illusoire, elle était à 100% sens dessus dessous;   s'il y avait quelque chose à l'intérieur d'une autre, c'était   l'univers qui était en moi, y compris tout concept au sujet d'un "moi",   corps et esprit. J'étais comme Harding l'avait dit, "Espace"   dans lequel le monde apparaissait. Un Espace qui participait activement à   la création de ce même monde! C'était renversant!

Demeurer dans cette   vision était une autre affaire. Comme tout le monde, j'avais été   conditionné à me considérer comme un individu séparé   avec une conscience séparée, une conscience qui émanait   mystérieusement de cette matière spongieuse à l'intérieur   de ma tête. Harding, je le réalisais maintenant, révélait   le contraire, comme tous les autres, y compris les fondateurs des grandes religions.   Et comme leurs fidèles, j'étais incapable de rester ouvert; je   ne pouvais m'empêcher de revenir aux supercheries que l'on m'avait enseignées   enfant. C'était comme si j'étais prisonnier de ma tête.  

Pas de doutes,   le combat était engagé. C'était clair : je pouvais m'asseoir   jambes croisées pendant toute ma vie, je pouvais vivre dans une grotte   de montagne au Tibet, je pouvais m'entraîner dans n'importe quelle lignée   de n'importe quelle religion et continuer à entretenir une vision fausse,   à me voir comme un individu regardant des objets. A présent, je   voulais abandonner le mensonge et revenir à la vérité.   Et j'étais mis au supplice, car je ne cessais d'oublier. Comment parvenir   à effectuer ce changement?

Je n'ai jamais   répondu à cette question, sauf pour penser qu'il peut ne pas y   avoir de changement. Et lutter contre cet état de fait ne semble en fait   que renforcer l'incompréhension. La solution réside, bien sûr,   dans la vision bouddhiste de l'identité du samsara et du nirvana, mais   je voulais la vivre et pas seulement y penser.

Et puis quelque   chose se produisit lors de l'une de nos réunions bouddhistes, ici, à   la prison. 1500 hommes vivent ici, seulement 9 d'entres nous se déclarent   bouddhistes et parmi nous à peine une demi-douzaine étaient là.   Ce qui était suffisant, toutefois, pour qu'un peu de magie prenne place.  

Nous venions de   terminer une courte méditation, et l'un des hommes avait lancé   la conversation sur le "vide", ce qui eut pour effet de nous plonger   dans l'habituel guêpier : une querelle débuta et se transforma   rapidement, du fait que nous sommes dans une prison, en un échange musclé.   Je pensais qu'il valait mieux revenir à la méditation, à   l'observation de notre respiration, mais personne n'en avait vraiment envie.   La dispute se poursuivait et j'ai eu envie de partir, puis je me suis souvenu   des mots de Harding au sujet de l'Espace Ici, Capacité même pour   une dispute et je me suis souvenu des exercices.

Les exercices sont   incroyablement simples et tellement radicaux. Le fait même qu'ils soient   simples et radicaux constitue pour moi la preuve de leur justesse, même   si, lorsque je les ais découvert pour la première fois dans les   livres de Harding, j'ai ri tellement je les trouvais loufoques. Et puis, finalement   j'ai compris, "pigé!", comme on dit, j'ai su qu'ils pointaient   dans la bonne direction et que le reste du monde se trompait.

Donc je me suis   levé et les autres m'ont regardé tandis que je commenÇais   une marche méditative autour de notre petit cercle de chaises, et bientôt,   les autres m'ont rejoint. Il s'agit de se taire et d'avoir le moins de pensées   possible en portant son attention sur la sensation dans ses pieds tandis que   l'on marche, mais cette fois-ci j'ai demandé à tout le monde d'oublier   tout ce qu'ils avaient jamais appris, comme s'ils venaient de naître dans   cette pièce et que tout était nouveau et étrange. Je leur   ai demandé de porter leur attention sur l'instant présent, l'instant   présent et encore l'instant présent, comme si le passé   et le futur étaient des pensées inaccessibles. Je me rappelais   Harding racontant comment, en voiture, il regardait les poteaux téléphoniques   se mouvoir tandis que lui était immobile et j'ai donc demandé   à chacun de faire de même, de prétendre que c'était   le tapis qui bougeait, pas eux, de voir les murs et les chaises défiler   et la pièce virevolter tandis qu'ils tournaient.

