Forum de la Vision sans Tête

Il existe un forum de la Vision Sans Tête dont le but est de permettre à celles et ceux qui sont interessés par l'enseignement de Douglas Harding et par la voie directe d'éveil de partager les doutes ou les expériences.

Ce forum était un peu endormi ces derniers temps. Voici les derniers échanges, de très grande valeur je trouve.

Si vous souhaitez vous inscrire, il faut aller sur la page d'accueil de www.visionsanstete.com 

jlr

Question :

N : Quand je lis Douglas Harding , tout de suite je 'vois' l'espace vide au dessus de mes épaules, mais ces 'visions' sont plus proches de la 'visualisation' que de la réelle vision (espace vide) et de plus ne durent qu'un soupçon de seconde et hop je décroche. Comment faire pour que la visualisation laisse place à la 'vraie' vision (et ce plus que qq secondes !)

Réponses :

Ph : Dans mon expérience, quand je vois l'espace, je suis toujours dans le concept, dans la dualité. Puis tout à coup un glissement se fait et une fusion se produit entre le "je", la vacuité et le monde. Il n'y a plus que la vision sans personne qui voit,  et il est réalisé que c'est toujours comme cela, cette fusion a toujours existé, la séparation n'est qu'un leurre. Quand cela est réalisé - et il n'y a personne qui l'a réalisé - il n'y a plus qu'à y revenir, puisque de toutes façons c'est comme ça. Que j'y pense ou pas. Que je le voie ou pas. Donc aucune importance que cela dure. C'est là juste maintenant. Le simple fait de s'en rappeler et c'est là. C'est le début de la confiance, cette vieille histoire, traduite dans la tradition chrétienne par "Dieu ne m'abandonne jamais." Bonne pratique.

Mau : En répondant, je me réfère à mes expériences du début de la Vision Sans Tête (VST). Et ce que je lis dans le mail me rappelle des souvenirs. C'est quoi la vision ? Elle est ce que nous voyons tous les jours en se tournant vers l'extérieur. Ceci n'est pas une visualisation, opération mentale d'imagination de ce que l'on ne voit pas actuellement. Nous connaissons la vision et il ne faut pas chercher midi à 14 heures : elle est ce que chacun voit dès qu'il ouvre les yeux. Quand elle est tournée vers le visage, on continue à voir comme on voit d'habitude ce qui est devant. Rien de magique sorti du chapeau ni de visions féeriques décrites dans des livres. On voit, comme ce qui est devant le visage, mais à la différence près que lorsque l'on essaie de tourner le regard vers le visage, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de tête. On peut apercevoir le bout du nez, des cheveux qui tombent, mais pas de visage. Ceci est vu comme on voit ce qui est devant soi avec en plus l'absence de tête. Comme sur les photos de la VST.

Ceci est facile si on s'arrête à cette vision. Ceci est difficile si l'on cherche une impression qu'on aurait eue de la "vraie vision", celle que l'on aurait retenue d'un séminaire ou d'une circonstance spéciale, par exemple. C'est vrai que beaucoup semblent relater du "magique" dans les mails ou ailleurs donnant l'impression qu'il n'y a que cela et rendant banal ce qui est le plus souvent présent mais constituant néanmoins (nez en moins) la réalité.

Comment stabiliser la vision ? En général, quand je travaille, en tapant sur mon clavier en ce moment, je porte mon attention sur le clavier et l'écran et non sur mon visage. En portant mon attention sur mon visage, mon regard se tourne, en partie vers le visage et le reste sur le clavier. Le tout forme un panorama de VST. Ceci devient automatique dans le temps. Et là, c'est vrai, il y a une pratique qui permet d'y arriver. Chaque fois qu'on l'exécute, il est facile, simple, banal. On se demande d'ailleurs à quoi cela peut servir ? Une chose évidente est que cela augmente mon volume et me situe vers une vision d'une situation plus réelle que celle qui consiste à me voir avec un "masque de ma photo vue dans un miroir". Donc, pas de recherche de midi à 14 heures. Nous y sommes déjà