Il y eut quelques   rires étouffés, et après une minute ou deux, nous nous   sommes assis et j'ai demandé au groupe de pointer un doigt en direction   du plafond et de noter ce vers quoi leur doigt pointait, en l'occurrence les   carreaux du plafond et les lampes. Puis nous avons pointé en direction   du mur, du sol, de nos genoux, de notre poitrine, remarquant à chaque   fois qu'il s'agissait d'un objet (notre main) pointant en direction d'autres   objets, avec leurs diverses qualités. Enfin, nous avons pointé   en direction de ce à partir de quoi nous regardions et j'ai répété   les questions qu'Harding posait : "Si vous laissez de côté   vos conditionnements, si vous oubliez tout ce que vous avez appris et vous basez   sur l'évidence présente, en direction de quoi pointez-vous en   ce moment : un objet opaque, rond, séparé et solide, ou pointez-vous   en direction d'un Espace pour ces objets, d'une Capacité? Cet espace   n'est-il pas sans limite, immaculé et totalement transparent et cette   capacité sans limite n'accueille-t-elle pas la pièce et tout ce   que vous regardez? N'est-elle pas éveillée et trouverez-vous jamais   la Conscience ailleurs qu'Ici?

Personne ne dit   rien. Nous n'avions pas de miroirs, de cartes avec des trous ou des sacs de   papier pour les autres exercices, mais avant qu'ils ne me tombent tous dessus,   je pensais que nous pouvions supporter un peu de confrontation - chose à   laquelle nous autres prisonniers sommes habitués - en nous mettant par   deux et nous asseyant face à face. L'exercice d'Harding, "face-à-non-face",   se pratique à l'aide d'un sac de papier dont le fond a été   coupé de telle sorte que les deux bouts sont ouverts. Un des partenaires   place son visage à l'une des extrémités du sac, le second   partenaire fait de même à l'autre bout et l'idée communément   admise est que les deux partenaires se confrontent à l'intérieur   du sac, face-à-face. C'est notre manière habituelle d'entrer en   relation avec autrui. Mais les questions d'Harding nous révèlent   le contraire : "Oubliez tout ce que l'on vous a dit à présent,   et selon l'évidence présente, combien y a-t-il de visages dans   le sac? êtes-vous face-à-face, ou y a-t-il un visage là-bas   et un Espace Ici? êtes-vous opposé à cette personne, ou   n'êtes-vous pas, ici, Capacité pour cette personne, et n'est-il   pas vrai, qu'il n'y a rien ici, pas le moindre atome de poussière pour   empêcher cette personne d'être Ici? N'êtes-vous pas infini,   transparent, vide de ce côté du sac, et en même temps, n'êtes-vous   pas plein de cette personne face à vous, de telle sorte que vous êtes   pour ainsi dire mort de votre côté et êtes ressuscité   en tant que cette personne-là? Ne sommes-nous pas construit de cette   faÇon, pour mourir en faveur de l'autre et n'est-ce pas le fondement   de l'amour?"

Vous pouvez facilement   imaginer ce que j'attendais de mes chers codétenus, mais ils me surprirent.   J'ai entendu des "Waow!" et des éclats de rire, et encore des   "Waow!" Je ne sais pas s'ils ont accroché, mais quelque chose   s'est passé dans cette salle, même si ce n'est que pour moi, ou,   devrais-je dire, à l'Espace de ce côté-ci, à la Capacité   qui est toujours Ici et toujours pleine de ce qui est là. J'ai quitté   cette réunion avec la certitude expérimentale que Qui Je Suis   Vraiment est toujours là, à disposition, à portée   d'un exercice.

Finalement j'ai   rejoint ma cellule en observant les trottoirs, les poteaux, et les constructions   défiler, tandis que je demeurais immobile comme je l'ai toujours été.   Je n'ai qu'à pointer mon doigt pour me souvenir de regarder à   partir de quoi je regarde et j'ai seulement besoin de l'image d'un visage pour   savoir que la fin de la confrontation se trouve Ici. Et en quittant cette réunion   : tout ce qui défilait n'était rien d'autre que ce que Je Suis;   je marchais, incroyablement, en Moi-même, intimidé et plein de   révérence à chaque pas.

Je veux donc remercier   Douglas Harding. Je remercie sa sagesse, qui, bien sûr est ma sagesse   et la sagesse de tous, que nous le réalisions ou pas. Je remercie pour   tout ce qui arrive, qui passe, se présente et pour tous les visages en   faveur desquels je suis construit pour disparaître. Y compris celui, étrange,   que je vois là, dans le miroir." J.C.Amberleche

Commentaires
K
http://www.infosyoga.info/media/SuppJVIY71.pdf "Epidémies de psychose religieuse,« orthonaïa » et « déodiversité » L’orthonoïa se définit comme la psychose de sujets qui sont considérés comme orthodoxes dans leur société, mais quipoussent cette normalité dans la croyance au point d'en faire une paranoïa. Ils sont bien plus nombreux qu'on ne pense, et peuvent avoir un effet particulièrement destructeur en cas de crise, car dans leur psychose, ils recevront le soutien implicite des masses qui sont, elles aussi, adhérentes à peu près à l'orthodoxie en vigueur. Par « déodiversité », je signifie au fond le contraire : l'humanité est en train de mûrir et comprend qu'il est vraiment important de respecterla biodiversité qui fait partie de la richesse et de l’équilibre du monde. Dans le même sens, quand cette humanité mûrira plus, elle s'apercevra que la diversité des dieux, la «déodiversité » est très utile, et que les monocultures monothéistes ne font pas de bien aux sociétés car elle créent un déséquilibre en s’écartant de la « déodiversité » naturelle. Ce sont en quelque sorte des empires agroalimentaires, des Monsanto du monde métaphysique. Même si ces empires peuvent rapporter de gros bénéfices, ils endommagent la nature originelle. La « déodiversité » est aussi le meilleur moyen de faire respecter la démocratie et la liberté dans les mondes subtils, l'empire obligatoire d’un Dieu unique menant spontanément à l'idéologie conquérante, à l'absolutisme, pour ne pas dire à la dictature. L'histoire nous en a donné des exemples abondants, il faut souffrir d' aveuglement émotionnel pour ne pas vouloir simplement le voir. On pourrait qualifier l’orthonaïa de « psychose bc bg ». Il s'agit de personnes bien-pensantes, charitables, pieuses, mais qui trouveront naturel qu'on extermine tout un peuple pour répandre « l'amour » de leur Dieu. Ou s'ils n'osent pas dire ceci directement, ils se réfugieront derrière un nuage d'encre vaguement mystique en laissant entendre que « nul ne peut percer les secrets du Tout-puissant, surtout pas nous pauvres êtres humains qui sommes comme de la vermine sur cette terre ». En d'autres termes, l'idéologie totalitaire s'enferme dans sa tour d'ivoire, la paranoïa se mure dans ses défenses de rationalisations moralisatrices. Par ailleurs, il faut voir clairement que le schizophrène est beaucoup trop en dehors du monde pour être vraiment nuisible aux autres, au pire il pourra perturber son entourage ou assassiner une ou deux personnes avant d'être enfermé pour longtemps à l'hôpital psychiatrique, et ainsi neutraliser. Par contre, le paranoïaque idéologique, en particulier dans le domaine religieux, lui, pourra être vraiment destructeur, par exemple en concevant, organisant et exécutant des génocides, le tout avec la meilleure conscience du monde. Et c'est cette « meilleure conscience du monde » qui définit l’orthonaïa et qui est sans doute aussi grave que le génocide lui-même. En effet, elle va mener tout droit à un négationnisme majeur, et celui-ci mènera à son tour à d'autres génocides. Pour continuer dans la ligne de ce qui a été dit plus haut, on pourrait parler de négationnisme bc bg : l'histoire atteste par exemple que votre religion a fait périr en un siècle 90 ou 100 millions de personnes, soit on le dénie complètement, soit on l'accepte du bout des lèvres, bien obligé ! mais ensuite on ne le mentionne plus jamais et même on exclut ces faits douloureux complètement de son esprit. Qui plus est, si des gens osent vous en parler, on les accuse d'être violents, presque comme si c'était eux qui avaientt massacré les 90 ou 100 millions de personnes. Ceci correspond typiquement un mécanisme de projection paranoïaque. C'est ce qu'on pourrait qualifier de « négationnisme bc bg», c'est très courant dans les milieux religieux, y compris libéraux, et on peut estimer que c'est grave, car, comme nous l'avons dit, cela prépare le terrain psychologique pour les génocides à venir. Nous avons parlé de la question centrale de la toute-puissance dans la psychose, et cette analyse peut s'appliquer