Question :

N : ??? Par la double direction, je regarde les objets et simultanément je regarde au dessus de mes épaules ...Je parviens (quelques secondes) à cet état VST...mais uniquement quand j'y associe mes doigts : je pointe l'objet et l'espace au dessus des épaules Que faire pour stabiliser cette vision ? Au delà de ce pointage devenu un ancrage 'trop ancré' ? Merci pour toutes vos réponses (passées et à venir) - je n'ai pas fini mes interrogations ! (à mon grand désespoir !) sourire

Réponse :

Mau : Il faut de la pratique et moins d'interrogation. A chaque fois que l'on est lancé dans l'interrogation, il suffit de regarder dans la tête, mentalement, celui qui s'interroge. C'est aussi pointé son regard interne vers celui qui s'interroge. Au bout, c'est un aspect de cet être que l'on voit dans la VST.

N : En fait c'est tout à fait cela - mon 'refuge' est l'interrogation - car 'dans cet état de VST' j'ai la peur au ventre - comme quelque chose qui me dépasse (qui dépasse quoi ?) - ce 'vide mental' et aussi physique (sensation de légèreté) me fait peur - est ce 'le chemin du débutant'

A : Ce qui est sûr, c'est que la découverte par l'inversion des sens dont celui de la vue est de taille. Elle sape plusieurs années de certitude ! Faire l'expérience que nous sommes effectivement ce que l'on perçoit quand on inverse les sens tue l'ego soigneusement installé avant. Et comme toute entité, il se défend comme il peut en générant la panique! Il suffit simplement de le regarder dans un premier temps et de tourner l'attention vers celui qui regarde et tout rentre dans l'ordre : il y a l'ego, il y a celui qui le regarde. En poursuivant ce regard intérieur, nous découvrons que nous sommes le non être qui se manifeste dans l'être qui est source de tout et qui perçoit le monde. Expérience, expérience, et persévérance.

J : Je trouve ce mail sur mon bureau et j'ai le goût d'y répondre. J'ai rencontré Douglas la dernière fois qu'il est venu à Paris et depuis, sa Vision sans la tête m'a intriguée tout autant qu'elle m'aide beaucoup... Mais j'ai personnellement eu besoin de faire la différence entre :

1.la vision par l'organe de la vue qui me permet en effet de voir mon clavier et l'écran (qui sont des objets matérialisés et limités - mon regard est totalement tourné vers l'extérieur et saisit, capte l'objet qu'il regarde pour le voir)

2.et la vision de la conscience, cela en moi qui sait ce qui se passe dans l'instant présent et qui, de nature illimitée, peut en même temps observer que mes mains tapent sur le clavier et que j'existe, et qu'une voiture passe c'est-à-dire des phénomènes et non des objets matérialisés.

C'était pour moi au départ un problème de vocabulaire entre vision et conscience. Le doigt qui montre la lune certes mais j'ai eu besoin de ce doigt...

J'aime, lors des méditations, à poser mon attention dans cet espace au-dessus de mes épaules tout en observant la respiration qui se fait en moi ; là ma conscience peut s'établir de manière stable. Et quand des pensées viennent, la conscience peut aussi les observer venir et passer comme quand on est derrière une chute d'eau. Et cette vision-conscience est en effet illimitée, ouverte, sans forme tout en étant espace d'accueil de toutes les formes, silencieuse tout en étant espace d'accueil de tous les sons de l'instant. Elle ne saisit rien. Elle observe. Sans attente, sans souci de voir ou pas. Ne rien faire mais à fond... 

Comments

[josé le roy]

oui le vrai "je" est autre que ce que je crois être, autre que ce personnage social, autre que le corps, autre que ce caractère, autre que ces émotions, autre que ces pensées.
Le vrai je se révèle absolument autre que tout ce que je crois et pourtant au coeur de moi-même.
Rimbaud en avait l'intuition, comme les grands poètes.

jlr

[coztjrs]

C 'est peut etre parce que "je" est un autre .