aussi à certaines formes religieuses violentes qui se répandent comme des épidémies. Pourtant, elles ne sont pas diagnostiquées souvent comme psychotiques, sans doute parce qu'elle mobilisent de grands groupes plutôt agressifs et donc font peur aux psychanalystes et aux psychologues : pourtant, ceux-ci pourraient facilement démonter leurs mécanismes de fonctionnement psychotique, de type mégalomaniaque et paranoïaque. Dans ce domaine délicat, il faut faire preuve de discernement : sentir qu'on est le tout, ou relié directement à lui à travers un envoyé ou un prophète, qu’on peut aider à soigner les blessures de l'ego, et en cela avoir une certaine valeur thérapeutique. Cependant, cette même croyance peut aussi dilater l’ego de façon profondément pathologique. Il y a beaucoup de limitations dans la vie en général, ceci mène souvent à une auto dévalorisation de type dépressif, et à ce moment-là, la paranoïa religieuse avec son hypertrophie de l'ego collectif apparaît comme la solution pour remonter le moral des troupes, dans tous les cas elle est présentée comme telle par les prédicateurs et meneurs politico-religieux de tout poil. Certains n'hésitent pas même à la présenter comme la seule alternative possible au suicide. Du point de vue psychique, essayer de sortir de la dépression par le moyen de la paranoïa revient à aller de Charybde en Scylla. Puissance et jouissance sont deux termes qui riment, et il y a certainement une forte composante sexuelle derrière la recherche de la toute-puissance. Elle correspond à une avidité pour la « toute-jouissance ». On peut difficilement trancher d'un coup d'épée ce sac de noeuds à la façon d'Alexandre qui a coupé le noeud gordien. En effet, même un renoncement extérieur à la sexualité comme chez les clercs, peut mener par compensation à une recherche intensifiée de la toute-puissance par leur identification à l'institution et donc par des voies détournées, au pouvoir religieux. Certes, le védanta et les voies de la non-dualité parlent aussi de la toute-puissance en mettant en valeur le fait qu'elle n'est pas un délire, mais au contraire que l'hallucination de base est précisément de nous croire limités ; cet réalité de l’illimité concerne bien sûr notre Soi, pas notre ego. Le délirant religieux sent cela, mais il gonfle son ego et le rend dur comme un ballon de football, à la place de le faire exploser comme une bulle dans de grands espaces. Par ailleurs, la paranoïa correspond à un clivage externe, moi contre les autres, et la schizophrénie à un clivage interne, moi contre moi : dans les deux cas, on peut repérer une toute-puissance sadique à l’?uvre, qui cherche à détruire un autre, que ce soit dans le monde extérieur ou dans l'intime du psychisme. Revenons sur le fait que la fascination pour la toute-puissance est directement reliée à l’attrait pour la jouissance sexuelle, et en cela elle agit comme une drogue. Un contributeur à cet ouvrage, Remo Bernasconi, a décrit à juste titre l’addiction comme un type de folie en secteur, et cela est en fait valable aussi pour la recherche délirante de toute-puissance. Il faut bien comprendre que celle-ci n'apparaît que rarement nue, elle est en général déguisée par toutes sortes de rationalisations secondaires politiques, religieuses ou métaphysiques. Si on analyse le développement des grands mouvements religieux conquérants avec les critères du désir de toute-puissance, on pourra démonter de façon cohérente leurs comportements articulés autour d'un noyau mégalomaniaque. Malheureusement, l'humanité actuelle est loin d'avoir su se mettre à l'abri de ce type de paranoïa transmise de génération en génération. On pourrait distinguer deux grandes formes dans la psychose religieuse : d'une part la paranoïa, avec agression brutale de l'autre pour le soumettre et le convertir, et d'autre part la paraphrénie, où le sujet est encore assez intelligent, c'est-à-dire pas encore assez psychotique pour penser que le monde entier va accepter d’emblée, en se prosternant, que lui-même est l’être-clé de l'humanité. Il attend un peu avant d'en parler, par un reste de prudence et de bon sens. Ces mécanismes psychologiques sont courants quand on regarde l'histoire des petits ou grands mouvements religieux. J'évite intentionnellement de parler de secte, car chacun pensera alors « la secte, c'est les autres ! » et évitera de se remettre en cause dans ses propres croyances, sous prétexte que celles-ci lui ont apporté certaines consolations. Certes, il y a des personnes qui ont des expériences spirituelles particulièrement profondes, et qui ont un rapport exceptionnel au divin : cependant, de là à dire qu'ils sont les seuls ou les derniers à l'avoir eu, il y a un monde, et c'est le monde qui sépare le normal du psychotique. Certainement, d'un point de vue non-duel, tout le monde est le Soi, l'Absolu et en tant que tel chacun est tout-puissant, mais il faut se souvenir que ceci est valable seulement quand l’ego a complètement disparu. De ce fait, cela élimine naturellement la prétention à être unique, cette prétention qui est la source principale de la violence religieuse. Mieux vaut voir cette triste réalité bien en face. Tous ces phénomènes sont reliés aux épidémies de psychose religieuse collective, et c'est le devoir des psychiatres et des psychothérapeutes d’en parler ; si eux ne le font pas, qui le fera à leur place ? Il ne s'agit pas de tomber dans la passion religieuse ou politique, mais au contraire de comprendre clairement la source pathologique de celle-ci. Un autre nom de l’orthonaïa pourrait être la normophrénie, la sécurité grégaire qu'on éprouve à suivre un délire collectif. Dans ce genre-là, on pourrait faire une lecture intéressante, certes pas la seule, de la dernière campagne présidentielle aux États-Unis, en tant que choc entre deux délires collectifs : apocalyptique pour Mc Cain qui insistait sur un conflit nucléaire imminent avec l'Iran capable de faire partir en fumée le Moyen-Orient, le coeur historique du monothéisme, et un délire messianique pour Obama qui se mettait en avant comme l'incarnation de ce changement qu'attendait l'âme américaine presque depuis la fondation même du pays. Les électeurs ont choisi pour la seconde possibilité, l'avenir dira ce que cela donne dans la réalité des choses. Il est intéressant aussi dans ce sens du délire collectif de rappeler que, d'après une statistique de l'hebdomadaire Newsweek datant de ces dernières années, 40 % des Américains croient que la fin du monde va arriver avant qu’eux-mêmes ne meurent : en psychiatrie, cette conception porte un nom bien connu, il s'agit d'un délire apocalyptique. Dans ce genre, le président de l'Iran actuel, Ahmedinejad, fait partie d'une secte dure du chiisme qui, elle aussi, vit dans une ambiance apocalyptique de fin des temps imminente. Il a dit il y a déjà deux ou trois ans que le monde n’en avait plus que pour deux ans. Sans doute parle-t-il de son monde à lui. Ceci n'a pas de quoi être rassurant, sachant de plus qu'il tient clairement des propos génocidaires au sujet d'Israël. Un ancien ministre de la justice du Canada qui s'est penché de près, du point de vue du droit international, sur la question des génocides, a fait remarquer à ce propos que dans la grande majorité des cas, les dirigeants et meneurs qui se sont livrés à des génocides l'avaient annoncé clairement auparavant. Il faut noter de plus à ce propos que les guerres éclatent quand le niveau de paranoïa dans les groupes en conflit augmente notablement. Pour mettre de l'huile sur le feu de ces délires de persécutions sous-tendant les paranoïas, il n'y a rien de tel que la fièvre entraînée par les psychoses religieuses, frappées du sceau de l'absolu aux yeux des croyants naïfs et même des pervers qui les manipulent. À cause de ce<br /> sceau de l'absolu, des groupes entiers deviennent même incapables de calculer la quantité de destruction auxquels ils s'exposent en suivant leur désir de toute-puissance. Si ces mécanismes de psychiatrie collective sont exposés clairement et de façon répétée au grand public, cela l'aidera à mûrir et diminuera ses chances d'être contaminé par ce genre d'épidémie de violence idéologique."
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M
Super extrait.<br /> En effet Douglas Harding est vraiment un bienfaiteur je trouve.<br /> D'avoir trouvé ces systèmes si simples pour éveiller les gens.<br /> Et ce que je trouve extrêmement amusant c'est la réticence instinctive que je rencontre (qui a certainement dû être la mienne) chez les gens lorsque je leur demande d'essayer l'index vers soi.<br /> Personne ne veut essayer au début.. on me dit souvent oui j'essaierai.... eh eh<br /> Alors je dis : mais ça ne prend qu'une seconde !<br /> Mais en général si les gens essayent on commence a savoir de quoi on cause.<br /> On parle concret !<br /> Ca n'a pas de prix...
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